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Dire jusqu’au bout de la voix, dire jusqu’à la fin des mots, jusqu’à la rétention des vides, l’explosion des paroles qui ne savent parler l’intégral, le subliminal de l’amour.
Je voudrais voir dans tes yeux jusqu’au fond de toi, voir par la vitre, voir de l’autre coté. Je voudrais sentir l’effluve de tes rires, l’onde de tes respirations, coller ta peau, coller tes cheveux, coller à tes caprices, coller à tes folies. Je voudrais briser les nuages, fendre le ciel, percer le toit des toiles du monde et te ramener le temps, le temps qui respire la cadence de tes danses, de tes envolées, de tes balais de lumière. Je voudrais être un océan au bord de ton sable, de ton grain, de ton île, je voudrais parcourir tes vagues, surfer sur tes ondulations, voguer à l’abris de tes gestes et me liquéfier au paysage de tes rêves les plus intimes, les plus secrets. Je voudrais grandir l’espace, diminuer nos pas et nos marches, élargir l’aurore, agrandir la nuit, saisir la lune, souffler sur les étoiles. Je voudrais t’écrire des baisers sur tes joues, sur ton front, sur les lèvres, embrasser jusqu’à tes plis, le froissement de tes paupières…
Il est des joues heureuses qui accueillent le baiser tendre
Il est des visages éclairés sans charnière où s’ajuste le volet
Des litières douillettes que les vaines tempêtes n’ont su défigurer
De leurs étreintes à rouler les figures aux lumières de cendre
Il est des fumées sans brûlures où s’irrite malgré tout la chair du jour
Qui s’envole dans un ruisseau où marche les rayons du soleil
Aux cimes égarées qui s’éternisent à sacrer la salive de leur amour
Aux détours des silences là où la toile tisse sa fine dentelle de miel
Et où se perd une larme déchirée dans le vide qui s’essouffle
Il est des voilures où le vent vient se perdre à bout de souffle
Pour crier l’abondance de sa fougue à perforer les ardeurs du rire
Et éclabousser de joie l’obtuse connivence des cœurs qui se respirent.