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LA COLLINE AUX CIGALES
4 novembre 2008

T0621 - Demain, je déménage.

1860_20Amaury_Duval_20Baigneuse_20antique

Mon demain paraphrase souvent la contention de mon aujourd’hui. La contusion opère dans cette transfusion avec autant de succès qu’une dramatique sans conclusion. Je me dandine dans les jours fuyants. Fuyant ma colère, mon mépris et ma nonchalance comme la vie des vivants, comme les saisons qui se succèdent tout en s’effaçant l’une l’autre. J’ai cette sensation à n’être que la succession de mes oublis. Mes plaintes, mes pleurs et mes soupirs ne sont que cette contagion de pluie où mes habits dégoulinent et où il ne reste rien. Je n’arracherais pas au jour autant que mon cœur ne peut y contenir. Miséreux de mon misérable, le temps se transporte comme un gueux au pantalon troué, à la veste déchiré. Et je marche comme titube le clochard que le vin a conduit à radoter la marche d’un équilibre précaire dans l’inconstance de ses routes et de ses tremblements de terre. Ma tristesse s’accouple à ma faillite. Toutes les fois où je me suis approché trop prés des rencontres qui m’ont troublées aux fins indispensables du complet partage qu’annoncent les intimités de correspondances, je me suis étalé. Toutes les fois où l’admiration et la fierté m’ont porté à échanger étroitement mon amour, mes rêveries au point de ne plus discerner moi-même la part réelle de l’illusion vécue, je me suis ramassé. Au sein de la parole j’aurais voulu faire éclore tous mes purs silences et m’initier à ces feux d’artifices du dedans que l’amour bombarde de tous ces éclats d’absolu que mon être debout contient sans même l’avoir conçu. S’entredire n’a de sens qu’avec soi-même lorsque les murmures évasifs chuchotent en soliloques caverneux et ne savent eux-mêmes nous conduire aux sources de nos joies. Inutile de s’assigner pugnacement le bonheur que nous ne savons rejoindre si l’on doit se répudier aux catacombes de nos mépris pour se punir de nos incompétences à n’y point parvenir. Un plaisir qui ne saurait être aussi une 1861_1862_20Courbet_20Gustave_20Femme_20nue_20au_20chiensensation de joie n’a que faire en mon dedans et cela ne sera pas se priver que de le retenir hors de mes conjonctures. A quoi cela reviendrait-il que de faire œuvre d’existence, si ce n’est point pour se réjouir du plaisir qu’anime un plaisir ?

Ma chair est un voyage dont je suis le voyageur, le bouillonnement des milliers de petites luttes, sans cesse gagnées, sans cesse perdues, dans l’indurable du temps inapprivoisé de sa mobilité à user les sangles des émotions. Ma vie tout entière en appelle à la jouissance complète que n’altère pas un simple effleurement. Ne me suis-je donc pas assez pénétré de ce qui m’est nécessaire pour arriver à me joindre de bout en bout ?

L’amour, lui, est un paysage pénétré, une étendue possédée, un monument de nos admirables, une terre de labours gonflés du voyage de l’immédiat. Le lieu du dépouillement de nos qualités, et même de celles qui ne sont pas nôtres. Il y a tant de vide et d’invisible unifiés dans le subtil de nos congruences que la réalité se saisit de ces transformations insignifiées pour nous transfigurer des mystères de cet ailleurs devenu1860_20Cabanel_20Alexandre_20Nymphe_20enlevee_20par_20un_20faune accessible, le temps d’une bribe à désaltérer la volupté. Que d’encoches fripées aux encornures de mes pages à me dire où s’inondent les clartés dont je ne saisis que les émanations. Que de volutes et de contradictions dans chaque marge, dans chaque bas de page. Et l’impossible de mes essences à s’envisager viennent réaffirmer l’insoluble distance qui me sépare encore de cette nature que je suis.

Je ne suis qu’une course de lièvre dans un champ d’archives. Je ne suis qu’une archive où les espaces se déplacent plus vite que l’éclair des yeux. Je suis mon propre danger et mon propre incendie. Demain, je déménage.

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