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La vie en douce s’écoule dans les spasmes indolores que la conscience a de faire exister les choses. L’acte se détache de soi pour transmettre ce qu’il a cru vrai parce qu’il s’est organisé dans nos âmes.
Tout ce qui commence semble si léger. J’écoute mon désir qui ne m’amène nulle part. Celui là est resté inerte, il gît là dans un recoin, à l’abri du temps et des tourments qu’il engendrerait à se libérer de son aphasie. L’immobile a cela de calme, rien n’y bouge. L’abri protège des réminiscences éventuelles et des orties probables de l’acte. Le sang n’est ni chaud, ni froid, et je peux contempler à satiété les ruines éparpillées de mes combats et de mes défaillances sans qu’ils n’altèrent ma sensation de répit protégé. Dans les plâtres du ciel, les étoiles ne se risquent à aucune étincelle et le soleil caché derrière le mur de marbre de l’horizon est fort occupé à réchauffer la part qui nous échappe. Je dénoue et renoue le repos pour en faire une pelote où s’allient la berceuse du temps et le rêve creusé des mers au fond de l’amour. Je ne sais si les eaux profondes ne seront pas à la surface lorsqu’il me faudra reprendre le pas des aiguilles qui tournent la constance autour du cadran. Qu’importe. Je suis dans la tenaille de mon ventre sans vertige. Le silence s’est allié à mon espoir. La vie en douce s’écoule et j’écoute des gouttes la naissance des ruisseaux. Il fait bon et je dors.