Ecrire.
Ecrire c’est partir.
Et de départs en départs, je m’entends exister.
L’écriture naît dans la déchirure de soi, là où le neuf et l’ancien font orage. Les mots transportent des fagots. Des centaines de fagots attachés les uns aux autres sont dans l’attente d’être libérés. Il aura fallu sarcler, puis sarcler encore, pour supposer de la sève la révélation d’un bourgeon vert comme une asperge.
Ecrire c’est partir.
Dans l’aventure d’aller, les pages se tournent. Celles qui collent font ressac. L’intolérable est l’usurpateur de nous-mêmes, l’imposteur qui ne tolère pas le bonheur. Celui qui nous demande d’avoir mal pour dire. Pour écrire.
Comme si partir était fuir du mal être perçu.
Que nenni ! Partir c’est aller dans nos forêts et défricher à coups de machette. A coups de dents, s’il le faut ! Partir c’est aussi revenir à soi dans la conciliation. Ne pas s’appartenir, mais accepter le bonheur dont on souffre.
Ecrire c’est partir, c’est rester vivant de toutes les morts qui nous traversent.
Ecrire c’est habiter l’épouvantail de ses désirs et prendre à la réalité son chaos pour en faire des confettis. Il pleut de l’alternance comme il pleut des soupirs : nous ne pourrons pas dire l’arrogance de nos douceurs tant nous croyons qu’elles se résignent.
Ecrire c’est partir.