I154 - A l’infini définitif.
Il y a des ciels de semence même en plein hiver. Des horizons de blé jaune et craquant, des livres de pages blanches illuminés du sillon de tes yeux à inventer l’écriture invisible matrice que ta poitrine ressasse.
Ta vie s’écrit sans chercher le mot.
Et si je viens d’ailleurs c’est pour rentrer dans tes yeux plus qu’une lame de jour et plus qu’un adieu de larmes.
Et si maintenant tout est si vide c’est pour tu occupes tout le temps qui s’ouvre.
Rappelle-toi ; l’enfance a survécu de ses chagrins, nous survolerons nous aussi les lunes grises que nous pouvons déjà racler comme le fond d’une marmite.
L’émotion accomplit ce miracle que de faire vieillir toutes celles qui l’ont précédées.
Dans aimer il y a donner la vie. Plus que la vie même. Plus que la respiration des promesses de tous les vents. Tes mains sont des oiseaux qui sillonnent mes reliefs. Tes ailes renversent le ciel pour me porter à terre et me jeter à tes pieds.
Tu es tellement amour que l’amour ne croit plus en toi. C’est toi qui l’habite et lui qui te dévêt. Une vie entière reste accrochée à un seul de ces instants.
Mes cris sont jaloux des tiens et tu me traverses comme un feu s’enfonce dans le soleil et tu fais éclater ma boussole. Les quatre coins du monde sont le carré de ta profondeur. La surface identique des lignes qui se tiennent par la main. Ma vie et les fleurs se battent comme les hommes luttent à la tempête pour ne pas chavirer au chaos.
J’ai la pluie de ton souffle dans ma gorge pour arroser mon horloge. Je sais à présent que l’infini à ton nom.