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LA COLLINE AUX CIGALES
9 août 2009

→ 104 – A l’après.

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Comme une ébauche d’ardoise gommée tes yeux s’enrobent à une voguerie sédentaire, comme le brouillon d’une eau verte stagnante des sédiments prisonniers qui se libèrent en s’évaporant, comme une sieste contenue des élans de l’horloge de sable. Tu es là, dans la bordure du ciel, assise sur la craie d’une mer d’huile pourchassant l’infini de l’azur. Dans ton regard s’ouvre la brèche des temps incomplets, la faille du rapprochement qui distant toutes les distances.

A l’enquête de vie, l’émotion sourcille comme une pelure d’heures écrites sans retard sur l’eau où meurt le poids du vide.

Un cours d’eau parfaitement inconnu qui s’invente comme le halo d’un miracle dans le murmure des ruisseaux de lait.

Chaque nuit croit saisir la brusquerie du monde en un arpent de solitude molle, alors qu’il s’agit seulement de l’à-propos du rêve qui commence sa virée sauvage aux creux des lumières restées éveillées en toisant l’espace inconquis.

Dans l’outre-présence, le duel du temps, celui consacré et celui abscons de ses frontières infranchissables. Te donner, te dire et t’offrir se limitent toujours à l’étouffement qui m’inonde sitôt le temps écoulé, sitôt l’acte prononcé, sitôt le geste perdu. Comme le trop plein d’une chaudière, il faut que fuit dans un ailleurs renouvelé la saturation qui comprime. Une rectitude douce où se fige l’imaginaire du rêve léger, un lasso qui tient prisonnier la volupté du geste, l’effluve imminent des essences en ébullition.

Dans ce monde de l’après où la pression et la fusion ont produit l’énergie turbulente du soulèvement, je suis désemparé, démuni, comme un enfant inquiet qui aurait perdu la route de sa maison et celles de ses cabanes d’enfance à féconder sa propre histoire.

Dans la grâce, ta main tendue comme une hirondelle appelant la migration des espaces conquis. Mais le désemparement de la sensation d’appartenir provoque et accroît celle de se perdre, de ne plus se sentir, de ne plus se posséder. De ces lieux d’huile et de feu répandus comme des tâches grasses, les ailes du monde restent collées, agglutinées aux phares des océans de perdition.

La flambée réduite en cendre commence alors son ronronnement de clapotis. Dans la noire combustion du rouge qui finit sa course, l’accalmie des brûlures vives, le lit incandescent devenu foyer des vides-tout. Ta vie, la mienne, réduites aux charbons des éphélides qui occupent nos peaux comme des champignons de promesses futures.

Dans l’après, l’abandon de soi comme prémisse aux sursauts. Ensuite suit toujours. Le feu ne brûle jamais les chaînes d’espérance. D’un feu mort par trop d’étreintes et trop de fougues, la gloire d’être ressuscite dans les gorges ouvertes de l’ardeur à te faire vivre immolée dans le sarcophage de mon cœur. Dans l’après tout commence comme une première fois pourvue de la langue rose des destins et sur les lèvres du feu neuf se pose le clin d’œil d’une éternité renouvelée. Le souffle court rejoint les vents. Le feu ne manque pas d’eau, il fabrique les prochaines pluies.

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