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C’est toujours pareil, c’est toujours une histoire sans abris. On s’égare sans se perdre puis on se perd sans y croire. De l’utilité à l’autre un vague soupçon de soi que l’on protège comme une icône à l’autel de nos prières. Il n’y a pas d’utilité qui ne rende pas au nécessaire l’exigence d’exister. C’est toujours pareil, on se lève et on y croit, mais le jour provoque la nuit et la nuit les rêves ploient aux incompréhensibles cauchemars. La lumière tripote le noir partout où elle bave de ses reliefs à inonder l’ombre. Ce n’est que perdu, détaché de l’amarre au port des constances, déshabillé de soi dans un prolongement de nudité ouverte à l’abîme, aux précipices des dérisoires que l’on s’offre au mieux, aux bras et mains tendues de la rencontre. Aller vers ce refuge d’humanité où s’enfante quelquefois des étoiles de pourpre où les yeux s’éclairent d’humides lueurs. Là où, vulnérable j’ai peur de toi autant que de moi et pénètre ton ciel sur la pointe des pieds, sur la point d’un sourire en partance pour une croisière sans retour. Lâche de mes courages d’armure c’est la friction de la soie et du métal. L’échauffement ne perdure et c’est la soie qui se brûle. Il suffirait sans doute de se blottir pour éviter la rixe des cœurs mais plonger à mains nues dans l’inévitable froisse l’acte qui se rétracte comme un abandon au centre d’une forêt. Perdu est un lieu de reconnaissance, le seul espace où se décodent les élans et où se dessinent les amants. C’est toujours pareil, c’est toujours un amour sans abris. Ne reste alors que le courage de ses discrédits pour caresser la promesse tendre de tes yeux. J’irai alors à toi, au suicide de tes craintes cracher le venin de mes pertes.