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LA COLLINE AUX CIGALES
26 mai 2010

Dans cette heure blessée.

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Sommes-nous plus dans nos paroles ? Je ne sais plus les mots que tu habites, je ne sais plus la raison des jours qui claquent sur les anciens reliefs. Je ne sais que toi.

Demain, l’embrase du temps dansera avec sa prégnance habituelle. Et pourtant, le jour hochera la tête et retournera ses yeux vers l’intérieur, vers l’être. Il dédaignera, sans doute, l’instant à livrer tout entier aux histoires vieillies et aux alarmes toujours actives.

Demain, ouvre ses portes toutes grandes aux parts abîmées de nos joies passées et les accueillent dans le calme souvenir qui a cessé de nous tressaillir avec l’ardeur que l’on a connu. Le désespoir, comme une érosion du temps, lèche encore nos sentis de cœur, nos frissons d’espérance. Le souvenir d’amour est toujours de cette même pierre qui traîne dans le sable de nos durées. Sans cesse réactivées, par nos effluves qui ont conservé la mémoire de nos soupirs. Plus le soupir était profond, plus la bouffée crache son embrun avec inspiration.

Se hisser hors du temps, soulevé par ces soubresauts et ces cloaques à bulles, nous conjure d’avoir été, puis nous libère à ce que nous sommes devenus : nous demeurons en partance pour d’autres voyages, accomplis du vécu croupissant des histoires retissées comme de jeunes pousses écrites à la main de nos désirs.

Demain, il y aura une marche différente des autres, une allure qui épouse l’air, une humeur souple et légère, une haleine d’écume et de mousse, un sourire puis une voix… Globules de vie en érection, avenir molesté, sur le front rouge des yeux s’entoile une langue dans son enclos, bridée de souffles lancinants. Sous les robes d’une éternité toujours renouvelée, des roches molles défaillent où meurent en groupe les voix des pierres migrantes comme des oiseaux périclitant dans le ciel qui les aspire. Des sirènes s’envolent dans la brisure du temps. Musique murée et solitaire des cœurs piégés par la lumière qui brûle. Heures incendiaires, heures sanguines des gourmandises vomies sur le visage d’une vérité enfouie, bâillonnée des exactions ordinaires, mise à mort de leurs incohérences inéluctables. Je te consulte dans le regret et dans le trépas des consolations de l’heure claire où fidèle le cœur parle de toi.

Et puis continuer.

Et pourtant, c’est ici, dans cette heure blessée que nous devons improviser la marche. Elle voudrait pouvoir s’étaler longiligne et dévêtir le temps. C’est dans ce lieu de dénuement et de pauvreté, dans cette lacune, là, au point de prostration et de rupture que nos mots lâchent leurs déficits et leurs raretés. Récusant l’insoutenable légèreté des paroles amadouées à l’hémorragie de nos insuffisances.

Nos dernières paroles s’abandonnent à cette marche sur la jetée et nous pulvérisent à l’infini. Nos voix branlent comme une grosse poutre que l’on essaie de déroquer, comme un timon attelé au vertige de nos émotions.

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http://www.dailymotion.com/video/x6lkfe_invite-de-michel-jonasz-le-temps-ex_tech
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