I106 - Les mots ardents.
Au crépuscule des mots, la litanie de nos cendres transpire encore l’incendie de nos agiles enflammades à nous dire. Les mots sont des sillons tendus à l’exergue des paroles suspendues tantôt aux cieux lointains comme un œuf léger dans l’apesanteur miraculeuse des atmosphères d’ondes lumineuses, tantôt alourdis et plongés au fond de nos tombes à fardeau tels les cadavres d’obstinées contorsions. Les mots enveloppent nos masques de fantomatiques visages de sarcasme. Leurs histoires naissent à l’intérieur des poches que la peau consent à ses faiblesses comme un buvard où s’échoue l’aumône des rêves. Un désert de mots que les gestes reboisent où l’ombre est devenue un asile de ce qui se tait. Le gouffre où bascule la défaite du choix des rafistolages des histoires d’errances qui se perdent dans le no man land des terres indéfrichables.
À l’immersion des jours qui ensevelissent le temps mais pas les déchirures, la chair s’expose encore aux picorements des confiances.
Reste les sommets clairs où vibre le silence dans l’air inviolable où l’on entend un peu sourdement le cri de l’homme tricoté du récit des cicatrices amputées de leur nuits sans sommeil, sans noir et sans bretelles pour les songes. Reste la patiente amertume des brouillards des écorchures, la perfusion incolore de nos folies à attendre une réconciliation de la bouche à boyau et des ventres à souffles de nos murmures d’étincelles. Exilé volontaire, le silence se tait de l’offense que les mots lui affligent, anesthésié du redoutable que le langage lui offre.
Le mot qui devrait dissoudre la plainte que mes yeux engrangent et enlisent au fond de mes pudeurs, ne pourrait être que celui qui a survécu décapité de mes tristesses, celui qui s’expulse de l’épaisseur de ma chair.