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J’aime la vie dans sa seconde gloutonne où elle m’appauvrit pourtant du temps qui m’est donné à vivre. J’aime la vie dans sa densité qui m’extirpe de la multitude pour me conduire à la singularité et ensuite irrémédiablement retourner à l’immensité.
J’aime la vie par-delà ce que je suis puisqu’elle est tout à la fois mon inspiration et sa muse naturelle.
Dans le bruissement presque imperceptible de son onde où chaloupe la mienne, j’entends un feu qui crépite sans en voir la lumière. Mais j’en sens la chaleur confuse.
Il manque toujours quelque chose si l’énigme ne nous est pas complice. Il manque des tas de petits riens pour que s’accomplisse le lien inaliénable avec nos sentis inexplicables.
Néanmoins sa présence me pénètre comme une flamme brûle la nuit et l’éblouit de son étincelle miraculeuse. Je vis sans savoir mais en ayant.
Ce n’est qu’au bord de son gouffre que mon vertige se dissipe et laisse place à l’évanescence des parfums sans sanglots étouffés.
Dans ses yeux où la mort a déclaré forfait pour un temps indéfini, j’accoste à la foudre sans même broncher, arrimé que je suis aux îles lointaines et aux ports de mes fuites comme à un refuge plus sûr que tout autre.
Je reviendrai à tes cendres, je reviendrai à ta mémoire lorsque de moi j’aurai tout oublié.
J’aime ta vie comme un voyage qui crépite au fond de mes trous noirs que le vivant a projeté sur des fresques invisibles où je cueille pourtant des coquillages pour me fabriquer un collier d’or et d’empreintes ineffaçables. J’aime cette vie dans sa gouache vive aux pastels qui s’attendrissent. J’aime cette énergie qui terrasse le soleil, déforme le ciel et le étoiles, crache ses flatulences sur le mépris des hommes à la considérer déesse des substances impalpables.