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LA COLLINE AUX CIGALES
16 février 2010

L’amour et la mort : deux fatalités tragiques. (Suite)

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Il pleut sur l’auge de la sécheresse, les gouttes de tes sourires suintent encore au creux de ma forêt. Seul comme la lune je m’agrippe à l’ombrelle de tes paupières et je rêve à l’eau de ton dedans, où je me baigne comme un enfant. Tes bruits m’effleurent de la caresse qui retourne les peaux. A vif de toi, je crie de mes baisers imaginaires l’absence de tes chuchotements à me faire rester debout. Je m’éclabousse d’une mémoire dont le fruit mûri crache sur mon visage la pulpe rouge de la mélancolie. Tu fais de moi le croisement des ombres qui se froissent de leurs odeurs d’écume. Et je feins l’ombre, et je feins l’étreinte pour contenir l’empreinte de la joie que tu m’as offerte.

Il pleut de la farine desséchée et le ciel glacé fissure mon cœur d’orange décortiquée.

Comment ai-je pu survivre à ma mémoire, cette malle volumineuse qui retient tout ce que j’ai cultivé dans l’espoir de m’appartenir ?

J’ai pourtant œuvré avec pugnacité à faire mourir le souvenir. L’incurie m’aurait-elle subrogée de mes délestages ; la survivance du souvenir aurait-elle inhibée mes outils à sarcler là où l’héritage m’alourdi d’un poids qui n’est plus mien ?

Le besoin d’aimer m’extirpe du foin entassé et laissé au repos dans la toiture de ma bergerie. Inutile de chercher mon étoile dans ce ciel caverneux, j’ai la sensation de m’être spolié, et en moi s’insurge l’enfant victime d’une injustice.

Il faut sortir de mon âme l’idée même de l’âme. Il faut sortir de ce crâne indocile à la rêverie poétique la strophe pétrifiante de ses sucres pégueux. Il faut mettre au rebus les exutoires nonchalants de l’esprit contusionné par le savoir de l’adulte. Bambin l’on croit à la surprise, on croit à l’imaginaire, on croit que toujours signifie toujours.

Il me plait d’imaginer que la mémoire est l’amante de l’oubli, tant je vois dans le nécessaire combien le hasard se meurt. Je la préfère silencieuse et endolorie par le temps comme un mouvement qui ronfle au fond de moi dont seul l’âge tendre paré d’insouciance refuserait de se soumettre.

Je voudrais seulement me rappeler que c’est dans les yeux de la mort que l’enfant que j’étais fermera ses paupières.

Amnésique, je voudrais que cesse cette restitution de l’initiation accomplie et inachevée tout à la fois qui vient encombrer tous mes nouveaux préludes. J’ai plus de goût à fabriquer le souvenir qu’à le relire. Je n’habite pas ce qui en moi occupe mes espaces d’hier pas plus que mes lieux de demain, juste se remémore l’émotion que le senti procure.

Chut !!! Les murs de ma grange chuchotent encore les chagrins dont ils ont été témoins. Et mes ressources sont mes refuges.

Se nier pour s’appartenir. Avec le temps je réussi un peu mieux à me séparer de lui, du temps, de ce chronos déluré d’ambivalences qui veut rythmer ce qui ne demeurent que des éternités répétitives. La vie veut aller à son flot, sans rechigner à la rame qu’il lui faut quelquefois employer. Quelquefois, je me surprends, magnanime, à ramer aussi. Ce n’est plus l’attente qui se juxtapose aux brêlantes émotions que la mort pourrait lui procurer, non, c'est aujourd’hui croire orgueilleusement que la vie n'est pas ce qu’il me semblait être en droit de réclamer qu'elle soit. Elle est, je l’ai compris, ce qu'elle est, avec ses saveurs douces et des désaveurs cruelles, une incommodité rédhibitoire.

L’immédiat se confond de l’instant qui passe faisant fi de celui qui précède comme de celui qui suit. C’est l’instant composé de l’imminence du prompt, de l’instantané. Le temps est un asile où il est inutile de s’exiler, il est trop vaste et trop réduit. Il occupe une fonction qui s’écoule même si j’ai cette impression tenace qu’il s’active davantage à l’extérieur de moi qu’à l’intérieur de ce que je suis.

La liberté de moi, il me faut la séduire, l’occuper comme une jeune première qui voudrait danser l’heure sur les aiguilles incertaines d’un devenir capricieux. Le tutu ne fait pas la pendule et l’équilibre reste précaire et transitoire. Il faut la charité de l’air pour que les pas en pointes dessinent la brassée des gestes qui défient l’immobilité. Il me faut  l’occuper comme l’on occupe un jardin sans cesse en fleurs, un jardin d’abondances et de rêves cutanés.

Le désir d’être aimé me ressemble comme une sœur, il frôle mes misères comme un charognard à l’affût de la moindre miette de succulence. La parole sonne comme une blessure baveuse par laquelle s’égoutte la prétention à se savoir gober tel un insecte qu’un rayon de soleil caresse. Mais on ne dit pas je t’aime aux fleurs blessées. On les cueille par mansuétude, et elles décorent quelques jours seulement le vase des espérances closes arrachant le jour à ses limites.

L’apparence est ce frêle pétale dont la consistance ne s’effleure que d’une brise souple pour offrir à la candeur sa tranche de vie blanche. Derrière la toile, vois-tu, la mémoire s’est alignée complice à la durée des souvenirs repus mais toujours en bataille de plus, de davantage de consistances pleines, solides comme un diamant, avide à se jouvencer et à se gourmander encore et encore.

La peine confondue à l’éternité rappelle les noyades anciennes autant qu’une respiration qui se souffre de l’air brûlant des inspirations du cœur. Le passé se fait dépasser de ce qu’il fut par l’immédiat ravageur. L’inconstance s’infiltre où mue le réel fracassé d’idées poussiéreuses. Il est des moments à faire n’importe quoi pour éviter le retour des accès de fièvres, préférant se mentir pour sarcler la fureur d’un désir resté en jachère. C’est lorsqu’un vieil appétit inaccompli supplie qu’il faut impérativement l’ensevelir mille pieds sous terre pour ne pas (re)devenir son esclave.

Nonobstant la brutale invasion sensuelle mettrait à nu le jaillissement comprimé durement des années durant, en dépit des efforts d’oubli.

Le plaisir indiscret se fait curieux et tâtonne à l’aveugle ne sachant plus où donner du cœur. Je me rappelle combien j’ai haïs cette sensation que je trouvais perfide tant elle ressemblait à une illusion. Je me rappelle la chute vertigineuse que procure la jouissance qui rend prisonnier. Et je veux m’écarter, m’éloigner de se ressassement d’émois qui ne sert qu’à égratigner les extases inachevées et à écarquiller les blessures déjà bien embarrassées de leur propre sang.

Plus je suis sincère aux autres et à la vie, plus elle me reproche ma signature et plus je m’éloigne de moi. Dans cet amour absolu que l’entier s’autorise goulûment, se mentir à soi-même semble être une deuxième peau indispensable. J’avais rangé cette laideur dans les cimetières des roucoulances pour avoir la sensation de m’en être défait. Mais la revoilà dressée comme une statue indétrônable sur mon chemin. Je le savais, on ne triche pas impunément sa nature et il faut un jour où l’autre faire face à ses débris et à ses infirmités.

Tristement dérangé, j’ouvre ma vérité comme l’on tranche une peau pour opérer la hideur impure. Je voudrais néanmoins glisser hors de cette lutte intestine et prétendre faire fi de cette malformation intuitive en arguant fièrement qu’on ne se découvre point sans pénétrer sa propre déchéance à se dire et à être, et qu’il faut à l’amour toutes les armes utiles à son apogée. Mais à force de penser, c’est mon amour qui s’endort dans une insomnie qui n’en finit pas et qui ne cherche qu’à se réveiller dans un autre, celui que je ne suis pas ou que je ne sais encore saisir de ce que je pourrais être. Je fouille l’inexistence, tête première et cœur penché, cherchant à oublier ce que de moi je réfute. Mais mon cœur ne connaît de moi que lui.

Il y a un monde entre le lieu où l’on peut s’asseoir et celui où l’on peut contempler. Je me suis sans doute posé sur l’intervalle encore une fois, assis à l’ombre de moi-même. J’enferme mon passé dans un silence que seule mon enfance saura peut-être traduire. La tristesse est une clôture qui ne peut s’enjamber que par ceux qui comprennent la sensation d’arrachement à leur propre solitude.

WillyRonisOù sont passées les amarres… ? Nous sommes l’île. L’ôtre possède le JE (ôtre-je) et réciproquement. A longueur d’haleine.

Un rêve ne s’abîme pas de la lumière, il s’écorne comme un buvard sur la rosée du jour qui ne l’habite pas. Il dérive aux bordures des précipices à la vitesse des courants que nos âmes insufflent à l’eau de nos tourbillons. Il lui arrive de rythmer nos contre rythmes et les marées sont alors des apocalypses.

Il m’est arrivé de tant creuser que la terre elle-même n’avait plus de profondeur. C’est dans la pierre qu’il m’a fallu fendre ce qui de moi demeurait dérisoire.

Une vie y est partie. J’en ai gardé les traces et conservé le goût. Juste assez pour pouvoir m’y étendre les soirs de lune noire, et rêver.

Ils pourraient être, on pourrait être… et cependant nous tressaillons de notre sang forgé par la glace et le feu des Islande conditionnelles ou à propos.

C’est le geyser de mes distances d’avec moi-même qui me compile sur mes escales. Ma terre souffle le chaud et gémit le frisson de ses ressacs à bouffées d’émotions.

Les murs encerclent. Remparts de nos incessants contours à nous cercler de l’emprise de nos émois bavant leur désarrois à ne pas pouvoir parvenir à autre chose qu’à de l’inachevé.

Aucun mur ne résiste à la tempête des empreintes. Les fondations se rejoignent. Dans l’unique, celle de nos conceptions et celles des murs ne font qu’une et même assise.

Imparfaits et fragiles nous conspuons contre la carence pour ne pas nous limoger de nos effluves à nous défaire pierre par pierre. Pour édifier le temps d’obsolètes rigueurs qui n’en sont plus lorsque les âmes parviennent à la conscience de l’éveil. Je dors de toi autant que l’air frémit. C’est ainsi que les clartés s’apaisent de l’abat-jour des espérances démunies des rides de l’enfance.

Mes pensées se construisent à la mesure de ce corps déconnecté et désordonné depuis des années. J’essaies d’habiter davantage mes paroles que ma chair ainsi diminuée, mais la nature m’inflige la lourde charge que les sentis ne manquent jamais de me rappeler. Les sens eux-mêmes s’en tiennent à vouloir donner du sens aux heures qui défilent. La volonté mise à rude épreuve depuis fort longtemps se fissure peu à peu et l’audace souffre d’une apathie conjoncturelle.

La vie, je le vois, écrit sur ses lèvres les rétentions liées aux refus que ma peine a su conserver de ses temps d’implorations et de ses gorges sèches. Je ne saurai lui en vouloir de s’être brisée conjointement aux cassures de mes os.

Le silence eu été un temps de greffe si l’absence n’avait point perturbé l’ôtre-je à lui défaire ses vérités unes à unes.

Maintenant, je suis là, et me supporte autant que le vent ne s’essouffle à me conduire à ma propre odeur. Car, je sens mauvais, pour ne pas dire, je pue. Trop de parfums ont inondés mes chemins et le mélange de ces multitudes finit par sentir le nauséabond des histoires qui se lient en dépassant les frontières des peaux. Dans mes soutes, des tonneaux d’égoïsme ont ciré mes fondations et l’estime de moi ressemble à cette mare pataude et incongrue où même les canards n’osent plus s’aventurer.

Je loge au rez-de-chaussée de mes certitudes et vois Pyrrhon s’engouffrer sous mes chaussures. Me faudra-t-il m’aimer plus que de raison pour croire me libérer des états de jachère dans lesquels je me complais à l’immobile réaction méditative des plus pouvoir, des usures laxatives et des impossibles assurés avant l’élan qui ne vient plus ?

Incapable à conjurer mon sort, il me semble que tout ce que j’aborde, tout ce que je touche s’infecte de mon dérisoire. Je m’enfonce dans ce qui me reste d’être et l’auge est profonde.

A la superficie de mon silence, l’ennui semble se moquer de moi. L’épiderme du muet est une zone d’agacement où le futile s’effeuille sans déduire. Seul dans le sans bruit profond, je n’entends que moi. C’est dans ce brouhaha iconoclaste que surgissent les pensées et les images, les retours de parfums et les souvenances. C’est dans cette baie d’accueil de l’imperceptible où tout ce qui m’empêche ordinairement d’être moi-même, que je vais d’un pas de cristal à la rencontre de la vérité qui se cherche. Il est possible que la vie ne soit qu’un long enfantillage où se débattent les impotences incurables de mes usages à me livrer de ce que je suis. Je voudrais me rassurer d’être. Le encore ne me console plus. Maints déchirements ont fini par déchiqueter mes cris d’isolement et dans les failles ont fleuri le bruit sourd de la reconnaissance d’une unité étreinte de l’amalgame des autres et de tout ce que je ne puis être. Enrubanné d’un monde devenu autre à mon insu, bardé d’étiquettes aux promesses sirupeuses, enfagoté de paradoxes et d’absurdités, ma peau du dedans ne ressemble plus qu’à un chiffon grossier sur lequel s’enfante l’incompris de l’étonnement. Le bavardage d’avec soi s’accapare la plausible pour défier l’absorption de toutes les vibrations afin de les recomposer en une mélodie d’émotions. Le pur de la chair est une peau à vif qui s’enflamme à la moindre pacotille, au moindre souffle. J’ai l’impression que le vivant n’est qu’une longue insomnie où la nuit ne repose que le corps. La pensée ne s’éteint jamais. Ma bibliothèque d’idées voudrait dormir un peu et s’aliter sur mes poussières pour laisser une chance de survie à l’étoile qui scintille au dessus des décombres et des ruines qui occupent mon regard.

S’identifier à soi-même dans cette parodie revient, il me semble, à se construire son lieu de vie sans jamais vraiment l’habiter. Et plus influencé par l’existence que le contraire, je m’arrime à l’évidence que mon cœur ne cesse de m’exprimer par ces clins d’œil coquins. Dans l’attente sans doute de mots plus beaux que le silence et d’une présence plus délicieuse que la solitude…

La signifiance des choses m’échappe peu à peu et je ne vois plus que ce que mes yeux regardent. M’apprêterais-je à me confronter à la lucidité glacée de mes peurs à me vaincre ? Mes insuffisances se réduisent inaltérablement à ma capacité à m’imaginer. Je me conçois tant dans l’affirmation que j’en oublie trop souvent ce que la réalité réduit à un simple fait, outrageant mes songes complices à mes envolées les plus candides à me participer. Faire taire la parole des autres qui m’occulte est une épreuve de transgression. Je vacille dans la simulation incohérente de mes mutismes désordonnés à m’écouter de fausses oreilles.

Le petit jour vient de poindre aux fentes des volets, une petite lumière douce qui caresse l’espoir d’un jour nouveau avec ses prétentions à découdre et à repriser les âmes encore assoupies du sommeil des anges. L’inaccessible de la parole qui se tait donne à cet avenir immédiat les couleurs d’un conte sans magie. Alors, demain, peut-être.

Dehors tout et rien. Vanités. Tout ce qui n’existe pas est dehors. Dehors dépossède l’inouï qui me visage de mes rictus les plus fébriles. Il ne s’agit pas de rester calfeutré au cœur de ses propres abîmes pour ne plus être la proie aux détournements des rimes que les frissons accompagnent. Dehors nulle racine, seulement des ficelles à entremêler au gré des soupirs. Dehors le vide de l’extension du possible grogne froidement l’allitération confuse et cependant complice de l’évanescence des chairs et du sang. Dehors l’expérience qui supprime la fiction des paroles chargées d’apothéoses imaginaires pour libérer l’invisible où se décèle la pure immanence du prolongement des gestes siens se heurte au réel subjugué par la frénésie du dense des profondeurs de l’être. L’ôtre-je travaille à l’émancipation, à l’élargissement liant sans relâche la foudre au tonnerre. Les soliloques déficellent hardies toutes les grappes de solitude ouvrant aux sensations le goût du gel et des torrides éclats de feu que la vie ne répugne pas à concevoir de ses possessions orgueilleuses. Dehors il est impossible de s’appartenir. Dehors je m’échappe sans le vouloir aux stèles intimes et prends congés de mon double pour ne laisser en exergue que le moi sociabilisé qui assure la référence. Le tangible écrase de tout son poids la légèreté par laquelle pourrait se traduire un surpassement. Le souffle d’existence se comprime et ôte toute pénétration du dedans où roucoule l’abondance de la vie qui m’étreint. J’ai la vocation de moi qui flétrie et je voudrais pouvoir me recentrer afin de persister à m’approprier mon propre devenir.

Confronter à la vraisemblance du ressemblant et à la perspicacité de l’autre, je ne sais plus guère où se trouvent mes limites et mes ailes balbutient l’effervescence coincée à l’étau des pourparlers. La parole tend à devenir une peinture commune où chacun s’exerce à développer ses couleurs et ses formes dans un mélange qui noie toute alternative individuelle et privative. Dehors mes racines sont cachées par ce tronc écorché qui résiste aux saisons qui ne sont pas miennes. L’automne m’oblige à perdre mes feuilles brunes, l’hiver à me réchauffer en mes terres ayant conservées la nourriture indispensable à la survie dans l’attente du retour des hirondelles et des fleurs aux parfums doux et sucrés.

Dedans la vastitude s’ébroue de sa détresse à préserver l’unique dans l’apaisement. Nomade virtuelle la saveur de soi cherche refuge auprès de quelques agréments salutaires et bienfaiteurs, les yeux rivés sur l’extérieur à l’affût du moindre soupir afin de l’accueillir avec le moins de tourbillons possibles. Quelquefois l’apaisement jette l’éponge et c’est tout le royaume du dedans qui se referme et se repli dans son coffre à l’abri pour ne pas sombrer à la frénésie des vents extérieurs qui soulèvent trop copieusement le voile ouaté des secrets et des mystères de l’humanité qui nous frictionne de sa main douce et enveloppante. L’expérience de soi à soi s’époumone au grands airs de l’audace qui défroque la raison jusqu’à la nudité des mots constellés et porteurs de rêves. L’imaginaire sait fort bien prendre la place de toutes les douleurs pour les conduire au paroxysme et me laisser en exil de mes propres lumières dans l’ombre des apparences volatiles où se fomente la parade à livrer aux contingences des pantomimes des pensées ouvertes à toutes les fratries. Le brouillard est alors l’haleine des faux-semblants et la démesure des choses parodie les rythmes empruntés à la dégradation des souvenirs que la mémoire de l’imperfectible a conservé dans ses palpitations à m’astreindre aux temporalités fantômes des heures qui s’écoulent si proche de l’éternité.

Dehors existe pour lui-même et mon infini braille son intrinsèque existence à coups de cœur, à coups d’étoiles argentés, à coups de pieds, à bout du sordide qui flagelle sans retenue l’espérance de mes vérités.

Dedans sans dehors est un fantasme unifiant la mort et la vie en une seule et même mascarade. L’obligation de s’obliger à maintenir le lien de ces deux mêmes tumultes en deux faces conjointes me résigne à l’acceptation de mes contraires au-delà d’un simple assentiment et j’obtempère dans la tracasserie des oppositions qui me livrent à l’absurde pour ne pas savoir où se terrent l’abjection d’être. Dedans dehors c’est du pareil au même à l’échelle de l’univers mais pas pour ma petite vie vaniteuse à se vider de ses graines à troubler l’immédiateté de l’avenir que je voudrais pugnacement me réserver. La gloire serait sans doute de se dissoudre pour n’exister que de son âme aérienne et ne plus consentir aux rectitudes des sens, mais je ne sais m’y résoudre pensant sûrement qu’il y a plus à perdre qu’à découvrir. Est-ce le vain de la vanité ?

Je ne sais rien de tout cela… Je ne sais rien de tout cela… Je ne sais rien de ce que laYasmine_and_Marco_Alaoui_Guerra___yasco_44 vie aurait dû m’apprendre dans sa continuité à fabriquer et à concevoir. Je suis naît candide de moi dans un rayon de lumière qui transporte en des terres d’exil sans savoir ce qui m’y congédie. Je m’appréhende de mes sous bois, laissant à la mousse et aux lichens le loisirs de m’envahir de leurs ombre humides.

Je ne sais rien de tout cela… Je ne sais rien des temps d’oiseaux, des sables qui s’écoulent sur l’horloge des sourires, du temps qui s’éponge aux catacombes des mémoires, aux heures précises qui crachent un maintenant repu de ses secondes à secouer l’immédiat du vacarme de ses événements.

Je ne sais rien de tout cela… Je ne sais rien des frissons que réserve la nuit, des balbutiements des ailes des clairs obscurs. Le cœur sert-il à vivre de ce qu’on meurt ? J’ai si peu d’aptitudes à mourir de ce vivant qui fait outrage à mes fondements en lui assiérant des pacotilles, en lui assénant de futiles contemplations d’un monde où le grotesque se fond dans la dureté des mensonges des hommes à se mirer de ce qu’ils ont oublié d’être.

Je ne sais rien de tout cela… Je ne sais rien des subterfuges des mots et des prières de paroles pliées en évangile de soi. Je ne sais rien des agitations et des actes à se dandiner de l’opprobre des vérités inculqués au travers des bienséances à se mouvoir et à se débattre dans l’écume des silences. Je ne sais rien des connaissances qui n’ont pas incrémenter mon sang et mon océan à me sentir dans l’émotion qui peut tordre. Je n’apprends rien de l’élan à transfigurer les abysses qui longent les ravins de l’âme autant qu’ils ne rongent et n’érodent l’architecture de mes pourparlers avec la vie elle-même.

Je ne sais rien de tout cela… Les pentes des abîmes laissent glisser les frusques de poussière et c’est nu de toute apparence que je m’avance à ma source pour y cueillir la goutte d’évidence où je tente désespérément de me recueillir.

Pauvre de mes seuls yeux tranquilles, j’avance, je participe. Ce n’est pas d’un renoncement, mais d’une habitude que je me construis peu à peu de mon ignorance. Dépouillé de certitudes garantissant le pas, je m’accueille de mes frigides compassions à me résulter des autres là où seul je navigue sur les eaux que je suinte à l’effort de l’acceptation à ne rien attendre.

Je ne sais rien de tout cela… Si ce n’est la patience qu’il y a à être pugnace. La persistance me sauve, la persistance à ne pas s’abandonner est une survie singulière.

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Commentaires
V
"Toute lucidité est la conscience d'une perte"<br /> Dépouillé de certitudes mais en vie, en mots dans un partage fertile de nos tragédies.<br /> Bien à vous sincèrement
A
un magnifique texte d'une belle et triste lucidité
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