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LA COLLINE AUX CIGALES
3 octobre 2008

Gottfried Wilhelm von LEIBNIZ

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Leibniz et le bruit de la mer

Écouter le bruit de la mer, rien de plus simple ? Au contraire, affirme le penseur allemand, rien n'est plus compliqué. Car, lorsque nous pensons ou ressentons une chose, nous ignorons la complexité des éléments qui la composent, ainsi que ce qui se passe en nous.

Par Blaise Bachofen

Lorsque nous entendons le bruit de la mer, nous entendons en réalité un « assem­blage » (Nouveaux essais sur l'entende­ment humain).  Cet « assemblage » est l'en­semble des innombrables petits bruits que font toutes les vagues déferlant sur le sable, chacun de ces petits bruits résultant du bruit de toutes les gouttes d'eau s'entrechoquant dans chaque vague. Voilà pourquoi ce qui semblait simple se révèle compliqué. Écoutant la mer, nous n'entendons ­pas le bruit de chaque vague, encore moins le bruit de chaque goutte d'eau. S'il y avait une vague de plus ou de moins, nous n'en aurions pas conscience. Pourtant, le bruit de la mer n'est fait que de ces bruits que nous n'entendons pas : si chacun de ces bruits se réduisait effectivement à rien, nous n'entendrions rien, car une somme de riens a pour résultat un autre rien.

Cet exemple de petites perceptions, ou perceptions insensibles, illustre la différence entre ce que nous percevons et ce que nous avons conscience de percevoir. Le bruit de la mer, ce murmure ou ce fracas qui semble nous parler d'une seule voix, est qualitativement différent de la multitude des infimes clapotis qui le composent. La perception consciente est le fruit d'une modification du donné sensoriel. Cet exemple n'est pas une curiosité singulière : toutes nos représentations conscientes relèvent de la même logique, d'un processus inconscient de sélection et de globalisation qui fabrique du simple avec du complexe.
Il y a donc dans les choses, mais aussi en nous, un infini abyssal que nous ne soupçonnons pas. Au-delà du problème de la perception, cette idée nourrit toute la philosophie de Leibniz. Elle s'inscrit dans une critique de Descartes : de même que beaucoup d'auteurs qui écrivent peu après le ­philo­sophe français, il s'en inspire tout en cherchant à le dépasser. Comme Descartes, Leibniz est convaincu que tout (l'esprit et la nature) obéit à une logique dont nous pourrions comprendre les lois. Mais il faut pour cela employer une autre méthode que celle de Descartes. Ce dernier affirme qu'il suffit de décomposer un objet jusqu'à saisir ses éléments premiers pour en rendre compte. Or Leibniz montre qu'on trouve toujours, derrière ce qui paraît simple et indécomposable, des éléments encore plus subtils et composés. Tout est donc fait de réalités infinitésimales, ces « presque riens » qui ne sont pas tout à fait rien : par un processus d'intégration, l'infinitésimal constitue tout le réel qui se donne à notre conscience. Il découvre d'ailleurs un moyen de le traduire mathématiquement, en élaborant le calcul infinitésimal.

Avec cet instrument théorique, Leibniz espère expliquer l'organisation infiniment complexe et dynamique du vivant (plus adéquatement que Descartes, qui le réduisait à une simple mécanique), mais aussi les subtiles nuances de nos sentiments et de nos sensations, « ce je ne-sais-quoi, ces goûts, ces images des qualités des sens, claires dans l'assemblage, mais confuses dans les parties ».


Petites perceptions
Ces données sensorielles constituent la base de notre représentation du monde mais, prises séparém2267781232_7158b3ce79ent, elles sont « insensibles », car trop faibles et confuses pour franchir le seuil de la conscience. Leibniz les distingue de l'« aperception », qui est la perception vécue comme telle, la perception dont nous avons conscience.

Intégration

En mathématiques, c'est l'addition de quantités infinitésimales (qui tendent vers le zéro) : les différences de vitesse à chaque instant d'une accélération, par exemple. Leibniz invente, au même moment que Newton, des outils mathématiques permettant de calculer le rapport entre ces quantités infimes et la totalité qui résulte de leur intégration (calcul différentiel et calcul intégral).

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