I122 - Au seuil de la porte.

Tu es là. Toujours indisponible à tes sursis. Toujours dans la préoccupation qui te résume et te restreint. Toujours dans ce prévisible qui s’étend de toi à un ailleurs qui te ressemble. L’essentiel, dis-tu, est de se vivre de ses désirs. Et tu n’es que dans la survivance de tes espoirs. Lâchant à l’intensité ce qui te semble être l’indubitable de ta raison d’être. Aveugle des déterminations qui te font aller. Toujours dans la survivance de tes audaces à te vouloir magnifiée. Pourtant, rien n’est jamais aussi vrai qu’une vérité qui n’en a pas. Elogieuse de ses carences.

Tu es là. Engoncée à tes prérogatives comme attachée à tes verbes de fourmillage, tu flanques au réel la frousse de tes peurs et les misères de tes dépourvus. Tu te loves à l’extrémité de l’implication pour avoir la sensation d’un existé occupé de tes grimaces à t’exposer aux extases tant recherchées. Aveugle, muet, ton vivre s’oublie à la commissure de tes démangeaisons. Tu répudies sans appel ce qui te semble fade et sans saveur, oubliant le sucré de toute chose. Il te faudrait prendre le temps, ton temps, mais tu t’effeuilles si vite que tes saisons se meurent avant de pouvoir t’enduire de leurs parfums. Tu cours, tu cours si vite de peur de manquer le train. Et tu n’as pas encore vu que ta gare est déserte. Vide de tes seuls précipices. Ton rêve éveillé est la frénésie de tes folies à te vouloir entière à tes dévotions. Et tes silences profonds cherchent encore la voix pour te dire, mais tu n’écoutes que ce qui s’entend, sûre que c’est bien de toi qu’il s’agit. Tu t’agites là où aucun exil ne peut te contenir. Tu redoutes tant d’être découverte que tu ne montres de toi qu’une face lisse et imprenable. Y’a-t-il quelqu’un derrière la porte ?