T0622 - Cet amour qui me menace.
A quoi sert-il ce cache-cache des pudeurs ?
Pourquoi ne pas se prononcer de ce qu’on est ?
Ça passe où ça casse, mais au moins c’est à l’égal de nos justes !
Le rêve ne m’interpelle que s’il me transporte à l’amplitude du réel, à la chose pensée au pinacle de ce que je peux être. Mon rêve n’a d’autre forme qu’un réel dématérialisé dans la subjugation qui soulève aux cimes désacralisées de toutes normes ; l’imaginaire et le féerique d’un seul espace mais d’une multitude d’étincelles. Je ne souhaite rêver que d’un ailleurs que mes fondements retiennent prisonniers. Une séduction des apparences demeure des parenthèses dont il faudra toujours refermer la porte. Rêver juste pour rêver est prémisse à l’exploration de mes désirs. Plus la somme de mes désirs refoulés est violente plus le rêve tourne au cauchemar. J’ai cependant des rêves qui n’abdiquent pas de leurs tenaces obscurantismes à vouloir dévoiler des pans entiers de mystères enfouis et retenus par les tentacules de mon inconscient. Et je ne me déchiffre pas toujours de cet imaginaire qui voudrait traduire sans doute une face claire de mes fondations.
Je rêve qu’il est des jours sans effroi et que l’étonnement rejaillisse comme une source première intimant à la surprise d’ajuster mes perceptions. Je rêve à pouvoir m’accéder sans être dans le défi. Le rêve sans frontière transpire mes peurs à l’outrepasser. Il me faudrait être pour disparaître. Le vivant de mes instincts me l’interdit.
Dans le ravage des déceptions, l’écroulement nous ramène aux berges sèches de nos prétentions qui ne demandent qu’à être comblées sans tenir compte de ce qui nous éclaire chez l’autre. La déception qui ne serait qu’une rage à se fuir des étreintes inassouvies m’exporte bien trop à me renier, à me dénigrer et je préfère n’y sentir que la tristesse de mes repentirs à m’accorder de ce qui m’est impossible de caresser. Mon cœur est-il assez grand pour mesurer l’amour ?
Mes besoins me dupent si souvent. Leurs simulacres m’éloignent toujours du bonheur naturel que je porte en moi sans trop y croire. Car d’évidence, un soleil me parcourt et me ratisse sans que j’y sois mêlé, sans que j’en sois l’effet. Il est des sourires qui me transfigurent encore sans que je puisse leurs assigner une source distingue. Porter par l’émanation de je ne sais quel support, de fibres venues de si loin qu’aucun socle ne puisse justifier leurs statuts.
Cet amour qui me menace n’a après tout qu’un seul visage, celui de la vie ou plus exactement ce que je vis de la vie. Une existence tramée de mes exigences avec le souvenir ancien de folles escapades sur mes collines aux cigales, au creux des lavandières et des bouquets de thym. Et je persiste à m’aimer de ce qui me fait mieux me connaître. Quelquefois ce n’est qu’en animant sa désespérance que l’on est en mesure de s’ajuster à nos troubles pour pouvoir les dépasser.
Les faits m’irritent. Sont-ils le produit d’une réalité omnisciente comme le fruit d’une seule vérité ? Il y a tant de fait qui sont les contrefaits de vertus à l’envers de leur ruissellement. Tant d’ardoises griffonnées à l’émotion de sentis fragiles que les nuances effacent. A croire que je m’acquiesce ce qui me tente sans en avoir pris le temps d’être tenté. Je n’ai pourtant pas besoin de sortir de ma vie pour que mon existence corrobore. Là où l’on est tendre de soi, nous ne pouvons qu’être ouvert à la blessure. Comment pourrait-il en être autrement ?
L’affligeant est peut-être ce qui se poursuit de moi sans tenir compte de mes nécessités. L’affligeant est sans doute dans les réprobations solitaires et invisibles que l’amour ne sait pas occulter, dans l’éparpillement involontaire qu’il ne sait pas réprimer. J’y voudrais toute mon attention et cependant, piètre acteur, je ne sais que m’y engloutir de toutes mes incapacités.
L’existence me répudie à me former à ce qui n’a de recette. Aux frasques des immanences, un tête-à-tête des pensées s’offusque des miroirs. Et je grince à l’intérieur de l’ombre qui reconduit mon être à ce qu’il semble être. Je ne quitte mon interprétation que pour en chevaucher une autre.
L’intention s’offre au hasard et je m’incarne dans le brouhaha volumineux qui se frotte nonchalamment mais avec l’acuité des râpes à bois au prévisible de l’évidence.
Reste à mon corps oublié l’impudeur de ses gestes à s’imposer au présent. Exilé et apatride, il est cette empreinte permanente avec laquelle il me faut me ressusciter de l’amour qui m’anime.