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LA COLLINE AUX CIGALES
2 mars 2010

Charité et dépouillement.

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Sans contrepartie, mes yeux glissent de toi à moi. Sans contrepartie mes landes poussent sur tes terres et je m’effile comme une bobine de soie, comme une cire fondante d’abeilles fossilisées. Le don est bon, le don est con. Nos voix en écho chantent une nuée dans la pincée des cœurs.

Sans contrepartie, tout te donner m’installe aux cimes de tes circonstances à jeter le voile sur nos désirs et à laisser au bouillon le soin de clapoter au rythme de nos braises. Sans contrepartie, le libre de nous-mêmes courcircuite les baïonnettes des révoltes d’ailleurs, des combats sans langue tenus à l’écart des transactions muettes. Le don est bon, le don est con. Nos miracles flirtent avec l’absolu et la négation, tantôt à l’apothéose de l’un tantôt au pinacle de l’autre.

Sans contrepartie, nos regards plongent comme des pierres au fond de l’eau. Sans contrepartie nos buées en sciure se mélangent en une pluie glueuse de charitable et nos appendices glougloutent dans le murmure aléatoire des dissidences. Le don est bon, le don est con. Hors des ruisseaux où dévalent nos consentis doper par nos surbrillances, nos mains sont des lacets et nos soupirs collent à nos glaises.

Sans contrevenue, une partie de nous est en fête et s’élève, une autre s’abstient et se résilie. Sans contretemps, nos pauses penchent comme des cyprès sous le mistral et nos nuages immigrent vers d’autres mers épongeant sur leurs passages toutes les eaux où suintent les remparts et les digues dressés à l’encontre des raz de marée. Le don est accordéon, le don est pardon. Il est excuse à nos défaillances et à nos emportements. Nous qui grimons nos cœurs des pastiches de nos prétentions à vouloir offrir ce que nous désirons au-delà de nos possibles.

Sans contre-allées, nos chemins n’ont pas de retours. Sans contrepartie, nos essences sont des huiles au mariage du feu et de nos soifs à plus boire. Ta liqueur m’enivre de ce que je me suis oublié. S’oublier dans toi est la philanthropie de ma complaisance à me défaire des nœuds qui m’arriment à des ports de mémoire que je fuis.

Nos charités usent nos humanités à resplendir du soleil de l’autre et en même temps elles nous ouvrent à la souveraineté de nos solitudes comme des fenêtres invisibles sur le paradoxe et le vertige. Sans contrepartie nous nous acquiescions au droit de nos natures à bénéficier de l’indulgence comme d’un cadeau à n’ouvrir qu’en extrême nécessité. La culpabilité rongeuse et sournoise réveille la contrepartie et nous voilà dans le baiser fratricide qui gerce nos lèvres comme pour les endormir sous le poids prodigieux à reconnaître à l’autre son immanence à nous convertir d’une pierre à un caillou, d’un souffle à une étincelle, d’une mort souterraine à une vie jaillissante.

Sans contrepartie je vais à toi comme vers un dépouillement irréversible.

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Commentaires
V
Disgrace? Quelle lecture peut-on faire pour une telle contrepartie?<br /> Le don de nos humanités consenties sans excuse et sans pardon...<br /> Bien à vous
A
Tout est dans la disgrace !
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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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