Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LA COLLINE AUX CIGALES
18 mai 2010

Ligne critique.

3452_C

L’exil comme une résilience, une écartade jalonnant de plein fouet la roche de la falaise. Au loin quelques bateaux, plus prés et dans le ciel dansent des oiseaux. Lames d’eau contre la paroi. Bouillonnement blanc. Panorama de la mer. A perte de vue, l’étendue.

En bas, l’écume recouvre la surface agitée, au très loin une île a poussé dans l’infini bleu. L’horizon est tout empilé sur une ligne d’eau, une ligne de démarcation. Des voix remontent des vagues. Des paroles et des histoires claquent d’ici de là. L’air marin gonfle ses poumons et expire des notes de musique, des orchestrations désorganisées, des volées de concerts pour le spectacle des sens.

Petite île perdue, sans carte, sans véritable existence, d’une de terre soulevée pour la circonstance. L’évasion, le retrait, l’ilottement provisoire. Pour voir le monde de l’autre côté, de son autre face. De plus loin, dans la distance et le recul.

Une ligne critique s’inscrit et s’efface sur l’ondulation bleutée. J’entends le bruit de la nature. Un bruit rugissant, un bruit de casseroles… Cerné d’eau, mes pensées s’ajoutent à la masse, s’intègrent au volume, font corps avec l’esprit qui m’échappe. Je me laisse porter.

Si écrire ne veut rien dire, c’est qu’il ne peut savoir dire. Il ne s’agit pas d’un bâillonnement, ni d’une quelconque rétention. Mais d’une impuissance, d’un sans voix, d’un porte parole dépossédé, d’une incompétence à déchiffrer les algues, les clapotis turbulents des ressacs. Ecrire est le témoignage de notre faiblesse à exprimer avec justesse les échos qui nous rendent sourds. Ecrire c’est bramer dans la forêt des eaux où s’engloutissent les phrases dans le silence de sa profondeur. Lâcher des sons avec la main, avec les doigts, c’est dire l’immensité réduite dans l’encre où se construit le mot. J’écris sur une ardoise jetée à la mer. La mer est le bassin de tous les mots. Quelques-uns sont revenus jusqu’au sable, mélangeant le sel au grain dur et brillant. La récolte se fait sur la plage. Le désir y est blottit. Un soleil court après l’ombre. Mes yeux sont fermés. Sous mes paupières des tempêtes lavent les bouches où des grains de sable crissaient sous la dent. L’heure est bleue. L’heure est posée sur l’avènement. Les courants parlent d’eux-mêmes de la certitude de l’eau buveuse de vie. Ici, se critique dans le silence l’ordre du monde.

Publicité
Commentaires
S
Avec l'écriture, j'ai inventé le bleu... pour oublier le gris.
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 207 341
LA COLLINE AUX CIGALES
Publicité