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Il faudrait pouvoir dire l’éclipse qui donne à la mémoire une couleur de palissade lorsque l’effondrement se discrédite sous les tonnerres des avalanches et puis pouvoir vider les parfums des histoires qui se sont inscrites sur les mots que l’on promène du bout des yeux sur nos rendez-vous posés dans l’attente discrète de nos désirs mélangés aux feux. Le baiser fuit l’ennui et meurt dans la nuit. Dans l’ombre les mots ne sont pas les mêmes, ils murmurent des miroirs sans tain où la mer vient mordre le silence de nos ajouts à vouloir dire toujours comme si nous étions les enfants immortels des jours qui se bécotent les yeux fermés donnant à l’amour des mains de bébés jouant avec nos bouches sans étoiles. Nous écoutons pourtant la même chanson d’intranquillité sur les murs de nos vastes prisons où n’en finissent pas de geindre nos frissons que les tremblements dépossèdent de leurs peurs toujours envahissantes. Au creux de nos dires à s’essouffler d’étourdissantes prières dans les verres de vins noyant le désespoir au fond des alcools vaporeux et de nos crânes d’albâtres où dorment profondément nos aveux d’éclair insolents. Nous finirons nos cris sur la rampe de lumière aveuglante pour terminer nos courses de frégates sans eau dans la fulgurance de nos océans où tempêtent les vagues de nos hurlements silencieux. Petites écorchures aux plaies vivantes d’une mort qui nous trésaille sans attendre l’aube de nos soupirs, nous voilà sur la pointe des pieds à ramper dans nos propres violences à déchiqueter nos rêves comme des loups sauvages que nos appétits carnassiers ont réveillés de leurs tombes humaines.