Persistance.
Mes yeux peuplés d’images, ma vie établie dans un lieu déterminé du destin, mon émotion déliquescente dans le rassemblement, dans le lien des formes et des sens, dans la ligature intangible des corruptions soumises aux désirs infinis…
De sorte que l’instant soit séparé du temps par l’accolade d’une sensation ouverte aux frissons. De sorte que l’exil soit une voyage, une navette dans la continuité et le prolongement de la quête inaboutie. Tel un hors de soi repoussant les limites et les frontières jusqu’aux marches de l’illusion féconde et des songes inavoués. Tel un mouvement à la poursuite d’un temps mort où se cachent tous les matins du monde.
Dans la vapeur du silence l’émulsion se fait sans bruit… gloutonnent les plaies, grésillent les failles, clapotent les murmures des tremblements qui nous parviennent par l’émission d’ondes intelligibles et immaîtrisables.
Le vacarme du vide rayonne comme un soleil de feu. L’à-propos résiduel nous surplombe. Brûle la résine du bois à l’incandescence du pourparler. Les mots sont chauds lorsqu’il s’agit d’interpréter la limaille rougie qui remonte à la surface. Nos lèvres brûlent, nos langues fourchent sur les braises, nos gorges sont des orifices, des conduits de cheminée, des grottes par lesquelles vient se livrer le récit des écritures maternelles, charnelles.
Chaque conte est une hypothèse. D’ailleurs, il était une fois la vie sur le prépuce du jour où s’accomplit vaille que vaille l’usure des griefs qui s’épongent comme des non-dits transportent le retardement des éclosions inattendues. D’ailleurs, les vagues ne soulèvent pas seulement l’écume, d’ailleurs la vie n’est pas qu’une mort ressuscitée, d’ailleurs te dire n’est pas qu’une racine déterrée au fin fond de mes jardins. La matrice est dans ce bain d’illimités. L’effluve mère absorbe autant qu’elle régurgite métamorphosée la flamme devenue couteau à dépecer l’ornière des méandres qui nous ensevelissent.
Ce qui est programmé se déprogramme inéluctablement au gré de nos tourbillons, de nos rixes avec le volatile des nos humeurs et de nos décadences à vouloir essorer la mer de nos désordres. Il y a aussi les erreurs et les urgences, les plaidoiries ingouvernables des répulsions naturelles, des enthousiasmes vainqueurs des scepticismes, des effrois malingres qui rigidifient nos esprits et nos corps d’une seule contraction en une larme d’agonie. Agonie comme décomposition, comme déclin et détresse.
Il y a le surgissement, dans la brusquerie ; celui qui rappelle si besoin était, que l’amour prolifère dans l’espoir. Que la banalité frise avec l’éblouissement, que l’écriture révèle comme l’entendu qui n’a pas d’autres voix, pas d’autres possibles que cette saveur parfois indigeste du hasard inscrit dans les empreintes de ce qui a souffert pour savoir nous dire l’exultation qui nous échappe. On reste là assis devant l’inépuisable.
Si nos enfances trébuchent dans le face-à-face, si nos comédies s’offrent au spectacle de nos propres tourments et si nous avançons à l’aveugle vers nos consentis les plus vraisemblables, alors, peut-être, nous nous inscrirons dans une attente qui ressemble au visage que nos instincts ont vus comme des ombres chinoises parodiant l’indissoluble d’une condition prisonnière qu’être est une rémanence inconditionnelle de la pudeur que la vie exprime lorsqu’elle est le seul dessin de notre artisanat à nous concevoir.