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LA COLLINE AUX CIGALES
6 février 2010

Le seul véritable amour n’est-il pas de notre rêve ?

marco_guerra_yasmina_alaoui

Ni nulle part pourtant… Ni n’importe où… S’infuse la vie comme une infraction à la règle. Je te l’ai dit déjà, je ne sais pas faire de distinction entre une âme volatile et métaphysique et un corps empiété à l’espace des réalités matérielles. Souffrir, subir n’a d’ailleurs pas plus de sens dans l’un que dans l’autre.

En fait, tout le problème du rêve est qu’il n’est pas une véritable illusion à proprement parler. Aptitude à la sauvegarde, à la survivance, il a lui seul la capacité des lumières lorsqu’il court-circuite la tragédie et toutes les disgrâces de l’existence. L’erreur nous assiège, nous qui sommes acculés à vouloir parfaire le monde, notre monde.

Dans le rêve je te prémédite, je t’envisage et dans l’ignorance du réel c’est nos mondes que je sauve. Nous ne possédons rien, pas même nos étreintes à nous libérer des foudres du désir. Nous n’avons de la possession qu’un goût de dominance qui ne domine rien. L’heure est la seule qui nous ballote et nous transporte d’un point à un autre. D’un silence à un autre. D’une criante volonté à un désespoir naturel.

Toi et moi, nous filons. Nous filons comme ces pyramides qui traversent le temps et nous sommes des tombes de pierre où nos pointus voudraient percés le ciel afin qu’il pleuve l’eau qui délivre des poussières et des crasses accumulées de nos parcours d’amalgames et de superpositions inévitables.

Il n’y a rien de triste à évoquer la mort qui nous accompagne depuis la naissance car vois-tu c’est elle l’enfance de nos agitations, l’enfance de nos défaillances à rire dans l’innocence des sources où nous avons appris à pêcher nos premières larmes. Ce qui frémit de nos bouches c’est la gorgée d’émotion que nos sens captent inlassablement des profondeurs du chaud de nos laves souterraines où nous avons connus la dérision des jaillissements, où nous avons copulés avec la genèse folle qui nous a traduit.

Prébendiers de la certitude, adultes dans la spirale de l’adéquation autonomie-indépendance-liberté, nous sommes les guerriers fantômes dans la lutte et la révolte pour combler une sotte et abyssale vacuité d'être par un insatiable et excrémentiel désir d’entièreté inexistante. Nous allions beauté et amour dans l’unique épanouissement que nous pensons salvateur à nos déboires et à nos errances dubitatives. Nous voulons domestiquer l’indomptable. La lueur bleue qui s’évapore des flammes ne peint pas tout le ciel de sa couleur et nous le savons bien. Nos contemplations ne sont pas exhaustives. Nos méditations non plus. Que serait-il de plus beau qu’une durée éternelle que nos mémoires ne sauraient effacer ? Et que serait-il de plus effrayant que l’éternité fixant définitivement ce qui se meut ?

Nous sommes nés de l’anesthésie des enchevêtrements et des cataractes de ses accomplissements.

Une vie et une seule, pour se convaincre soi et ceux qu’on aime que tout ce qui nous appartient c’est ce rêve indissoluble d’un amour et d’un songe qui se baignent nus dans la même prière.

Arc-en-ciel d’acier lustré et brillant où se déchiffre le mouvement désoeuvré de la robe des heures comme une danse, une invitation à la danse du voyage sans urgence, des miroirs et de leurs reflets chagrins d’un passé presque oublié. Dans le relatif de la vibration, la distance de l’accompli laisse l’inaccompli aux portes du précipice des vertiges où bourdent les exclamations muettes qui dérangent la paix supposée tangible. Mon cœur est un poing dressé à la face des échos pour dire la parole du perchoir où s’effeuillent les oiseaux qui ne volent plus.

Nos chaos sont de tout petits clapotis du chaos originel, comme nos consciences ne sont que d’infimes mixtures moulues d’une immensité dont l’entièreté est l’effroi.

Rien dans la charité du monde qui ne soit le charitable que nous charrions en nous depuis le siècle d’éternité jusqu’à nos jours de typhons où la tornade chasse nos folies comme des nuages nuisants au soleil.

Le rêve dérange et en rêvant sommes-nous sûrs d'être l'être qui rêve son rêve ?

Le rêve de la nuit est un rêve sans rêveur. La nuit est elle-même l’étendue de l’imaginaire. Son lit est son berceau, son fleuve est sa nappe phréatique, son devant marié à son passé, son éclair est son druide.

Rêver la vie, ne serait-ce donc que s'inventer un idéal ?

L’idéal ne serait alors qu’un naufrage dans les plates bandes de la raison, du conceptuel, du dogme. Je ne peux consentir à pareille supposition. Hypothèse glaciale où mes émotions ne seraient que des stalagmites alignées comme les roches de Carnac. Brrr, j’ai froid !

Mon rêve est le projet intime de mon intimité. Il créé, il imagine à tour de bras les déliquescences improvisées où je ne sais plus si c’est le réel qui déçoit le rêve ou son contraire. La parodie se crispe toujours à l’attente d’une réalisation perçue, sentie.

A l’avalanche l’embourbement des baisers virtuels, à l’inondation la crue des sourires sans chair qui se doit de croire à l’avenir. Rien ne dit que demain sera, peut-être, tout s’arrête là bientôt très vite. Il faut filer le long des murs du tendre comme à la dérobade, comme sur une ligne d’azur mince où le point unique va à la vitesse des foudres pour tracer un trait. Le temps d’une giclée d’éclair et pas davantage. Le furtif est l’ambassadeur des histoires qui se prolongent dans le rêve du cœur qui aime. Mon amour et mon rêve nous vivons ensemble dans l’imaginaire qui nous ressemble. Convertis à écumer les nuées de fumée que nos braises dissipent comme des brouillards capiteux où nous jouissons d’une union sans pareille.

Mon rêve est mon projet d’avenir immédiat, mon amour sa voix la plus légère.

Des paradis d’artifices… habitent la solitude. Incarnée la mesure de soi se dispute avec ses limites.

La libre captivité du consenti à te vouloir, à te désirer, à t’aimer est le rêve crucial qui m’attache à mon pouvoir imaginaire et à son contre pouvoir la réalité. Tu existes de ce que j’ai construis de toi, nous habitons chacun nos refuges et nous bâtissons les trompettes de nos souffles pour que leurs chants nous parviennent.

S’il est vain d’aimer sans amour, n’est-ce pas la transcendance qui devient jouissive ? Aimer n’est plus posséder l’autre mais c’est être le témoin vivant du désir de l’abstrait que nous pouvons faire naître en lui. Le rêve défait l’aliénation volontaire en proclamant l’illusion de l’entité, le leurre de l’identité unéquivoque. Fourbe constellation du serment qui crépite hors des cheminées où se consument nos altérités les plus innocentes et les plus désespérantes. Semblable à notre semblable nous muons dans la progression inéluctable des culbutes que nos insatisfactions inséminent à nos élans et nous n’incarnons bien que nos fuites à refuser d’être l’esclave de nos rêves comme de nos réalités.

Happés par le firmament comme par un aimant inconditionnel de nos absolus qui ne sont que l’aspect radical de nos paroxysmes à nous configurer dans la magnificence des grandeurs dépassant les grandeurs raisonnées, c’est donc de nos folies que le rêve et l’amour peuvent se transmuter en une opaline fragile et vulnérable où nos duvets demeurent les paupières de nos flamboyances.

Ce qui nous engage nous lie autant que cela nous libère. Nous sommes hors d’atteinte et nous concevons l’imaginaire comme l’art particulier qui détermine nos étendues tels des espaces aussi vastes qu’ils sont libres, libres d’être et de concevoir l’horizon à des amplitudes infinies.

Tu es l’existence dans laquelle je fais mes plus beaux rêves. Tu es l’émotion de la lumière qui s’immisce à mon sang et dont j’illumine ma chair dans la nuit qui se brouille avec ce qui est linéaire. L’oscillement perpétue la vague d’espérance qui roule dans nos têtes.

Aimer est l’illusion merveilleuse que le monde est parfait. L’amour conspire à détourner la frayeur de l’homme à n’être que sa propre misère.

Aussi, je veux rêver, rêver encore à cette caresse qui te dessine si bien, à ce frisson qui t’implore si intensément, à cette douceur qui m’éternue sur le nuage de mon affection comme une neige sans givre et sans soumission à l’eau qu’elle emprisonne. Tu es ronde comme le plat de ma langue et je te chuchote des courbes là où ta droite s’étire comme un trait ineffaçable.

Nous n’habitons la perception que dans l’appréciation de nos reconnaissances. Subtil, quelque chose du bonheur ne sort pas de nos circonvolutions. C’est d’ailleurs pour cela que nous apprécions fortement de tourner et de rouler ensemble comme des olives déchues qui dévalent le pré pentu jusqu’à l’ornière de la route. Nous nous inventons de nos sacrifies au bonheur dans la plus douloureuse exubérance. Nous sommes le rêve lui-même au cœur de sa déchéance.

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Commentaires
V
Dans ce beau texte une réponse possible pointée?<br /> Au coeur des impossibles d'un réel perçu à la fenêtre des espérances sur la ligne des bonheurs tracée dans le verbe conjugué à la frontière des voix qui se murmurent les absolus. Lire entre les mots ce qui se tait entre les bras.
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