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LA COLLINE AUX CIGALES
5 mars 2010

Le malentendu.

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Chaque jour s’écope des heures vécues dans la dégringolade du temps. Je sais aujourd’hui toutes ces remontées chargées de ruissellement qui viennent encombrer d’images le soir qui prépare la nuit. Ce lieu de néant où toutes les matières me sont mystérieuses. Habitué à lire ce qui est, bien plus qu’à m’approprier ce que chaque chose signifie. Je me réfère au concret qui paysage mon environnement senti et un temps me laisse inonder du sans réponse de chaque chose, de l’absence douce de questionnement, du lâcher prise qui vide toutes raisons par lesquelles transitent les émotions. Juste là. Juste là dans l’écoute de ce cœur qui bat quelles que soient ses raisons. Comme évidé de la turbulence à vivre, comme défait des prérogatives que s’accordent les pensées. Je me substitue à l’ignorance.

Dépourvu, ne sachant rendre le mouvement aux tremblements, aux vibrations, à ce qui a retenu mon haleine et impacté mon être dans sa course à devenir. Ne cherchant plus dans la dictée incompréhensible des souffles une vérité qui échappe au moindre entendement qui voudrait la saisir. J’ai cessé de réagir. Cessé de résister, cessé de m’insurger à vouloir répondre à ce qui me touche tout comme à ce que je transpire.

Non, je ne m’abandonne pas complètement, mais je fais une halte dans le refuge de l’inanimé, comme pour y purger les trop pleins de jaillissements, comme pour aller à nouveau regoûter à la lumière dans sa profondeur extatique. L’extase étant la seule libération que je connaisse.

Le miroir des choses renvoie l’incessant bruit de la matière. Et j’entends malgré moi ce qui m’assigne à une condition. Cette fameuse condition sans condition qui m’exalte à vivre dans le travers de l’étonnement et de la surprise. Dans ces lieux où se déclarent quelquefois l’émerveillement suivi d’une transcendance qui ouvre les voix aux rayonnements.

Du réel je ne connais que la part qui me touche tantôt comme une caresse tantôt comme un heurt où se fracassent toutes les sensations perçues qui me conduisent à croire véritable tout ce qui est indivisible à l’effort que fait ma vie pour être ce qu’elle est.

Retranché dans cette alcôve du temps insignifié, ma vie parait si dérisoire que j’en viens naturellement à absorber le hors de moi comme une deuxième peau, comme une écorce vibrante à mon altérité. J’œuvre dans le malentendu de la compassion que je me confère, résignant mon libre arbitre à choisir ce qui s’acquiert sans déboulonner les écrous qui me vissent fermement à repousser le vertige qui me happe.

C’est absent de ma solitude que je dessine la réalité que je fuie comme une peste nuisible à tout élan. C’est absent de ce que je suis que le monde m’unifie à lui. C’est dans le silence profond que je cherche à épuiser l’éclairement improvisé des lanternes où la béatitude s’illumine et où la torpeur se métamorphose en un désespoir qui insuffle une rage de vivre prenant sa source dans cet autre moi que je voudrais construire loin de toutes insatisfactions et de toutes rébellions pour ne plus défaillir de ce que je suis.

Rien ne me retient davantage à moi-même que ce que je suis. Et c’est par toi que j’en viens à me libérer de ces chaînes qui me réduisent.

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Commentaires
S
Je lirai presque dans ces phrases Fernando Pessoa dont l'intranquillité l'a emporté parfois hors de lui.
C
"Rien ne me retient davantage à moi-même que ce que je suis. Et c’est par toi que j’en viens à me libérer de ces chaînes qui me réduisent"<br /> <br /> Le Tout est tellement bien dit en ces mots ... Et malgré tout, j'aurais été tentée d'écrire aussi : "c'est par toi que j'en viens à réaliser à quel point je suis enchainé(e) à ce qui me réduit "
V
ou malentendant?
B
Le silence est une prière dévêtue… Nu, il s’expose à ce qu’on l’habille de nos chantiers à être.
V
Par la force des mots, touchée en plein coeur dans un double "je" qui vascille dans une ultime demande d'un silence entendu.<br /> Bien à vous
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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