L’inquiétude attachée à son fondement.

Frémir à l’idée d’être affecté me rappelle que je suis vivant. La souffrance ne mérite aucune anticipation, ni même la joie profonde qui nous tiendra rigueur de ne pas avoir assez duré.

S’il suffisait de vivre pour exister et de mourir pour ne plus rien sentir, alors l’espace et le temps qui nous sont alloués, entre l’un et l’autre, ne seraient qu’un passage prédestiné, le simple colportage des gènes attribués à la naissance, la simple exploitation d’une matière dont nous sommes et qui cependant ne nous appartient pas. S’approprier soi voudrait alors dire habiter sa peau comme un locataire de la providence.

Et si la valeur de la vie n’était seulement attribuée à la qualité d’elle-même, à la façon que nous avons de nous résumer au sourire ?

La vraie vie, je crois, ne se limite ni au réel, ni à l’apparence, mais aux sentis qui nous bousculent. La mort, quant à elle, se précise à l’idée que l’on s’en fait. Et il me plait de l’envisager vivante du mouvement insoumis qu’elle a porté durant toute la vie. A la recherche de l’entièreté en toutes choses, il nous faudra bien nous résumer à nos facultés d’être. Ce qui me ressemble trop trouve sa fin en moi. L’aventure et l’inconnu sont les bras avec lesquels il m’est possible de m’accrocher à ce que je suis déjà sans le savoir, mais souvent en le pressentant. Et si je me livre à toi, c’est que tu fais partie des fils de mon histoire. Ma vie est sans destination. Il n’y a que des destinataires. Je peux me tromper mille fois sur les moyens et les voies pour parvenir à m’habiter de toutes parts. Je n’en suis pas moins vivant. Et cette mort que tu as interférée dans mon parcours, c’est la garantie de ma survie jusqu’au bout du chemin. L’amour a donné à ton acte le rayonnement de l’éphémère et m’a appris à vivre de toutes les manifestations possibles. Et si la vie et la mort ne sont pas nos chances, elles sont cependant nos plus beaux exercices. Rien d’autre que l’amour peut nous sauver. Rien d’autre que le baiser du temps à nous surimprimer à la face du monde. Je suis existant de mon impuissance et je touche au néant sans le pénétrer, encore. Il n’est pas l’heure.

Ta mort ne se substitue pas à la vie. L’audace du pauvre est d’aller mendier. La ferveur du vivant est dans la révolte, voir quelquefois dans la fureur de soi où l’on appréhende le monde de ses insuffisances. Puisque la vie est hors de notre nature, nous la bâtissons dans l’improvisation de nos désirs. Je choisis de vivre et de mourir dans le feu pour oublier ce que je sais. Le divertissement qui ne brûle pas, n’a pas assez de goût. La mort est mon avenir certain, ma réunification probable. Je suis seulement le biographe de mes événements. Il ne m’est donc pas indispensable d’aller à toi pour me revenir et je préfère te courtiser d’un aller simple, dans le pli de ma pudeur.

Une chose est là-bas comme ici, on ne peut la dire, on ne peut la traduire, mais on peut supposer l’avénement de la grâce et la féérie du miracle.

Comments

[mystic'anar]

Tout ce que j'espère c'est que la mort soit la mort...et rien d'autre. La vie n'est qu'un accident douloureux totalement dépourvu de sens et de raison. Mais ce point de vue n'est pas aussi négatif qu'on pourrait le croire, car en découle la VERITABLE LIBERTE!
Mais ce n'est que mon point de vue...

[Sedna]

Puisque la mort est l’aboutissement inéluctable, n’oublions pas de profiter de tous les soleils. A chaque questionnement, nous perdons du temps à ne pas vivre l’instant.

Survivons à notre vie pour oublier qu’elle nous conduit à la mort.