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LA COLLINE AUX CIGALES
3 mars 2010

Il pleut des nuits de reliefs.

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Le monde s’oublie dans le sommeil. Dans le sommeil l’heure n’a pas de goût, l’heure ne tient pas debout. L’heure se casse comme un cristal de musée. Dans les escoubilles l’exutoire d’une vie ne prend pas plus de place que la nuit qui dort dans le rêve sans fin des hommes. Parmi les décombres, tu donnes corps au rêve du visage humain que tu prends dans tes mains comme un enfant à naître.

Le monde s’oublie à l’interface de la douleur et de la joie, dans l’interstice laisser vide aux souffles de ta rage à corrompre le néant en une baie de sueur qu’aucun renoncement ne soutient. Dans la transpiration du faire où l’avoir n’a qu’une importance relative, tu creuses là où suinte l’espérance valide à tes voeux. Dans la suée des bouches bées où l’inaccompli s’entend comme une friche amoncelée et jamais bâillonnée, tu dictes l’étreinte des saisons qui s’empilent comme des boisseaux de neige.

Nous dormons dans le silence des couches de ouate, nous rêvons aux pieds de nos détresses où s’est enlisé notre devenir. Nous bêchons le néant, grattons les couches superposées du rien, escaladons le virtuel pour atteindre les nœuds des désirs prisonniers assoupis sous l’effluve du paradoxe et nous hurlons à la mort de ne pas ensevelir de ses bras de marbre les soupirs de nos ruines où s’est écroulé le silence.

Ton monde est au plagiat du sommeil, dans la récurrence des mots qui sont dépossédés d’alphabets. Ton sommeil est de poudre comme cette farine blanche où la parole s’éteint, où les murmurent malaxent l’oubli et où la nuit parle aux ombres du jour en racontant des histoires qui commencent par il était une fois.

Tu es venue me dire l’ombre et le soleil qui dansent aux abords. Tu es venue comme une goutte inondée d’océan transporte la levure qui gonfle les chairs et défrise l’obscurité. Tu es venue le corps en flèche prête à percer et la peau ravinée par les alluvions incoercibles qui déchirent les barrages et les dunes et les barricades. Tu es venue comme un flot jaillissant des décombres et des éboulis de glaise. Tu t’es répandue comme s’étale une lave chaude recouvrant de rigides frontières un réel où l’inaccompli n’a pas de place.

Nos mondes s’oublient l’un dans l’autre comme des enfants s’oublient dans l’épanchement du sein qui les nourrit. Nos nuits sont des sommeils éveillés. Nos nuits bercent nos matières légères enveloppées dans la matrice du sang et nos pouls impriment la cadence de nos noirs reflets où le jour vient bécoter comme un oisillon affamé.

Nous sommes un extrait d’amour en survivance. Nous sommes accolés à une émotion sans fond et sans prise où boivent nos nécessités et nos empreintes comme un printemps s’étanchent des pluies qui font chavirer les sèves. Nous avons en commun la foudre des départs de feu et nos racines qui fouillent les gorges du temps. Nos sommeils dorment aux reflets de nos escapades qui drainent le tic tac de nos horloges. Nous dormons dans le va-et-vient presque immobile d’une chronologie qui nous déplace sur la pendule et nous flirtons avec la mort comme avec le soleil. Nos yeux sont des cheminées où la fumée blanche rejoint les ruisseaux d’étoiles qu’une lune baveuse accompagne comme une mère qui sourit à la vie qu’elle tient dans ses bras.

Il pleut des nuits de reliefs et nos dimensions humaines cherchent au cœur des espaces vides les lignes sur lesquelles poser les pieds de nos rêves enchevêtrés aux échos de nos turbulences.

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Commentaires
V
Mais qu'est-ce que le TOUT? La mort aux reliefs que nous lui donnons? Bords et abords se dressant parfois comme des précipices?<br /> Bien à vous
B
If, le monde n’est que cela… un tout envahi de rien, un rien parsemé de tout, mais davantage encore. Surtout lorsqu’il pleut des nuits de reliefs.
I
parfois le monde s'oublie, comme l'envie d'écrire<br /> parfois le monde se laisse oublier, ne sachant trop quoi dire, un sentiment soudain d'une solitude à rechercher dans l'entrelac des mots, parfois le monde n'est que cela, un amas de mots ruinés que les enfants et les oiseaux dispersent<br /> en s'amusant.
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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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