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LA COLLINE AUX CIGALES
24 juin 2009

→ 68 - Tr’aimer.

Tamara_de_Lempicka

A la confluence du don, à la jonction du pathos, aux convergences des survies : l’autre que la pensée dévisage et que le cœur traite comme un encombrement, comme une surcharge nécessaire et utile…

A l’amour, à ses sentiments, ses perceptions, ses émotions, la manifestation d’exister dans la vie, dans un réel perturbant et perturbé… A l’amour, à son état d’être qui nous renvoie inéluctablement aux joies les plus fertiles, les plus fécondes et au désarroi imperturbable des effrois, aux douleurs de notre permanence à être.

Aimer et prendre conscience. Aimer et se sentir emporter tel un bout de bois, un bout de soi, sur lequel on a planté une voile. Nature à la dérive, parcourant les océans prégnants de l’intimité, de la fleur de soi, dans le déliage de nos héritages, dans la tourbe ferreuse de nos fondements, dans nos conversations silencieuses : aimer. Aimer jusqu’au destin des langues dans la transmission des pensées de chair, dans l’amour de soi et du monde.

Besoin compulsif de me laver par le feu, besoin des blessures de l’autre pour émanciper les miennes, besoin des vies qui m’entourent et qui me disent, aux creux de mon tendre, toutes les promesses d’où peuvent naître la menace.

Besoin du spectacle de tes yeux, des réminiscences de ton souffle, besoin de partager cette ressemblance dans laquelle s’engouffrent la peur et la crainte, besoin de me fondre pour oublier un moment que je suis seul. Seul de mes méandres, de mes traces crevassées, de mes contradictions à paraître, de mes fracassements sur la roche des rives hostiles. Seuls de mes fragments et d’autant de sarments de vigne où le vin se récolte comme une lie ostentatoire.

Dans le prépuce de ta voix, le murmure qui susurre la blessure qui te nie et t’adule, le son premier, original, où s’ajoute le refus, la révulsion et le malaise d’une unité revisitée par ta langue, par ton tremblement, par la déchirure des échos où résonnent les similitudes. T’aimer est la rencontre de ton énigme. Tu es mon risque choisi, ma défenestration consentie, dans cette approche où l’infinitésimal se conjugue aux plaies et à l’espoir des cicatrices. Tu es mon attente précieuse où se dénoncent mes fripes et mes cartilages inhabités à la frontière de mes certitudes encore incertaines. Tu es ma quête à l’absolu de mes prières. Il y a dans toi mon consentement à mourir. Sinon, la nostalgie où s’égare le décisif de moi-même.

Ma vérité est dans ta vérité, au-delà de toute vérité. Fusion incongrue où s’efface la couleur pour dire le goût de la couleur. Tu es cette réduction par laquelle bizarrement je m’amplifie. Source des sources où tout ce qui est faux devient un vrai possible.

Aimer m’affirme de ce qui se détruit en moi, de ce qui me dépossède en me possédant d’une puissance immaîtrisable. Tu es ma meilleure fuite, mon grenier à étoiles, ma cave à explosifs, ma lueur incarcérée au bout du rêve qui s’incarne.

Ton cœur est ce regard qui me dépouille, m’oblige à la nudité des paradoxes, à la contrariété des oppositions, des contradictions insoumises aux sentiments qui ruissellent comme des poussières de délestage, du nettoyage du sang qui transporte mes siècles à te chercher, à te consentir.

Dans l’humaine saga des friches et des rituels, l’audace te gravite comme un papillon blanc que la neige absorbe. Si tu savais combien je redoute ta caresse, si tu savais combien je me plie en minuscule et me déploie comme les plumes d’un faon…

Communion du soupir des effluves, le voile discret d’un voile de rien, la réponse aux doutes vénéneux, la brise parfumée d’une liqueur sans liqueur vampire de mes soifs. Le filigrane est l’ornement de tes courbes qui révèle l’union où s’atteignent les oripeaux irréguliers dont ma langue cherche par delà le sacrifice à te dire l’acceptation.

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Commentaires
B
Ouille : Merci de tes mots. Gaulois sans sms, je ne redoute qu’une chose, c’est que le ciel ne se déploie pas telle une aventure légère, mais tel un miroir écrasant le désir.
O
ils ont raison, c'est un véritable baiser d'amour. <br /> j'en connais qui aimeraient les offrir.<br /> déplie toi<br /> lol, en sms, ça fait "t bi1 mn ange, je tm, bizoux"<br /> soleil au ciel aujourd'hui, déplie toi et offre une prise à sa caresse, celle qui éclaire qui réchauffe sans avoir besoin de la redouter. <br /> Bonne journée
B
A tous : Merci à chacun, merci de vos commentaires. Un plaisir pour moi de vous lire.
B
Superbe, à aimer, tellement. J'en connais beaucoup qui aimerait se voir offrir de tels mots, ainsi. Chapeau ;-)
P
Huuum que c'est bon de tr'imer:)<br /> non,soyons sérieux, un texto magnifico!
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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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