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LA COLLINE AUX CIGALES
3 février 2010

Les mots d’amour sont-ils que des mots, ou des preuves concrètes et pragmatiques ? (Suite 4)

la_pose_197k

Je te dirai. Pas plus concevable. Encore. Dire encore. Laisser à la parole l’interminable déchéance de sa tache ingrate. Dire, raconter, parler, écrire, faire savoir, faire entendre…

Par défaut d’un meilleur moindre. L’exaltation vive à sortir du néant comme sort du terrier un ours affamé. Comme tout ce qui s’en va, tout ce qui part sans jamais revenir. L’immunité d’un aller simple. Dans la parole le fil conducteur six pieds sous terre. Une voix de géant réduite à un orifice si étroit. Fluide résumé d’un torrent à un filet d’eau dans la distorsion du rétrécissement.

Dedans le bouillonnement cri sa famine à ne pas pouvoir totalement se lâcher au dehors. Le mot trop long resté coincé, le mot trop volumineux obligé à se déchirer pour s’évacuer. Le barrage et la retenue, et puis les alluvions.

Pas plus concevable. Encore. Des mots encore. Tout jadis encore moins que maintenant et maintenant encore moins qu’après. Mots d’enfants à la lisière des effeuillements, au bord des précipices, devenus petits Poucet dans la forêt des ombres tournoyantes que rien n’indivise d’un réel à demi ouvert des courbatures de la lumière. Atrophie latente. L’inexprimable regorge et la boue devient glue. Et la glue imprègne la parole, et la gorge chante dans l’obscurité le silence des mémoires.

 

Pas plus concevable. Encore indéfiniment. Te dire, se dire, comme une histoire de rien passant compromis avec le geste, l’expression et le son. Compléments de fortune ajoutant cette part vivante au moindrissime qui perdure. L’obscurité reste le sombre à défrayer, à creuser, à entendre. La culbute demeure à l’ébrèchement de la voix qui plie et se déploie à l’accentuation de la faille fine où les lèvres gesticulent pour accompagner l’accouchement.

Pas plus plausible. Encore, une fois de plus. Dans le commencement du mot, dans sa laitance inachevé, dans l’esbroufe capable de signifier l’inexplicable, capable de nommer ce qui fait le miracle du corps humain, capable de nouer le dialogue dans un murmure continuel, dans ce lien muet fragile et immuable de sa présence.

Essayer. Crapoter, balbutier, se perdre et revenir, descendre et monter, aller. Du mot, le visible est suspendu au mouvement. Le mot est cette figure de mon âme que je peins de ma langue, que je dessine de mon souffle.

Obscures étreintes où se délie l’immanence. Je te dirai.

Le vide aussi parle. D’un meilleur moindre. A l’éclaboussure. Dans la pénombre le oui est plus fort. L’ultime empire de dire dans la brouille, le brouillon, le brouillard et puis encore ce moindre rien dévalant les pentes des pensées en cascades de mots, en torrents d’existence. Juste pour dire.

Jusqu’à là-bas. Lorsque j’ai les yeux fermés, ma famille c’est le monde. Ce monde qui parcourt mes veines du jour et de la nuit, d’amour et de paroles. Ce monde de silences et d’éclairs où se conjuguent les hommes et les hirondelles qui traversent les points de nulle part qui débordent nos frontières et nos vérités. Paupières closes, le monde se dessine tout seul, se respire sans compromis. Il est là et ne demande rien, pas même que l’on occupe son espace. Pas même que le noir et le blanc du jour et de la nuit s’intercèdent à tour de rôle, pas même que la passion s’y installe, pas même qu’une voix y dépose un son.

Car sous les paupières se fabriquent les attentes. Les attentes des hommes, leurs règles, leurs interdits et leurs promesses. Dans ce tout petit interstice, cette micro fissure, cette membrane souple et légère la vie complote avec ses rêves. L’idée grandit, s’amplifie et augmente jusqu’à son point culminant : le désir. Dés lors, c’est à sa détermination que va répondre le feu. La soif est d’autant plus grande que le monde est semé de toutes parts de beautés et de bontés naturelles. L’inspiration y est propice et sous le moindre rocher ou la moindre mousse, le parfum du silence, lui-même, vient hurler la plaie inondée de vie que l’on peut entendre dans le tic-tac du cœur. La pure respiration du vrai que l’on pressent dans certaines paroles, lorsque l’émotion fait vibrer nos cordes vocales. La parole est tremblante ou le murmure à peine audible ramène des sources premières l’écho par lequel la voix est née.

Le mot vient dire. En fait, il fait plus que dire, il raconte. Il peint l’onde de sa vibration la plus sûre, la plus juste à l’écoute, à l’entente. Même si personne n’entend sa véritable lueur, son véritable sens, il traverse tout notre corps pour clamer et prêcher la parole que nos souffles exultent vers l’extérieur pour soulager le non-dit des remues ménages qui secouent notre dedans. Là aussi, un lieu sans frontières et sans apparences, juste de la chair vivante qui réagit comme une peau nue à l’air et à la violence des poussières et des cendres mal éteintes qui se battent en duels pour façonner la croûte protectrice qui recouvrira le frisson de nos prières lorsque nos êtres se délient.       

La sentence, nous la portons sur nos visages. Nos rictus et nos grimaces parlent naturellement cette voix silencieuse. Et nous voudrions encore crier nos désespoirs à ne pas savoir enterrer nos tragédies ailleurs que dans nos ego relatifs. Nos altérités de compassassions, nos entités invocables aux noms des hommes reclus dans la fournaise de leurs soliloques et dans la bouche brûlante de cet égocentrisme grégaire qui nous autorise la plus grande complaisance ; la même que nous refusons à notre humilité pour accueillir l’autre dans sa différence et dans sa particularité d’être, lui aussi, encarcané de cette fatuité arrogante de l’isolement irréductible.

Plaindre et se plaindre, c’est la même voix, la même parole de la résignation à tuer la révolte avant même qu’elle ne se soit engaillardie de l’audace suffisante à défroquer le fragile de nos âmes engluées au miroir de nos vaines compétences aux scrupules de nos entités pensantes comme aux déraisons où reposent nos véritables tourbillons. 

Ecoutes le chant du ruisseau se plaint-il de couler vers la rivière, souffre-t-il de connaître le débordement de la fonte de neige ?

En lui résonne la musique inaltérable qui offre à ses cascades et à ses chutes la clarté des vigueurs aussi évocatrices que les flammes qui crépitent dans l’âtre de la cheminée les jours d’hiver où le vent souffle à s’époumoner du froid qu’il répand.

Sous les paupières, à l’intérieur des yeux retournés, les images défilent. Nos tristesses pénètrent nos désirs, nos insuffisances s’ébrouent comme le fait un chien au sortir de l’eau. Gouttes d’eau que rien ne résorbe et qui éclatent tout autour formant une aura de lumière. Gouttes d’eau noyées dans l’immensité du paysage. Gouttes d’eau que la folie de la joie vient lécher sur les joues de nos orages à nous déployer tels des vagabonds en exil sur le plateau fixe de nos horizons.

La légèreté et la pesanteur se meurent réciproquement l’une dans l’autre. Un état de suspension fait office de parenthèse. Partant de moi, j’arrive à toi par tant de filtres. Une douleur, je ne sais laquelle accompagne toujours le moindre fait et geste. Un pleur endormi toujours prêt à se réveiller. Un fragile se souffrant lui-même. Une mine anti-personnelle prête à exploser au moindre effleurement.

Nos pendules personnelles et nos temps privés claquent les ombres de nos encombrements. Chaque sensation pure est un vertige. Douceur et force ont un rythme analogue qui s’annule. Le dénuement le plus absolu n’est ni doux, ni amer, il s’efface dans d’autres dénuements comme des poupées russes en nombre indéfini. L’existence toute entière n’est qu’une preuve de l’épreuve des heures qui s’abattent sur nous comme une pluie d’avides gouttelettes réunies en un torrent d’annonces. Chaque annonce domine et domestique une autre annonce ; se regroupant ainsi jusqu’à rejoindre l’océan de nos besoins. L’étendue n’a que la forme de ce qu’elle occupe. Elle épouse tout si parfaitement que le vide n’existe que dans l’apparence. C’est dans la déconstruction de ces vides que l’éternité réside.

La vérité du chiffre zéro, départ de tous les nombres. Le commencement de l’infini comme un insaturé qui s’auto sature par son ampleur et sa non domestication. A perte de vue, jusqu’à là-bas, jusqu’au terme d’une annonce, jusqu’à la mort de la vie qui ressuscite dans le prisme de chaque pulsion revendiquant l’espoir comme une chrysalide se métamorphose.

Il est des jours où je me dis que l’immédiat est plus rapide que moi. Il est des bouleversements que l’inattendu chante dans le tout proche et qui me trouve dépourvu comme une racine qui ne sait encore rien de la caresse du soleil. Juste que c’est vers sa chaleur qu’il faut aller. « A quoi reconnaît-on la parole juste ? A son silence. » « Qui danse jusqu’à l’aube ? L’étoile. »

Un feu m’éloigne de la tentation, celle des loups qui rugissent en moi. Un feu me réchauffe du froid glacial qui pourrait me rigidifier comme une stalagmite au centre de l’espace, au centre de tous les espaces. En mon centre.

Nous créons partout et nous détruisons partout. Comme si neutre de nous-mêmes, nous ne connaissions qu’une seule et unique chose : vivre jusqu’à là-bas.

Dans l’infinitif. Dans le verbe encore sans vie, j’ai creusé puis sculpté ma voix afin de libérer l’onde pour qu’elle puisse toucher toute la profondeur de ton silence.

Dans la voix et le temps conjugués, la parole imbibée de soleil et de gouttes de pluie, je viens effleurer l’aire sans visage où je sais que tu te tiens déjà. Debout et légère comme une plume d’ange. Aux creux invisibles de l’heure en mouvement, je te vois glisser dans ce monde sans clôture où le cœur suspendu à l’attente, je t’attends comme une mer attend la lune pour se refléter à l’écho de la chair du mot qui délivre. A la lèvre douce de nos terres qui s’inventent et se créent comme un premier verbe.

Est-il tant ? Un toit ouvrant sur le rouleau des heures, une pause, une reprise, c’est le monde qui tourne. Ta vie, ma vie, à la culbute dans une déraison exponentielle. L’heure court et pourtant reste immobile. Et nous voilà dans une éternité statique. Une lueur entre les lèvres, tu bredouilles quelques sons. Des bruits gourds, des cliquetis brouillons, des bruits incessants qui appellent. Une voix grave et fluette en même temps, et puis nous. Nous dans le silence qui grouille comme une fourmilière active, nous dans l’abstraction, dans l’irréel des tempos communs, collectifs.

Et puis, la vidange.

Langue intuitive aux résonances du loup, langue sortie du fourreau pour accomplir la morsure, le coup de bec. Les spasmes, des coups de bélier sortant du ventre du monde, des coups d’assommoir donnant la cadence, rythmant la pauvreté du dire et assassinant chaque mot à la cicatrice par laquelle il sort. Un mot, un verbiage sorti du foulard d’un magicien s’envole comme une colombe.

Nos ciels n’ont pas assez de place pour contenir toute la misère. Il faut aux étoiles courir des parcours d’éternité pour venir dire, pour raconter l’innocence perdue aux fins fonds du monde.   

Il serait prétentieux que de ne pas se laisser avilir par les crasses sombres de nos ego. Nous ne travaillons pas sans cesse à un quelconque perfectionnement. Non, nous nous adaptons. Nous orientons nos possibles au gré de nos progressions en intégrant nos expériences au quotidien de la progression. Nous amoncelons, nous engrangeons. Nous avalons le temps et nos émotions se gorgent.

Nos paroles parodient l’émotion bloquée dans la gorge du dire. L’aveu gronde comme une chimère à bout de souffle. Tu dis, je dis, nous disons… Et, puis encore… L’avalanche des neiges du cœur, prisonnières des rigueurs de l’hiver givré des consonances chaotiques d’une mission où le sens se perd, s’englouti comme une pierre trop lourde s’enfonce dans cette poudreuse avaleuse de son.   

Venir te dire. Bêler. La fourberie et l’infortune de l’expression orale, écrite ; un petit ragot grelottant, désespérément vide, désespérément creux du vertige qui lui a donné corps.

La vie dangereuse de l’autre. Couarde mélopée de sang. L’autre en soi comme un fragment d’identité de ressemblance. Un grain de vie immiscé comme un soupir entre deux notes. Le risque sans audace d’être la parole sur le seuil de ce qui n’existe pas. De ce qui se dit dans l’invention, dans l’imagination des délires rêvés, des contrebasses sans cordes, des hautbois sans souffle. Le seuil n’existe pas. Juste la fêlure, juste le baiser du serpent. Et puis, la mémoire, le non-oubli largué comme une valise à la mer.

Ce « merde » à la vie qui l’envoie aux balustres mais qui n’échappe pas à la torréfaction des consciences. Ces giclées de boues et de miel mélangés. Et le rire, la sublimité du rire qui se moque au-delà de toutes les cacophonies de nos petits gémissements à comparaître parfaitement démunis à dire ce que le silence lui-même ne saurait exprimer. Ta confiture, ma confiture, nos confitures… chercheuses de surfaces à tartiner, d’espaces libres de graffitis.

L’impossible ne peut se dire. Tout demeure coincé, engoncé sous les murs de la peau. L’inouï est de se comprendre malgré tout. Un peu, beaucoup…      

Nos paradoxes sont les zones rougies de nos accomplissements forfaitaires. Locataires que nous sommes à nous déployer grandeur nature de nos mers de tourment et de nos déserts où le sable a fonction de pellicule ensevelissant jusqu’aux ombres les plus pugnaces.

Nos mains, nos cœurs, nos visages, se croisent sans cesse. Nous habitons dans l’heure qui tourne et c’est nous qui tournons comme des aiguilles qui se perdent dans une ronde que le tic-tac égrène. Ta peau purulente de désir, ta chair frétillante où le cœur s’inonde de sang à chaque respiration, tes mots qui voudraient accompagner… Tout évoque le tremblement mais nous avons perdu la trace du chaos qui nous emporte. Ivres que nous sommes de nos impérissables consensus d’avec nous-mêmes. Un peu saoul, grisés, d’une apparence qui nous semble être une appartenance. Alors que nous ne possédons rien et que nous sommes vidés de nos jus et que nos flammes n’éclairent que nos soifs.

M’en fous. M’en fous bien de cette comédie indéfinissable. Les mots qu’on ne sait pas dire comme ceux qui ne viennent pas, je les inventerais. Je les gonflerais des méandres qui me traversent. Je te les livrerais sur le bout de ma langue. Une becquée pour toi, une becquée pour moi, une becquée pour la vie.

Nos corps se donnent. S’offrent. Et nos prières vont rejoindre nos lacs souterrains. Nos cendres complices livrées à la torpeur. Nos grimaces emmêlées. Nous réinventerons nos âmes pour que nos ondes poursuivent le subliminal qui nous transcende. Plus rien n’est obstacle entre nos minuscules vies et les salves fougueuses que rien n’altère. Le toujours plus de l’insatisfaction béante, l’insuffisance de l’affamé, la beauté du précipice qui nous attend.

La vie nous rassemble pour apaiser nos manques et pour adoucir nos peurs. Et nous volons plus que nous ne vivons. Légers comme des plumes d’anges, épais comme des embruns chargés de tous les gisements de l’univers. Le cœur posé là, pour dire ce que les mots ne savent pas.

Alinéa. Dans l’arbitraire de l’alinéa, dans le décousu de formes pyramidales se fatigue la langue. A sa pointe, la parole s’ennuie et le temps s’étire jusqu’au bout des horizons. Seul le brouillard chuchote dans le touffu des dissonances. Le mot se perd et avec lui, l’illusion aussi. Concordances précaires des registres des voix, l’amour se meut et se tortille comme un ver de terre sorti de sa cache. L’alinéa s’aligne sans se conjuguer. Saillant, il aurait pu dire ou évoquer.

L’absence s’arpente comme une nuit de crissement de pierre, d'un élan inébranlable. D’un élan pesé dans la légèreté des grâces versatiles qui concourent au paroxysme des choses et des êtres. Cette solitude peuplée de déréliction occupe toute la lagune. Sur la langue, les orties ne griffent même pas. Le lissé augmente la perte, provoque la glissade et amplifie la sensation immesurable du vide où l’on s’échoue. L’absence n’a pour mission que de maintenir présente en nous une toute petite flamme, une minuscule lueur que l'on aperçoit quelquefois sous les paupières de nos mémoires instinctives, derrière les vitres sales de nos maisons abandonnées où l’oubli en retrait croise nos visages d'aveugles.

Il faut aller à la ligne. Les mots comme les pas s’avancent. Ils augurent l’inconnu, inaugurent l’impalpable et franchissent les barrières virtuelles de nos déterminations à marcher avec la langue comme marchent les bergers durant la transhumance.

Il faut aller à la ligne suivante. Ouvrir la ligne. Ouvrir le vivant comme on partage un fruit mûr pour en retirer le noyau.

S’oublier soi pour laisser naître toute cette survivance qui nous remplit et nous déborde sans que nous puissions la saisir. Dans l’abstraction, le feu redevient le feu, le vent redevient le souffle, le cœur reprend la forme de son humilité à recevoir et à donner. Et la vie crépite de toutes ses bûches oubliées. Et la vie continue à nous surprendre, à nous emmener avec elle partout où nous avions cru à la dérobade.

Léger, le fourmillement qui tantôt agaçait nos membres endoloris disparaît et avec cette inertie redevenue flamboyante le vide devient aussi léger que la plume d’ange qui virevoltait dans notre enfance et que nous suivions des yeux le temps qu’elle se redépose en attendant un autre souffle.

L’alinéa est ce saut à pieds joints qui nous distingue du chaos. Ce repli conjurant le sort pour lui signifier le non renoncement. L’écart fragile où se déploie notre être. Juste pour être. Ce fin intervalle dans lequel je me confie au monde.

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Commentaires
B
Merci beaucoup à vous deux pour vos adorables commentaires !<br /> IF Arlésienne... donc voisine !
M
Quel bonheur toujours ici à vous lire... merci merci ... pour ce texte beau et dense
I
merci encore pour ce beau texte, que dire d'autre <br /> que je vous lis de ma retraite arlésienne et que cela est un grand plaisir cette énergie que vous faites passer dans votre écriture, alors oui merci pour ces beaux moments de lecture, vous êtes aujourd'hui mon seul livre
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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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