Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LA COLLINE AUX CIGALES
12 février 2009

C021 - Parole de silence.

Photo_025

Un silence est dans sa défaite la manifestation inavouée à répudier toute parole. Un silence qui ne s’interroge pas est comparable au silence des profondeurs de l’océan. Un silence est comme l’absence, il renouvelle ce qui est pour ouvrir à la transformation. Ce silence est mutation. Je ne t’entends pas et cependant ta voix me transperce. Je ne te respire pas et pourtant ton souffle m’envahit. Je dois, sans doute, être au-delà du silence, dans l’amplitude de mes sens qui me transfigurent à être aux lisières de la nature des choses. Nous l’avons compris, le mot est souvent une bataille. Et partout où nous nous taisons ensemble, c’est un abordage de fulgurance où nous développons sous le couvert d’un rythme analogue nos propres éclairs. Tu es ma foudre et mon osmose. A l’empreinte de l’obscurité, tu te déploies comme le chant d’un débordement et me voilà à l’éclaboussure de tes escadrons d’écumes. Nos silences en devenant complices débordent nos mots fiévreux qui se replient comme des accordéons. L’empreinte est là, aux refuges des plis de l’air qui nous attache. Nos souffles sont ceux des chevaux de flammes qui courent sur cette plage déserte offerte aux blancs et aux bleus qui s’épousent.

Le manoir de l’eau n’a plus d’altitude. Et les vagues crépitent comme des cendres chaudes rougies par l’attirance, nous voilà miroir des alouettes, visage contre visage, sourire sur sourire, au cœur de nos transparences. A l’errance des mers, sur la butte de notre existence, sur les dunes amoncelées de nos réfutations devenues de simples grains de poussière. Nomades malgré nous, vagabonds de nos nuits cachant nos entrailles dans son enveloppe de noir épais. Dans la maternité de nos faiblesses, de nos sensibles couches de peau comme des paupières fines où l’excès s’appelle passion et où l’énigme d’être à ce lieu, à cette heure, s’inscrit comme le paradoxe de la fureur qui le meut. En cet espace, toute parole est une relation avec le désastre où s’immolent nos innocences. A l’avant goût, le dérisoire, à l’après goût, la redéfinition de nos affirmations de l’enfance. Les mots sont les brèches de la parole où s’engouffrent nos mémoires incertaines. Il n’ y a rien à dire. Se taire jouxte l’inachevable parcours et je me frotte à toi comme un papillon gratte sa chrysalide. De nos fontaines, nous regardons l’eau couler dans l’eau et c’est la trace que laisse l’onde sur nos chairs nues qui déshabille l’invisible où nous logeons. Notre signature est le vide que nous remplissons de nos baisers. Au pareil de l’idem, nos solitudes nous démasquent et je navigue au fond de toi comme dans le temps divisé de nos éphémères appartenances. L’allégeance se souviendra de cette liberté où se creusent nos soumissions. L’emportement nous éparpille et nous distribue là où il est impPhoto_023ossible de se préserver sans mourir mille fois. Et nous rions à cœur ouvert de ces dilapidations, de ces accidents où la puissance de la vie nous domine. Reviendrons les mots dans leurs minuscules gangues pour nous chuchoter où se niche la joie sous le trait d’ambre de nos révoltes à nous dire pour raconter le redoutable de la torpeur qui nous rend immobile. Toi et toi, moi et moi dans une bulle qui sieste au soleil. Toi et moi au participe du présent encadré de la succession de nos présences éclatées comme des fruits trop mûrs. Ensemble, réunis, nous égrenons les cailloux du ciel pour que nos pluies soient légères. Et tes mots deviennent les mirages de mes déserts et je suis plus que l’informulé de tes plaines.

Publicité
Commentaires
B
Il est des paroles sucrées comme d’autres sont venimeuses. Celle du silence à la propriété de nous muer hors de nos mutismes. Et si le mot est souvent une bataille, le silence, loin d’être repli, nous accorde à nous-même pour peu que nous soyons la vie en notre propre nature.
L
La parole de silence est parfois aussi douce qu'une caresse..
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 207 345
LA COLLINE AUX CIGALES
Publicité