Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LA COLLINE AUX CIGALES
4 février 2010

Peut-on aimer sans morale ?

manguin_henri_03

Replié sur le seul sentiment que j’ai de me sentir, dans le mensonge pluriel des états d’âme, je m’isole dans le bien fondé de mes soliloques au cœur même de l’illusion. Morales insoutenables, je vous fuis comme la peste.

Je vous accuse de m’accuser. Votre étau singulier me réduit. A l’étroitesse de vos parois le rationnel devient une exigence. Mon autonomie ressemble à celle d’une feuille que le vent brasse dans ses bouffées virulentes d’automne. Ce qui s’impose à moi m’aliène et j’étouffe prisonnier de chaînes dont je ne suis ni le propriétaire ni l’inquisiteur.

Amour, me détacheras-tu ? Mes sens sont animés des heures de brûlis et de cette cendre qui va nourrir la terre. Je m’acquiesce sans le vouloir.

Volontés mobiles sillonnant l’incursion, subjectif corrosif, je goutte à la flaque tordue des raisons appliquées à la quête de la satisfaction égocentrique. Si l’action naît de la réflexion, ici, je ne veux plus penser. Je me perds dans l’irascible du devoir. D’abord le mien propre, ensuite celui qui intercède en faveur du bien commun. Ma détermination se confesse au désir pour le peindre aux couleurs de mon seul ciel. Mes pensées brament. Une forêt est faite pour s’y perdre. Et j’en présume des milliers tout autour de moi.

Je n’ai besoin de rien d’autre que cette manne d’osier dans laquelle souffrent mes linges sales, pour savoir que la plupart de mes motivations ne sont pas miennes. Elles sont néanmoins souveraines et par elles, je me déploies par deçà mon résumé.

L’ordre de la nature est révoltant pour l’esprit, non pas pour ce qu’il est, mais bien parce qu’il restreint l’amplitude à ses seules fonctions.

La bonté de l’amour comme principe universel, certes. Mais de quel amour s’agit-il, lorsque soudoyés mes sentiments me transfèrent au paroxysme de mon incapacité ? De quelle confiance puis-je m’enquérir lorsque l’autre demeure cette part intraduisible de moi-même qui me jette au néant ?

Je m’engage là où tu m’engages, amour. Et tes chemins biscornus me plongent dans des lieux où je suis perdu. Ne veux t’on pas chaque chose qui interpelle notre intérêt, notre besoin ? Je peux te dire je t’aime sans me préoccuper de savoir si j’en serais capable. Mais dans ce cas, mon amour peut-il se juxtaposer au tien sans se mesurer ?

Je suis immoral. J’avance dans l’oscillement des courbes d’injonctions qui n’ont plus rien de commun à une quelconque droiture de fait. Mes intentions sont pures comme l’eau d’une fontaine. Je suis immoral autant que je me calcule à être le seul pensé. Mon cœur draine avec lui les eaux troubles des culbutes et des combats qui l’ont brûlé. Ecchymoses du bonheur et du malheur confondues en une seule trace, un seul rictus. Te dire je t’aime est me projeter de ma maison à ta forêt et je ne sais pas quelle règle plus puissante pourrait ordonner mes élans à t’effleurer sans te flétrir, du moins un peu. Je ne sais pas ce qui me terrasse le plus, mon sentiment où mon plaisir. Mon périple où ma désuétude. Mon ardeur réflexive où la carne vivante de mon senti.

   

J’avance vers toi… encore un peu plus… encore malgré tout.

Tel un impétrant du silence, dans la nébuleuse du vide, toujours dans l’attirance du rien où se fourvoie le signe et le code comme d’infimes récepteurs de tes angles, je te cherche dans l’hésitation de ma démesure.

De la bousculade, j’ai gardé des saveurs mi acides, mi extatiques. Dans les courbes de l’approche, dans l’apprivoisement des émotions et dans les petits crachins de l’ego, le désarroi indomptable des courses qui nous emportent par delà la jouissance, par delà le renoncement.

Je voudrai trier, éclaircir, tailler, mais l’osmotique des sentences du senti ne se défait pas comme de simples nœuds. La réclusion perpétuelle des frissons et des échos de résonance brûle l’éphémère comme un bout de papier où nous avions pris note. De la rencontre de la langue d’amour, seules des prières murmurent doucement le cri jaillissant de nos décombres et je ne sais vraiment ce que j’y entends. Savons-nous quelle forme donner à notre liberté ?

Que reste-t-il dans nos rayonnages de pensée qui soit de la poésie, du stupre, de l’eau pure ?

Mon antre, mon amour, mon foyer : Comment te dire l’ingrate douleur qui tranche l’heure puisqu’elle découpe déjà le temps et décharne l’immobilité de l’éternité ?

Dans l’instant se recoupe l’immédiat et le devenir en attente d’éclaircissement.

Ton sourire est une veille cosmique : la lune de la lune reprisant les étoiles. Aimer s’apprend de toi comme une mer dépend de la goutte d’eau, comme l’air dépend des arbres, comme la mort dépend de la vie.

Et je n’ai que mon temps à t’offrir. Mon temps humain gonflé de l’immense désir de mourir en toi comme un été s’éteint dans un automne musical où les feuilles jonchent les rues jusqu’au bout de l’horizon pourpre qui les avale. 

Plus de vingt siècles de continence et de culpabilité s’accaparent ma seule certitude à te vouloir comme un ciel de nuit a besoin d’étoiles pour tracer les routes de chaque exode. Ma liberté est de me choisir, libre de ma nature, conscient de mes pérégrinations inéluctables. J’en viens à toi de l’ordonnance de mes nécessités à transposer ma solitude sur la tienne. Pour entendre jacasser frivole le silence de nos précarités à nous lier dans le vase clos des expressions subconscientes, je m’achève où tu te donnes. Je m’inclus à ta main lorsqu’elle s’ouvre pour accueillir. Mon devoir c’est de me livrer. De m’offrir là où j’ai échoué.

Je me dégrade dans la morale qui m’habille pour que déliquescente ma bonne foi puisse rejoindre ta rivière. Dans la parodie des mises en scènes et dans la comédie où le tragique devient burlesque c’est le clown de moi qui mime la case dans laquelle vivace, la religion de mon esprit, fulmine avec la croyance d’appartenir, de t’appartenir comme je m’échappe à moi-même dans la fuite. Je suis le Gavroche des rectitudes partout où le pur s’émancipe de sa chaste pudeur à t’exclamer.

Amour, dis-moi le soupir qui nous tranche, l’effleurement qui nous saisit dés lors qu’on est statufié dans l’immobilité de la seule contemplation. 

L’acte et l’agir sont des soubresauts incoercibles où mes dents se cassent, où mes lèvres te tiennent comme promise. Ma morale puise dans le légitime de mon être autant de saveurs que de déficiences à tisser les fils démoniaques d’une vérité singulière, dessoudée à l’argumentaire des universalités comme à se greffer aux leitmotivs concupiscents de l’humanité qui me transperce. Ma morale est la moelle indigente de l’histoire du monde qui s’accomplit au travers de ma chair. C’est la soutane païenne qui recouvre la bonne volonté à bien faire. 

L’amour ne ment pas qui te dit je viens à toi pour m’abreuver et m’inonder. Dans la morale c’est la sagacité qui agace le superflu de nos tergiversations et nuie à l’espérance en déstabilisant la promesse de l’existence à nous concevoir tel le héros de nos vérités.

La lune je l’ai dans mon cœur, à des années lumière, à des années lunières comme un bateau que l’on amène au port, comme l’on oubli l’eau qui le porte. La vie est là dans ses poumons de dentelles, dans le souffle des chagrins, dans l’illusion des nuits de paupières closes. Femmes mamelles, femmes génitrices, femmes à la poursuite de la voix de la mer, au ventre blessé de vide et de plein, aux clairières de sel, aux antipodes des marées qui pleuvent comme des ondées de brouillards destinés à me perdre.

La terre je l’ai dans le cœur comme un paysage sans fin où la faim du monde crie sa souffrance à dépoter son histoire et ses mottes d’amalgames que la parole fragmente en des notes corrompues que le chaos bredouille.

Gigantesque embellissement de la vie qui dort dans l’amour et que l’imaginaire sensuel propulse à des rives lointaines inatteignables pour les mendiants d’or que nous sommes.

La vertu est le symbole du mythe où le libre cours des fleuves connaît le débordement perpétuel. Les veines de ruisseau s’écartent des exigences du devoir, des obligations de droiture. Les rus serpentent au gré des pentes, les Varègues regorgent et le fluide s’évente comme des torchons humides que le vent gifle d’un ton sec. Une morale lucide ne germe que dans l’immobilité et nous sommes la vie, le mouvement continu où s’écoule un code de sommes tenues que personne ne peut tenir. La morale est une prescription amorale à la nature de ce que nous sommes, elle nie l’être à ses dépends.

Et elle devient perverse dés lors qu’elle exige de l’autre sa contribution.

Regarde, je suis à peine debout dans l’approximation du réel, dans la contemplation, la méditation silencieuse. Mes sens sont mes artistes lorsqu’ils sont exacerbés et je t’offre ma brume sur ton visage qui perle l’écume des larmes mouillées de nos solitudes livides où convulsent nos mémoires comme des rumeurs aveugles.

Le choc émotionnel, la fracture, la rupture nous conduisent à l’acuité neuve où nos vacuités sont les vertiges tremblants de nos partages morts auxquels nous immisçons le tourment de nos complaintes à vouloir faire revivre la caresse des heures douces que nous avions cru éternelles.

Ici la morale est une béquille pourrissante, une croyance nécessaire lorsqu’on est anéanti et pas plus que les relents du passé qui commencent demain à l’aube. Hier c’est toujours demain matin.

L’incohérence est dans la compréhension pleine, celle qui ne refoule pas la part chargée par l’incertitude qui nous dépasse. La peur résiste toujours à la lumière et les feux de l’amour savent bien laisser s’installer l’ombre afin que les vertus persistent à taquiner nos aptitudes à nous en débarrasser. Tuent l’exaltation poétique.

Nous aimons cette négligence à nous désapprendre, à nous amnistier, à l’instant où la vie nous prend si complètement qu’être suffit. Le désoeuvrement latent des règles qui nous défécondent des semences nous livre à la révolte des inerties et suppute la folie branquinolante qui nous fait boiter de nos lèvres à nos sexes comme des soupirs vertueux où s’oubli le leurre. Nos corps se fendent et le charitable calfeutre la dérision.

Quelle étrange sensation que de se sentir vide et rempli tout à la fois. Absents de nous-mêmes nous savons piocher à nos ruines pour bâtir des cathédrales. Transparences imperceptibles des chocs traduits en déclics et où nous perdons le sens de ce que nous sommes, troquant nos perceptions pour des plaisirs sans noms.

À la lueur imperceptible du coup de cœur, nous nous désirons sous aucune coupole, sans combat, ni brigandage, sans passé, sans avenir, d'un vœu seulement espéré.

Dans la moralité douteuse nos baisers sont des éclairs où la transhumance poursuit son chemin d’aventure.

Monde artificiel de part en part, j’accomplis la marche de poussières jusqu’à la sénescence irrémédiable dans la bulle d’une essence dont la puissance est tout aussi meurtrière que ravissement congruent à mon apothéose.

Nous suppléons à nos infirmités par notre seule conviction à nous dépasser, à nous exiler dans la distance du temps qui nous dissout.

Moralement infirme de mes déterminations à féconder dans les plis d’une vaste comédie où le comédien n’est plus moi mais le décor qui m’influe. La morale comme vague palliatif à mes égarements n’en vient qu’à me réduire à la robotisation imparfaite et souillante d’une charité ne connaissant rien à l’humilité du silence profond qui détermine les conditions et non le sens de ce qui s’apprécie comme le bon qui reste imprenable à toutes formes de raisons rendues caduques par leurs obligations insoutenables.

Et s’il y avait une morale : j’aime sans morale !

Publicité
Commentaires
O
et merci pour ce texte là qui me touche au plus profond.
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 207 342
LA COLLINE AUX CIGALES
Publicité