Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LA COLLINE AUX CIGALES
9 février 2009

C017 - Tes mots.

Photo_002

Dans les jours les plus blancs comme ceux où la lumière est si dense qu’il semble y avoir un voile sur son spectacle, je suis resté aveugle, ne voyant que les formes floues des ombres. Avec dans l’esprit des projections incoercibles sur un avenir plus qu’incertain, j’imaginais la vie s’installer sans moi. Et puis, un autre jour, à genoux dans mes rêves, c’est la vie qui a pénétré. Elle est arrivée comme un grain soudain avec sa grêle d’averse dense. Déployant partout à l’horizon des cristaux de glace givrés donnant à l’horizon une myriade d’étincelles comme si les étoiles étaient descendues du ciel. La parole pris du sens dans tes mots. Il me semblait les entendre tous vivants. Portant chacun d’eux, une part d’ivresse ou d’attente, ou bien même de promesses florissantes qui donnaient à mon imaginaire un développement encore plus intense que la réalité même. Certains d’entre eux étaient des tonnerres et ils éclaboussaient les mots comme peut le faire une fontaine qui a un trop fort débit. Très vite, tu es devenue mon livre préféré et je t’ai lu à n’avoir plus de yeux. Très vite chaque mot que tu ajoutais je le buvais comme si le précédent m’avait desséché et que ma soif était devenue plus immense. L’amour s’était installé dans mes veines et courait partout à vive allure. J’avais le pouls de tes phrases à la place du cœur. Il te suffisait de déclamer des mots sans peau dans le vif de mon sujet pour que décharné de toute part je m’enflamme d’une brûlure aussi profonde que l’antre de mes terres. Jadis, j’avais hurlé à l’horreur de tes silences qui provoquaient en moi des spasmes à n’en plus finir et aujourd’hui je suppliais la vie d’effacer une partie de ton exubérance tant son flot abondant me décapité l’épiderme devenu sensible et fragile. C’est qu’à trop t’habiter de mes propres espérances, j’avais sans doute mis de trop ma faiblesse à nu. Et dans cet état ce qui m’avait paru antérieurement comme un délice devenait peu à peu une souffrance intolérable.

Et toi, tu avais mis si longtemps à amorcer ton moteur qu’aujourd’hui il s’emballait sans que tu ne puisses plus le freiner. Il fallait que cela sorte, que tout sorte d’un jet irréprimandable. Et nous sommes passés d’amants dans l’ombre à amants en plein jour. Cela fût si rapide, si étonnamment surprenant que nous étions saisis comme givrés instantanément, congelés par une température excessive arrivée d’un seul coup. Nos réflexes et nos désuètes protections étaient des remparts si fébriles qu’ils volèrent en éclats, brisés en mille morceaux comme un vase de porcelaine éclaté. Et pourtant qu’est-il de plus doux que de goûter aux fruits de nos désirs afin de nous en affranchir ?

Il y a toute l’étendue des rêves pour offrir au réel l’illusion d’être à lui tout seul le vainqueur. PIMG_0025lus l’on se défait du monde plus il nous transforme à être de lui son empreinte. Plus on se rapproche plus on s’éloigne comme répulsés par la force des aimants d’ondes identiques. Il nos faut croire à l’ambition de nos différences, si nous voulons nous épouser de ce que nous sommes. Ta parole c’est la lumière qui éclaire ta source. Je ne peux la boire sans m’éjecter hors de moi. Ta voix est la musique du souffle que nous devenons et l’on ne boit pas un souffle, on le respire.

Publicité
Commentaires
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 207 345
LA COLLINE AUX CIGALES
Publicité