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LA COLLINE AUX CIGALES
22 avril 2009

C095 - Une prière au rebut.

WilliamBouguereau_TheBather_1879Small

Il aurait fallu une vie sans corps, sans l’embarras des choses sensibles pour saisir l’existence dans toute sa nudité. Le désir a tant de vanités. Il ne sait plus s’il doit cueillir dans l’immensité improbable ou dans la réduction de l’inconnaissable satiété. Le laisser dire ou le laisser faire est vaine poursuite de vérités installées. Les mœurs sont des syllogismes où le talent reste inachevé.

Ta peau douce comme un galet lustré par les mains qui l’ont usé ressemble à une couverture de talc sur la peau des nourrissons que l’on protège de l’inflammation de l’air. Il aurait fallu se mettre à l’abri du fouet des heures, nos faiblesses sont comme des boucliers de pacotille, l’air nous grignote et le soleil nous cautérise. Nous sommes toujours là, assis sur le rebord des lumières à attendre. Nos pourparlers avec nos démons et nos frasques utérines accentuent nos plongées et nous devenons des ventriloques à dire le senti qui anime nos méandres glauques. Les mots deviennent alors des remparts, ils habitent l’armure de nos déceptions.

Tes seins ouatés comme deux yeux ronds que des paupières en peau de poire recouvrent, pointent vers l’aveu des mascarades et secrètent en silence des liqueurs de venin. Tendre vers l’espérance d’une solitude active qui tend la main au monde trouble la vigilance des instincts. Nos poitrines sont des façades trouées, nos chairs désertées de raison offrent à nos faiblesses la fragilité des sensations qui retournent les peaux sur un extérieur qui brûle.

Ton ventre nourri de grains broyés à l’enclume des désespoirs est un champ de coquelicots rouges comme le ciment d’un ciel de crépuscule qui attend la nuit pour pleurer le sang chiffonné des griffes de l’insatisfaction. Le réel prisonnier des rêves est dans ton regard une fêlure où s’engouffre la vie et la carence est ta première syllabe. Ta peau retient un monde en ébullition.

Ta langue porte le fardeau. Le grumeau s’épaissit sous les masques. L’indigeste au paravent des citadelles a le rictus des insomnies sur le coin de tes lèvres. Tu voudrais mordre la miette visible de la torpeur qui te rigidifie comme une statue de sable et laisser la vague prolongée te transpercer. Le cœur dans la paume de la main cherche l’épissure pour que ta bouche ouverte à la perception de la chair qui se divise, puisse naître de ce qu’elle hésite.

Fille de paroles incertaines le défi incombe à la nécessité incontrôlée des rumeurs de la terre qui s’offre aux bras de la mer. Là où le ciel rencontre les vergers florissant des batailles pour réapprendre la paix.

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Commentaires
B
@ Arthémisia : Oui, l’acte est la prononciation ordinaire. La bataille est probablement dans la dominance Nietzschéenne du Dominé/Dominant et du surpassement pour atteindre une possible évacuation de son propre dépassement.
A
Peut-être un sentiment d'action aussi, de faire, qui comble le sentiment du manque dont tu parles. C'est à aussi que se trouve peut-être la bataille?
B
@ Arthémisia : C’est la prière du rebut. Que devenons-nous de nos corps en transit de sensations et de perceptions ? La vie n’est-elle qu’un sentiment ? (un sentiment de manque)<br /> Il ne peut y avoir de paix sans batailles. Tout comme il ne peut y avoir de renoncement sans choix.
B
@ Frédérique : La paix est volatile. Elle nécessite l’acceptation de la mue permanente. Nos hésitations nous laissent souvent à un temps de retard que nous essayons de compenser de nos projections. Décanter est alors, sans doute, notre alternative.
A
Cet "il aurait fallu..." n'est qu'un hymne à la femme en forme de renoncement impossible.<br /> Merci pour elles.<br /> Arthémisia
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