C037 - Mot dit consent ?

Un mot d’existence. Un mot plus grand que l’existence et qui cependant n’existerait pas sans elle. Au tourbillon des paroles nos mémoires suspendues au rêve de se raconter. Pour dire. Dire du jour l’étincelle qui l’éclaire. A contre temps, ourlé dans la mélasse des âges, il mesure sa grandeur d’être sur les troncs d’arbres coupés en comptant les stries de son usure.

Un mot pas plus grand que ça. Un mot où s’engouffrent tous les horizons, toutes les mers, toutes les solitudes. Un mot si simple qu’aucune expression ne sait le dire. Un mot de silence que le silence coud aux ombres des paroles de lumière que ta peau siffle à la mienne dans un grand frisson où les limites s’évanouissent et où seul ton cœur à l’errance des formes buissonnières de l’imaginaire dit le souffle éternel qu’il remplit. Un mot sans chapelle, sans mausolée et sans tombe. Un mot, un tout petit mot sans attache, sans virgule, sans prétention et sans complication. Ce mot que chacun détient sans le saisir, dit sans le dire, occupe sans l’avouer vraiment. Un mot, le mot, ton mot. Celui-là ou un autre, mais sa structure, sa chair, sa glaise, son firmament offre au langage des hommes d’expier leurs souffrances et de s’illuminer de leurs joies. Le mot que chacun cherche et transporte sans le savoir, sans le connaître, sans le vouloir ; le mot sans définition qui définit tous les autres et que nos bouches ouvertes enflamment de synonymie gonflées de métaphore. Ce mot là, c’est toi, c’est moi, c’est le peuple entier des hommes qui est hanté par la mémoire inconcevable de nos poussières millénaires.