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LA COLLINE AUX CIGALES
12 avril 2010

L’effeuillé du vacillement.

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Temps mitoyen sur des racines de pierre, semelles au vent, le temps nous sépare : nous avons laissé sur le bord du sentier des empreintes gravées, estampes de foudre sur des murs effondrés, et puis ta bouche gramophone des songes bercés au fond de tes couloirs de paille. Demain sans étapes, dans la traversée du jour et de la nuit, déplié comme un corps d’une jambe amputée, et puis hier derrière des rideaux de velours.

La crue des heures déborde les ricochets du silence. Tâches noires sur les bords de nos miroirs, illusions pigmentées d’horizons toujours plus vastes, nos lits sont des bateaux de feu où pleut l’espérance de nos touchers, petites mains en radicelles iodées floquant les berges de nos bois desséchés.

Jets de sable sur nos façades salies, épures d’ammoniaque imbibant le blanc coton de nos mots devenus farine aux écoutilles de nos désirs perlés de nos sueurs.

Chanfrein usé attestant l’érosion, nos mies durcies aux prises du vent, nos souffles saccadés comme des respirations haletantes de nos courses à nous étancher de la coulure de nos ombres.

Ondulations inondant l’intime, brisures de l’eau qui recouvre. Incisions de nos mémoires, désencombrements des vides moments où se tissent les prières en chapelets de vœux inabordables. Vague après vague, l’étonnement s’amoncelle dans la nacelle de tes yeux. Couleur pourpre sous tes paupières, à l’écart des tisons pourtant. Distance élaborée dans le sang qui ne sait rien des éphémères raccourcis. Ta peau murmure des fables contées dans l’enfance et de ton sein coule un lait de printemps.

Sous la poussière l’acharnement à nous prendre dans nos bras. Nos exils pour nous rejoindre, nos forages dans les déserts, nous titubons de l’autre : à cloche-pied nos étamines s’ensemencent des bouffées que les frissons argumentent. Tu plies ta tête comme un drap au carré. Tu dévisses le cadran de l’horloge ovale où rebondit l’errance comme une balle dégonflée. Tu t’élances, tu tournoies, tu chutes à l’horizontale et nos lèvres se greffent comme des rosiers.

Une cascade de lumière s’échoue dans le buvard de nos herbes, et tu pleures comme tu ris des oiseaux qui nous traversent comme un ciel de déchiffre sans vacarme. Ils n’ont plus de corps et nous ressemblent. Ils survolent le vertige qui s’engouffre dans nos coeurs serrés des mailles étroites où se filtrent nos attentes comme une infusion de thym. Nos breuvages suintent sur d’inconsolables courbes, mais nous survolons l’entrave et suffoquons des braises dans lesquelles nous avions jeté nos mauvaises saisons. Nous émergerons plus loin dans le cambouis de nos volumes scindés à l’embrun de nos soifs restées intactes. Nous fermerons les yeux pour nous attacher au jaillissement. Nous ferrerons les discrètes lueurs qui s’étirent comme un corps qui sort du sommeil.

Nous nous effeuillons de nos misères tombées comme des ruines et habitons nos résurgences comme des moinillons leur nid. Nous becquetons nos plumes pour mesurer la vitesse du vent. Nos peaux s’attardent dans l’ardeur douce et nous sortons de nous-mêmes, quittant nos coquilles pour être nus de nos voix où s’improvise un préambule. S’échappe un ersatz de nos ventres.

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