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LA COLLINE AUX CIGALES
7 décembre 2008

T628 - L’opulence de la contradiction.

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Il me faut sentir chaque chose de ce monde que mon cœur respire. Trop souvent accablé des tristesses qu’il convient cependant de taire. Il faut tant épuiser le chagrin avant qu’il ne consente à replier ses ailes de vautour à survoler sa proie fragile à être surplombée par la mort. Je m’habite dans une telle inconstance, une telle instabilité et dans une confidence aveugle de ses formes. J’ai vécu longtemps furieux des désespérances qui s’agitaient en moi comme s’agglutinent des gouttes de pluie qui font déborder le vase. Dans l’instant des dégoûts par lesquels s’engluent l’esprit noir comme des corbeaux accompagnant la litière d’un dernier sommeil. Je crois en l’amour.

Sans doute aurais-je confondu longtemps les sentiments qui me transgressaient à aimer avec une tachycardie sentimentale. Sans doute aurais-je déployé trop d’énergie à me faire aimer pour ensuite influer à me faire désapprécier du sentiment que j’avais précédemment nourri, de peur qu’il ne m’enflamme trop complètement et qu’il me consume de ses puissances incontrôlables. L’illumination m’a toujours déjanté pour me laisser dépourvu et ne vivre que le redoutable qu’il y a de cet émerveillement. Il m’aura fallu presque une vie pour accepter. Pour apprendre à recevoir. Pour laisser la douceur m’intégrer, s’immiscer en moi jusqu’à devenir mienne. Encore aujourd’hui, il m’arrive de trembler à ressentir le hurlement d’être pénétré, perméable aux douceurs que l’émotion de mes yeux d’enfant reçoit comme un cadeau que la vie nous offre de temps en temps. Me reste cette douleur que les fuites n’ont su combler. Dans ces sécheresses inavouées j’ai tant noyé mes troubles inapparents, mes déchirures impalpables, que mon désert recouvre des milliers d’os brûlés, il est un cimetière de toutes mes sensations que je n’ai su vivre.

Aujourd’hui ouvert comme une plaie sans douleur, j’accueille mon passé comme un devenir. Le temps et les chocs m’ont ouvert. Grâce soit rendue à je ne sais quoi, il me semble maintenant regorgé de tout ce que j’ai absorbé. Mon cœur essoufflé persiste à battre dans l’étroitesse. J’occupe tant de place en moi, que je suis sans doute le tout premier de mes étouffements. Je ne sais toujours pas me répudier avec suffisamment de force pour m’habiter autrement que de tout mon espace. Prudent aussi à ne pas m’exulter de mon propre noyau, de crainte de ne plus être nulle part, rejeté définitivement aux balayures de l’existence. Dans les méandres de l’inutile, je me promène de mes actions cherchant encore probablement à rompre avec la brisure de l’acte lui-même, celui-là même qui chargé de mes pensées va dessiner mon propre théâtre, ma propre comédie, mon propre mensonge. Je suis celui dont la vie s’est incrémentée à ses propres dépends dans la fourberie du grotesque. Incapable de savoir nager en des eaux tumultueuses, toujours voué à l’incertitude qui fait douter jusqu’à la moindre poussière des déserts qui attendent leur petit prince. Ce n’est pas à l’envers que je me suis poursuivis, mais contre. Contre mes essences. A ne savoir conjuguer ce qui m’était possible de ce qui m’était permis. Le long lit du fleuve à s’autoriser a tracé l’indélébile sillon qui gravite mon globe, ma terre, et qui bascule mon enfance directement aux spectacles singuliers d’un homme aux lacets défaits qui poursuit sa route en ne regardant que devant. Il serait trop douloureux de transporter la mémoire tout en la regardant droit dans les yeux.

Je n’ai pas seulement bu du vin, j’ai aussi avalé la bouteille et aujourd’hui elle flotte27092810_m avec dérision comme messagère de ce : tu ne te retourneras point.

Je n’ai donc su que confirmer les événements que j’ai traversé en imaginant que j’étais porté par les courants de mes petites aspirations à me concevoir, moi qui cherchais au creux de ma rêverie et de ses féeries la possible sensation de m’apprécier dans le miroir de mon silence. Se déchirer de ce qu’on n’est pas dans la probabilité de ce qu’on pourrait être renforce mon désir à ne plus comparaître autrement qu’imbu de mes essentiels à défroquer les grelots de leurs carillons pour les remplacer par la ouate blanche de mes frissons déshabillés de toutes raisons. Je féconderais à l’instinct.

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