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LA COLLINE AUX CIGALES
13 août 2009

→ 110 – Dédales.

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Coins de toi où je me lis sans me savoir. Coins de promesses et d’inconnus où je plonge comme une rivière détournée de son lit. Lit de poussières et d’empreintes qui se livrent à l’aube comme des germes prêts à en découdre avec la terre qui les ensevelie.

Frontières d’eau pour le mélange des sources, frontières d’ondes et d’effluves sous le contrôle des peurs. Peurs de l’évanescence des ombres qui nous entourent comme des peaux épaisses devenues croutes, devenues remparts aux sensations fines que la coupure redoute.

Te dire dans le mot couvert comme un sacrifice inébranlable, inéluctable, la rumeur qui traverse les courants. La fibre pleureuse qui suinte comme la plaie d’un soleil trop bouillonnant. Fragments de nu où fricote l’ivresse de l’entendement que l’on suppute à coups de mots et de sensations incoercibles. Membranes d’air, filigranes insaturés des horizons vides de nos mouvements et qu’il faut remplir de nos états à être.

Coins d’audaces, coins d’envergures, coins de toi que ma langue lèche comme le sel encore humide des larmes de l’abandon. Oui, me livrer, se livrer à toi ouvre ma rizière béante où je cultive le visage de mes terrassements. Dans la fêlure, mes lèvres comme un abime d’où s’évade la voix enchevêtrée de mes labyrinthes.

Nourriture à mes désespoirs, et indispensable chair à mes déchéances non moins indubitables ; je t’aime dans une apocalypse où la raison ne peut témoigner de l’absolue folie qui grise la compassion de mes heures.

Poussières vives où s’inocule la lumière transfigurant les brouillards, l’encre qui écrit devient l’écorce sur laquelle je grave pour ne pas oublier le chemin par lequel je passe. Ou plutôt, non, pour me souvenir que j’ai vécu du trouble qui conduit à l’incertitude avant de m’échapper à l’indécision qui oscille de l’obscurité à l’équivoque dans un vacillement permanent.

Je déserte volontiers l’ennui que tout enclenche des noces de sentiments aux illuminations des chantiers du cœur jusqu’à l’épuisement des carences. Je renais dans la cendre du désir qui m’appelle à te saluer pour te revivre en des milliers de copeaux. Je ne t’aime vraiment que de tes fragments éparpillés et indissolus. Là où tu es mille et sans un, là où tu es répandue de ta sève, dans l’attirance d’une faille où tu t’ébroues de l’ébriété qui t’es vaine.

J’aime dormir hors de ton visage dans le nid de ton haleine, dans la veine muette, sourde et aveugle hors de tes songes. Au fond de ta gorge avec les oiseaux qui dévalent les horizons, dans ce refuge de confiance qui augmente et rétrécit comme une baudruche qui gonfle et diminue aux rythmes incertains des battements des cœurs et des saisons. Dans le dépôt qui peuple le granit de tes fondements. Là où tes coins sont des dédales inachevés et où nos bouches ont encore tout à dire.

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Commentaires
B
Merci à toi Désirée, tu me touches beaucoup.
D
Bonjour B. J'ai lu tout ce que j'ai loupé ces derniers jours, et j'abonde avec l'une de vos commentatrices: vous savez très bien parler d'amour. Chose beaucoup plus rare qu'on ne le pense. J'ai beaucoup aimé ce texte précisément pour les images lumineuses et très poétiques. <br /> <br /> "Coins de toi où je me lis sans me savoir"...entre autre.<br /> <br /> Bonne soirée
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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