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LA COLLINE AUX CIGALES
22 mai 2009

→ 33 - Où que j’en sois…

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Dehors le lieu des attirances, dedans le monde des projets clos en jachère. Dans l’instant, le cri abolit les distances. Soudainement, sous les paupières, passe le mot qui a retenu l’image. Dans ce large cimetière où reposent comme un flot ininterrompu le souvenir des temps morts, leur appétit goulu à croquer les graines défaites de leurs promesses. Dans la nuit de soi, une d’elle, plus sauvage et plus téméraire remonte à la surface des trous noirs et vient flotter dans la pensée où elle n’était pas attendue. Réveillant aux mémoires d’outre-temps la rime ronflant sans bruit de ce qui s’était apaisé.

Tu es revenue, là, toute entière ou presque, avec tes sourires de misère et tes joies écorchées à grappiller cette insuffisance des jours. Tu es revenue à ces compléments indéfinis qui donnent sensation à être plus grands, plus copieux, plus vivants, plus entiers. Absolus.

Désordre.

Les yeux fermés, les bouches pliées, les mains pendantes… D’autres que nous se sont essuyés de leur désir comme on le fait après une bouchée trop grosse, trop volumineuse pour savoir l’avaler toute entière d’un seul coup.

Toi qui te jettes d’un pont, moi qui cours dans le précipice. Où te caches-tu ?

Dans le retard des paroles, le mot qui cherche. Le regard à l’affût.

Que de pluie, de parois, de creux et tout cet invisible qui remplit les yeux !

Dans cet écho où je suis, le labyrinthe est plus grand. La moiteur des espérances aussi. Nos mots nous abolissent. Que dis-tu…

Ce qu’il faudrait, ce qu’il aurait fallu…

Peine perdue. La peine à peine vaillante, titubeuse de sa perdition. A ne pas savoir laVAL_Nu_couch___au_tapis_rouge_1909_ vivre, la perte occasionne un tel trouble assailli, que tout se fige à l’instant de déglutir l’assaut et la surprise. L’émotion dépouille la raison. L’émotion va plus vite que la pensée. Seuls les frissons raisonnent. Mais à petites doses et sans cohérence.

Nos voix viennent de nulle part. Nous sommes seuls, désespérément seuls de nos chaos. C’est juste si sur la page de nos récits s’inscrit le vide de nos trajectoires à nous déployer d’une vase sournoise à un ciel imbibé de soufre.

Réponse avoisinante :

Il est des mots qui chassent le temps aux affronts de la gaspille. Des mots frondeurs et récalcitrants ne cherchant nulle fuite, au mépris des réels arque-bouter aux images de cires fondantes. Il est des mots de gomme qui effacent les contours où se rogne la discrétion de soi dans les plis des expirations de longues bouffées.

Ce qui aveugle n’est point le silence lui-même, mais le sans bruit qui nous ressemble. Ce qui aspire demeure muet malgré la rime imprégnée à la chair, malgré l’échéance du dire qui danse dans les veines des ressentis inaudibles.

Alors s’espérer, alors soupirer de ces étincelles pareilles aux clinquants artifices qui hantent l’écorce des rêves. Alors se brimer de ses flux ou se délester de ses éclats et lâcher les langues aux soifs de l’irrésolu cloué à l’intranquilité des confidences.

C’est la nuit que nos corps sont nos espaces les plus insurmontables. Ils écrivent dans le silence d’un dehors reclus aux sommeils des histoires que les rêves parachèvent dans un théâtre d’ombres. C’est la nuit que nous nous habitons le plus de nos incapacités à arracher à nos lignes de fuite le béton mort qui occupe nos semelles. C’est la nuit que nous re-rentrons dans nos cendres pour en chercher la braise.

Alors, feu sans vie,

je ferme les yeux et je t’attends.

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Commentaires
B
Bougrenette : Nos voix viennent de nulle part. Nous sommes seuls, désespérément seuls de nos chaos.<br /> L'idée n'a germé qu'après. Et comme souvent plus pleine et plus dense qu'au début. <br /> Mais je doute que cela soit une réponse appropriée. <br /> C’est la nuit que nos corps sont nos espaces les plus insurmontables. Ils écrivent dans le silence d’un dehors reclus aux sommeils des histoires que les rêves parachèvent dans un théâtre d’ombres.
B
La réponse méritait une place ici, où c'est d'ici qu'est venue la réponse, dans leur coffret, d'autres mots tout autour, "il est des mots", qui touchent tout particulièrement. Et comme souvent sans savoir que dire ...
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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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