I140 - Ecoute-toi d'ailleurs.
Ecoute-toi dire, faire, penser, affirmer, contredire. Ecoute-toi de ce que tu ne peux entendre, aveugle à tes sursauts, glacé de tes brûlures. Ecoute-toi dans ton ventre à gorgeons, à avaler la lourde goulée de tes prières, de tes espérances, de tes nids d’oisillons encore aux plumes de leur mère. Ecoute-toi être dans tes eaux stagnantes, là où le nénuphar s’abreuve du silence des ombres fertiles. Entend le grondement des miracles que l’émerveillement accueille dans ses tempes de nacre. Entend la marée qui étuve de ses soupirs l’onde salée qui embrasse les narines des souffles partis vers des îles où le vent se culbute aux murmures de l’entredire. Entend la survivance endurer les flots qui jettent à la débâcle les heures bâties aux saccades enchaînées des résurgences inextricables des peaux plongées aux embruns devenus les manteaux couvrant les frissons des rêves inexploités. Et brise ta soif, et brise ta faim à la table de tes guerres. Franchit l’aube comme un soleil se fracasse à l’horizon du jour naissant. Ne t’explique pas l’inexplicable, soulage ta nécessité en volant le cri aux battements de cils du jour qui s’éveille plein de toi.