Un suicide au fond de soi.
Le monde tel qu’il est n’est pas supportable et que tu sois dans le dissolvement de l’épure ou dans la catharsis de ses épreuves ne change que sa version à le vivre. De la mort à la vie des multitudes de fils que nos imaginaires tendent comme des hypothèses infondées au réel, mais qui déversent néanmoins tout un pan de l’absolu nécessité à le défaire comme on démantèle par l’absurde une cathédrale érigée à la gloire des défunts qui peuplent notre historicité. Le jour se lève sans ton consentement et tu joues à te lever comme un automate. Mais tu sais au fond de toi que ton idéal n’est pas de ce monde. Et tu t’inventes des lunes rousses pour que dans le miroir de tes mers reflète un autre chose inaccessible mais suffisamment présent dans tes ombres pour croire que l’invraisemblable offre à ta raison la démesure d’un juste qui serait une voix royale à tes encombrements.
Je me tuerai bien en moi si d’aventure le miracle de l’amour pouvait prononcer la certitude affirmée de la jubilation du plaisir qui n’en finit pas. Douter nous contraint à la résignation. A capituler là où nos peurs nous traduisent au vertige. La force du suicide est de trancher le définitif comme on tranche le pain qui nous nourrit et de faire mine qu’aucune faim nous trésaille plus absolument que de s’échapper d’une réalité qui nous ignore.
Libre de sentir et libre de vivre, la respiration s’accapare le souffle pour en réunir le grain et nos moissons dépoussièrent ce que nous sommes comme on jette au feu les arguties bienséantes qui nous froissent de ce qu’on est pas.
Je t’aime pourtant. Je t’aime sans doute de ce que je ne suis pas. Et mes yeux pleurent là où nulle larme ne saurait m’exclure. Reste à vivre nos apogées comme de divines exultations. Reste à donner un sens à ce qui nous dépasse et à clore l’infini pour lui apprendre que rien ne peut exister au-delà des sources qui nous fécondent comme un amour s’étreint de sa certitude à être l’excellence de nos immanences à composer la musique de nos chairs.