C015 - Vers la délivrance.
Dans le confinement du petit jour la cadence des murmures saupoudre ta peau des perles de l’oubli où se dévoilent les traces encore fraîches de l’usure des gestes du temps. Dans l’absence de mesure tes souffles s’épongent à ton ventre, oasis ineffaçable de tes déserts arides, desséchés par trop de délivrances, trop de délit de fièvre, trop d’ablutions corrosives. L’épreuve de l’exaltation des chairs récite dans le silence de tes lèvres un chapelet de baisers où se multiplie l’ardeur et l’érosion des ouates douces et nacrées. Tu dégrafes aux souvenirs de celle que tu étais et que tu n’es plus, aux soupirs de tes tremblements qui eux n’ont pas changés. Ce matin dans tes yeux la Durance continue à courir vers le ciel et tu te délivres d’une entrevue avec toi-même pour mieux accueillir la promesse qui loge ta gorge et tes seins comme si de tes ténèbres tu puisais toute ta beauté. Dans tes sentiers aux terres engourdies, pleurent des larmes dans l’étui de tes neiges d’enfant où le feu s’est tu. Dans l’hiver le soleil a toute sa raison d’être, plus qu’en été où les jacassements des bouffées chaudes n’ont rien de nouveau à dire. Ta langue abrite les rendez-vous avec ailleurs et reste fort close. Et tu t’émeus d’avoir tout perdu à l’échec des tentatives, aux naufrages de tes fruits d’abondance. C’est la rétention de l’impossible que tu gifles de tes éclairs comme les grains moulus de ta farine du réel. Tes vœux rejoignent la lune dans ses quartiers dépeuplés et tu laisses aux étoiles le soin d’allumer le vide pour mieux tuer le temps qui ferme au nouveau tout son avenir. Tes mains s’offrent à l’abandon pour mieux fredonner la disculpation à la tristesse des modifications auxquelles on ne peut échapper. Tu t’inventes dans le frémissement qui s’affronte à la découverte. Tu es ton propre témoin, tu es ta propre charité et tu t’apprends à débusquer ton silence pour vaincre ta solitude.