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LA COLLINE AUX CIGALES
19 avril 2009

Maria ZAMBRANO

« Écrire, c’est défendre la solitude dans laquelle on se trouve ; c’est une action qui ne surgit que d’un isolement effectif, mais d’un isolement communicable, dans la mesure où, précisément, à cause de l’éloignement de toutes les choses concrètes, le dévoilement de leurs relations est rendu possible. Mais c’est une solitude qui nécessite d’être défendue, ce qui veut dire qu’elle nécessite une justification. L’écrivain défend sa solitude en montrant ce qu’il trouve en elle et uniquement en elle. Mais pourquoi écrire si la parole existe ? C’est que l’immédiat, ce qui jaillit de notre spontanéité, fait partie de ces choses dont nous n’assumons pas intégralement la responsabilité parce que cela ne jaillit pas de la totalité de nous-mêmes ; c’est une réaction toujours urgente, pressante. Nous parlons parce que quelque chose nous presse et que la pression vient du dehors, d’un piège où les circonstances prétendent nous pousser ; et la parole nous en libère. Par la parole nous nous rendons libres, libres à l’égard du moment, de la circonstance assiégeante et immédiate. Mais la parole ne nous recueille pas, pas plus qu’elle ne nous crée ; au contraire, un usage excessif de la parole produit toujours une désagrégation ; grâce à la parole nous remportons une victoire sur le moment mais bientôt nous sommes à notre tour vaincus par lui, par la succession de ceux qui vont soutenir notre attaque sans nous laisser la possibilité de répondre. C’est une victoire continuelle qui, à la fin, se transforme pour nous en déroute. Et c’est de cette déroute, déroute intime, humaine - non pas d’un homme en particulier mais de l’être humain, que naît l’exigence d’écrire. On écrit pour regagner du terrain sur la déroute continuelle d’avoir longuement parlé. »

                             - L’inspiration continue -

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Commentaires
B
@ Ile : merci de ton appréciation.
B
@ Montag : Admettons que c’est plus qu’une reconnaissance de la part de Cioran, lorsqu’on sait combien il n’accordait aux mots qu’une valeur dévoyée de sa source et reconnaissons à cette Maria philosophe une approche extrêmement sentie de l’écriture.
M
Ah ! Maria Zambrano ! la seule philosophe féminine qui vaille la peine selon Cioran ! Un peu réducteur notre roumain, mais la lecture de M. Zambrano vaut la peine, sans nul doute et ça fait bien plaisir de voir son nom inscrit...ici, ou bien là. Merci.
I
Merci pour vos passages sur mon blog. <br /> Il y a ici, dans vos réflexions, un tissu serré et intéressant que j'apprécie beaucoup.
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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