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LA COLLINE AUX CIGALES
17 février 2010

L’amour et la mort : deux fatalités tragiques. (Suite 3)

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Equanimité. Demeurer vulnérable pour ne pas sombrer dans la torpeur inflexible de la rigidité des exigences, je m’approuve de mon sensible à souffrir le monde que j’entrevois aux persiennes de mes intimités restées inavouées.

La joie est sans bâtisse, une limace qui se faufile sur les feuilles tendres de mon jardin en éclosion. Il me plairait de m’affranchir et de me poster aux cordes sans théorie, dans l’abîme des songes où les feux follets cliquetant ne sont que les œufs mollets d’une existence souple épousant les formes et les reliefs. Défiant l’apparence, j’irai te voir derrière, au creux de tes contre-jours. Il me plairait de tenir ta main pour m’accoucher de mes grimaces de la peur qui se visage sur l’audace.

Jusqu’où la transparence est dissemblance ?

C’est le parcours qui transforme et non la tentative. Ma chair donne à mon esprit la sentence et je m’accable de l’insolence de mon incohérence à me mouvoir de ce que je suis.

Désincarnée la négligence se dissout d’elle-même et l’ajustement propice à la disponibilité de l’écoute amplifie la capacité de mes sens à te recevoir. Pour être ni trop prés ni trop loin de mon centre de gravité, dans une euménidé active, par toi, je me revisite indéfiniment.

C’est dans la confiance de moi que j’opère ma construction. Je m’emprunte le plus souvent possible de la communauté de ce que je suis et de ce que je crois être. Pour mieux m’affecter des autres qui m’environnent, j’intègre la joie comme une souffrance qui se délivre de ses crasses.

Pour me coïncider, je reçois la vie comme une chance et non comme un forfait belliqueux. Du moment de grâce nulle maîtrise utile, juste vivre, un hiatus et pas plus. Je suis là et ouvre.

Je vivrais dans un monde où l’utopie se donnera féline et pas farouche aux griffes des vagues que les tempêtes enfourchent comme un désir de foudre où la rime devient une cendre qui caresse tes seins.

Je vivrais dans un monde de braise. Tes yeux brûleront mes rêves sur le coin de tes lèvres aux parfums de tes pommes d’amour. C’est au creux de tes jours que j’irais livrer la tiédeur qui s’abandonne aux douceurs de tes mots. Et parmi les gravats de mon cœur tu me jetteras les pierres de mes ruines anciennes.

L’aventure de toi à moi pour déclaration de paix.

Dans le soleil de tes souffles, je reconnais insouciant l’amour et la souffrance qu’il t’inflige.

Que serions-nous sans ce ciel qui nous couvre, sagace la pensée seule, du pied de tes désirs aux ribambelles de bleus que les nuages accueillent ?

L’expérience de nos effleurements suinte dans la rigole de nos promesses inavouées et vont rejoindre la roubine où les hirondelles vont se désaltérer.

Dans notre jeu de cache-cache, nous comptons ensemble le temps de nos délivrances. Nos sourires lâchent nos empreintes aux visages des tremblements et nous nous recueillons dans l’emprise de l’autre au plus profond de nos vertiges.

Vas. Où plutôt viens, que nous nous dépoussièreront de nos amas de blanc.

Cet étranger converti à moi-même. La parole du silence est la dérobée de toutes les images en héritage, tenues là par la grâce des encres dont la mémoire se pourvoie et se déploie. Les mots liquides indélébiles imprègnent l’invisible et parfument les pupilles aveugles des mystères que l’on transporte aux creux de nos contemplations singulières.

L’amour bien avant d’être un partage est ce sédiment qui nous incruste par delà les pores spongieux. Fourbe est de s’identifier à sa seule émanation. De l’amour même le lien accomplit sa route et se dépose quelquefois seulement comme une poussière douce qui fréquente les chiffons de caresses.

Nos témoins les plus intimes sont nos traces qui s’ajoutent à nos premières fêlures, à nos cicatrices originelles, au crépuscule de notre premier laitage. Abscondre les fils qui nous relient c’est soumettre à l’ignorance une face cachée aux lisières des réponses qui n’en sont pas. Taire et re-taire encore pour croire oublier. Une vie durant le mensonge de nous-mêmes nous poursuit, se cache dans l’ombre, se terre sous nos pas d’arlequin et nous triche de notre complaisance à rider le sourire aux lies des grimaces de l’absurde.

D’une main, le cœur qui se regarde lui-même battre ; d’un regard, un sourire qui vient ouvrir la brèche de nos solitudes. Clos de nous-mêmes dans un irrémédiable cliquetis.

Au bout de nos boniments, une lumière. Une lumière comme une source. Une source comme l’évidence du langage.

Etre nu et sauvage de soi ne veut pas exprimer être départi. Dans le mot sécrète doucement l’aphasie du langage, laissant au mutisme la pleine place de crier sa hargne à se dire. L’écho retenti aussi de ses vides.

Je n’ai plus peur de cet étranger convertit à moi-même. Le craindre serait lui accorder les maux de ses vérités. Nous sommes deux, nous sommes mille, nous sommes l’éventuel jour de nos nuits et la plainte de la nuit sur nos jours. Baveurs invertébrés, suintant nos rages à nous manipuler d’une seule et unique âme.

Toutes les mises à jour s’effectuent malgré moi, me reste à rêver, à rêver le monde de mon monde, à le magnifier pour le faire bourgeonner de ses fantasmes et de ses délires à me représenter là où je ne suis pas… encore.

Ce qui a survécu dans la mémoire alite la cendre où renaît ce qui n’a su se perdre. C’est dans cette poussière que je me revis de l’intense passé qui à l’époque n’avait pu me transporter et qui aujourd’hui me fait voyager dans une marge extensible de ce que je suis.

L’ébauche pour périr. Ebaucher le rêve comme une toile dont le fond se peinture lui-même. Le rêve éconduit enraille un moment l’imaginaire dans son spectre. Puis. L’écrasement spoliateur est défait par la turbulence de l’énergie vive ; la force de l’imaginaire demeure indomptable et vigoureuse surtout lorsqu’elle a du plier quelques temps.

Le feu consume en même temps qu’il réchauffe, et éclaire en même temps qu’il brûle. Le feu est cette lumière qui inaugure la couleur que l’on veut voir, que l’on sait voir. Il est des yeux non asservis à l’invisible.

A pétrir les signes ondulatoires, les flammes impriment les larmes à aimer. Et je pleure de vivre autant que je ris de cet enthousiasme à émotions. Il me plairait d’être la foudre. Je respire le soufre. J’efface tout puis recommence, j’efface tout pour pouvoir recommencer. Je me briserais mille fois pour donner au magnifique sa splendeur. L’ouvrage le nécessite souvent.

Une goutte encore… et puis toi.

J’ai dormi dans le temps à l’emplacement où s’accumule l’infini, dans le paradoxe des temps déformés. J’ai dormi dans le temps aux frontières ouvertes de tes espaces clos où cohabitent la rengaine de tes mots isolés et tes vertiges chaotiques qui s’ignorent de leurs latences à s’accumuler.

Yasmina_Aloui_PH_Marco_Guerra_6J’ai dormi dans le temps, dans l’archivage de tes infinités, là où la fiction explore l’inépuisable de tes contours et où s’élabore dans le secret la toile de futurs livres à ouvrir. J’ai entendu le vertige qui se loge au-delà et qui excède le pied de ta lettre à l’outrage des mots de limite qui débusque l’instant pour le transformer, le transmuter vers d’autres sommeils encore plus profonds.

J’ai dormi dans le temps à l’ornière des inclusions qui s’inversent et s’achoppent sans se toucher vraiment, aux contreforts de tes caresses oubliées sur l’étagère poussiéreuse vouées à la métamorphose des désirs. J’ai dormi avec le temps de celui qui se résorbe dans le réveil à celui des mondes contenus qui se substituent à l’évasion victime de leurs sacrifices à vouloir pourfendre l’affable de la farce. J’ai dormi de toi à l’arbitraire de tes secousses que ma poitrine a avalé tel un rêve venu d’ailleurs et sur lequel il n’y aucune prise. Mais la rétrospective s’est engluée d’inconciliables refrains et j’ai perdu dans cette nuit vampire la sensation de n’être plus seul.

Dans le vide. Je ne suis à la vie qu’une trame incurvée aux sillons d’apocalypses. Je suis dans l’après des heures entières, héritier de la coupure des morts qui tranche la vie en copeaux pour en répandre les miettes de sciures vomies. Séparé de moi à l’épreuve des jours qui désossent jusqu’à la respiration, j’enjambe le temps désincarné aux lueurs de moi-même. Des réfutations engendrées du passé, ne reste qu’un ciment de perlimpinpin où je patauge par défaut. Et les yeux dans mes yeux l’absence n’a pour lumière que mes cendres refroidies. La charité s’est fendue dans l’oubli qui charrie avec lui l’humanité des humanités à se dire. J’habite les rives de mes sources d’une rivière qui s’est tarie. J’embrasse chaque jour la mort réfugiée dans mon ventre où grelottent les désirs inassouvis que la mémoire bave aux creux de mes intimités. Le souffle des transparences saisi la manche de mon cœur pour l’accompagner au cercueil des fractures, là où baignent encore quelques braises de délires, des fanges inappropriés aux folies qui me transpirent à l’écriture des lettres de mes fantasmes.

Derrière l’ombre de chaque mot pleuvent en cadence les déchirures que le noir fait taire. L’insurrection est fragile comme la goutte d’un regret sans amertume et c’est dans la solitude des masques aux nombreuses sutures que se terre la pudeur de se reconnaître de ce que l’on a été. La pensée foudroyée à l’endroit même de ses rixes, offre à la raison le spectacle de ses flammes. S’embrasse la mémoire du mégot des peurs aux bouffées blanches qui s’évadent de ce qui me retient comme pour me défaire de cette brisure à laquelle la vie désormais me lie.

C’est dans le silence que j’apprends à crier l’infirmité corrosive. C’est dans l’espace clos de moi-même où se recueille mon chagrin de peau que j’entends les plus fortes secousses. Bien des musiques sont tombées sans que je ne sache les redresser, et cependant mon silence est gonflé du vacarme de mes insomnies. Funambule de mes désastres, je grimpe à la ligne de la mort pour chercher à y renaître de mes compulsions instinctives dont l’imaginaire est la liane d’accès. Et si certains meurent à s’inventer, je m’érige d’une mort salutaire, le berceau de mes plus puissantes créations. Je suis là d’emblée appartenant à ce que je n’ai plus. Ma jambe invisible donne le pas. Je ne suis tout entier qu’un membre fantôme où la plaie est difforme.

Le silence vivant de ce qui est mort est aux inventaires des résistances à la recherche du sens imprégné. Pour s’extraire de la déviance, le rêve légué abrite le message qui transgresse les contraintes du réel. La mort pour ennemi invisible est la porte parole du refoulé intraduisible à sa langue devenue utopie.

Rompre avec ses habitudes, de ces habitudes accrochées à nos gestes depuis tant de temps qu’on ne sait pas y mettre une date, y poser une période, y reconnaître une accoutumance. Et l’on se sent aussi libre que si nous étions nous-mêmes cette façon d’être. Il n’en serait pas forcément un phénomène agaçant si nous nous estimions heureux de nous accomplir tel.

A me penser je suis mon église, ma cathédrale, mon temple, le lieu religieux de moi-même où s’empilent des mots et des idées sous les arcades de l’éloge et de la soumission aux rêves implantés. Je me susurre la grandeur que j’ai vu dans le regard des autres à contempler leur devenir, à comparer la hauteur des ciels de grésil aux estampes de leur quotidien.

Demain, je ne sais pas quel jour, demeure à cent lieux, distant d’ici et d’ailleurs, aussi improbable qu’incertain, le vent souffle ses rugissements et les arbres s’inclinent comme des cheveux décoiffés.

Demain, si proche de vaines exclamations, de vaines espérances, si exclus de tangibles efforts à se deviner. Demain, un aujourd’hui plausible de ses retours à répéter l’inexisté aux rebours du calendrier improbable des mémoires enchevêtrées aux extases incurables.

Lâcher le temps pour n’habiter qu’un océan sans fond, une valise sans couvercle, un ciel sans limite. Etre au cœur de l’ouvrage comme au cœur d’un typhon, tournoyer en volutes spiralées et ne plus savoir s’écrire. Le vent se déploie autour de l’horizon qui joue l’accordéon et transforme le hasard en destin.

« Le désert, c’est ma paroisse. Il faut y entrer avec respect. Le désert, c’est la nature sans homme, telle qu’elle était avant lui, non défigurée. C’est, par exemple, un océan de dunes qui ondulent ou se déplacent au gré des vents. C’est la nuit bleue piquées d’étoiles. C’est le silence, cette denrée devenue si rare en notre siècle de vitesse et de bruit. On a parlé de sacrement du silence, car le désert porte à la contemplation. »

- Extrait p. 162 du Dictionnaire humaniste et pacifique de Théodore Monod

Dans ce corps d’ego où le mouvement n’a de cesse que de se retenir, l’expérience produit bien au-delà de sa condition.

Etre l’ami de l’amour n’a pas plus de sens que d’être l’amour de l’ami. Tout se confond dans le fond des yeux d’une nuit apaisée. Tout se chicane dans les sourires du jour accommodé. L’éternité revendique à la litière de ses pudeurs la vie qui n’est que du à vivre et se soucie peu de l’intègre des sens déposés sur les flagrances des peaux en mémoire. L’expérience, elle aussi, se terre à se taire des caresses qui l’ont pourtant apaisée de ces oublis à se dire. Muette la main du cœur pose sa cicatrice à l’orée de ses petites régurgitations pour en faire une pause de psaumes avides de perpétuité. Les rapports d’identité sont inextricablement liés au rapport avec le monde, ce qui fait leurs richesses souvent indéchiffrables. Cette unité qui pour nous et avec nous fréquente l’incertitude, confronte l’imprévisible, vit le tremblement du monde.

Comme il y a eu des frontières qui séparent et distinguent, il y aura des frontières qui distinguent et relient, et qui ne distingueront que pour relier. De la suture le fil est ce qui retient.

Yasmina_Aloui_PH_Marco_Guerra_3Vivre ou mourir de ses fontaines ingurgitées jusqu’à plus soif, la goutte solitaire trésaille aux abords des digues frontières des alluvions. Dans le chuchotement des éclipses le ventre des sources spongieuses absorbe les éclairs. Répulsions et attirances se frottent et prodiguent les étincelles de leurs errances.

La mort d’un désert crache sa sécheresse à l’exclamation des rivières. La soif étanche la soif au cœur même de l’inondation. Les yeux arides se convulsent, la gorge s’irrite, le corps tout entier s’altère du convoi du sec que l’orage assaisonne de la grêle blanche et glacée. L’avenir porte en lui le champs de bataille, les corps décharnés, les canons des désastres, les charpies indolentes, le parfum de la guerre, du chamboulement, des torpeurs malingres et des batailles vaincues au bout des boucliers et des armures rouillées. Vivre et mourir, vivre pour mourir, la grenaille défroque le réel et s’insémine dans la chair déchirée dont les cicatrices patinées à l’usure offrent le témoignage des bagarres prêtes à se réactiver à la moindre bousculade. Mourir de vivre précise les antagonismes qui coopèrent bien malgré eux à plonger l’existence au bord de son trépas. Les transfusions du passé se livrent à la conquête des heures non vécues pour se délivrer. Hier est un présent renouvelé par lequel transitent les foudres qui n’avaient pu rejoindre l’éclair. Le ciel pleure d’anciens cadavres que la vie n’avait su enterrer.

Ce qui nous vient de loin comme le berger de nos étoiles offre à la dérision le spectacle de nos démences à nous recréer de nos larves. L’essaim s’engorge du miel de nos folies et nos destins ressemblent étrangement aux abeilles tourmentées par la survivance de leur reine. Les piqûres floquent leur venin sur l’acte manqué de l’immédiat.

Emu de soi on ne s’acquitte bien que de nos improbables. La main tremblante de nos incertitudes tranche au couteau les impossibles qui nous tourmentent de leurs soifs d’ivresses. Le devoir de rêver blottit à mes dépends dessine le manteau blanc d’une neige décharnée où pleure du sang rouge des partages éphémères la résonance de ses fouillis intérieurs.

Je ne suis qu’un brouillon d’écume, un rhizome adventif et pourtant déjà défloré dans le clos langage de mon être. Le buvard de mes claquements de silence retenti muet dans l’onde inhabitée de mes dilections. La prédominance de mes incapacités à déterrer les souffles disparus, à déterrer le mot sûr de mes secousses. Il pleut des rivières de solitude sur les coins de mes résistances à résister à l’invincible. Nu de mes ruisseaux à l’attente insurmontable, je nage dans la détresse de mon lait où se caille mes apories. L’émotion de l’impalpable dort abattue au creux du ciel des caresses et s’abandonne impuissante à la palpitation de ses sources. Vivant, je suis vivant de l’incongru de mes allaitements.

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