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LA COLLINE AUX CIGALES
2 septembre 2008

0601 - Se nier pour s’appartenir.

IM_1075829_Bouguereau

Avec le temps je réussi un peu mieux à me séparer de lui, du temps, de ce chronos déluré d’ambivalences qui veut rythmer ce qui ne demeurent que des éternités répétitives. La vie veut aller à son flot, sans rechigner à la rame qu’il lui faut quelquefois employer. Quelquefois, je me surprends, magnanime, à ramer aussi. Ce n’est plus l’attente qui se juxtapose aux brêlantes émotions que la mort pourrait lui procurer, non, c'est aujourd’hui croire orgueilleusement que la vie n'est pas ce qu’il me semblait être en droit de réclamer qu'elle soit. Elle est, je l’ai compris, ce qu'elle est, avec ses saveurs douces et des désaveurs cruelles.

L’immédiat se confond de l’instant qui passe faisant fi de celui qui précède comme de celui qui suit. C’est l’instant composé de l’imminence du prompt, de l’instantané. Le temps est un asile où il est inutile de s’exiler. Il occupe une fonction qui s’écoule même si j’ai cette impression tenace qu’il s’active davantage à l’extérieur de moi qu’à l’intérieur de ce que je suis.

La liberté de moi, il me faut la séduire, l’occuper comme une jeune première qui voudrait danser l’heure sur les aiguilles incertaines d’un devenir capricieux. Le tutu ne fait pas la pendule et l’équilibre reste précaire et transitoire. Il faut la charité de l’air pour que les pas en pointes dessinent la brassée des gestes qui défient l’immobilité. Il me faut  l’occuper comme l’on occupe un jardin sans cesse en fleurs, un jardin d’abondances et de rêves cutanés.

IM_1075830_BouguereauLe désir d’être aimé me ressemble comme une sœur, il frôle mes misères comme un charognard à l’affût de la moindre miette de succulence. La parole sonne comme une blessure baveuse par laquelle s’égoutte la prétention à se savoir gober tel un papillon qu’un rayon de soleil caresse. Mais on ne dit pas je t’aime aux fleurs blessées. On les cueille par mansuétude, et elles décorent quelques jours seulement le vase des espérances closes arrachant le jour à ses limites.

L’apparence est ce frêle pétale dont la consistance ne s’effleure que d’une brise souple pour offrir à la candeur sa tranche de vie blanche. Derrière la toile, vois-tu, la mémoire s’est alignée complice à la durée des souvenirs repus mais toujours en bataille de plus, de davantage de consistances pleines, solides comme un diamant, avide à se jouvencer et à se gourmander encore et encore.

La peine confondue à l’éternité rappelle les noyades anciennes autant qu’une respiration qui se souffre de l’air brûlant des inspirations du cœur. Le passé se fait dépasser de ce qu’il fut par l’immédiat ravageur. L’inconstance s’infiltre où mue le réel fracassé d’idées poussiéreuses. Il est des moments à faire n’importe quoi pour éviter le retour des accès de fièvres, préférant se mentir pour sarcler la fureur d’un désir resté en jachère. C’est lorsqu’un vieil appétit inaccompli supplie qu’il faut impérativement l’ensevelir mille pieds sous terre pour ne pas (re)devenir son esclave.

Nonobstant la brutale invasion sensuelle mettrait à nu le jaillissement comprimé durement des années durant, en dépit des efforts d’oubli.

Le plaisir indiscret se fait curieux et tâtonne à l’aveugle ne sachant plus où donner du cœur. Je me rappelle combien j’ai hait cette sensation que je trouvais perfide tant elle ressemblait à une illusion. Je me rappelle la chute vertigineuse que procure la jouissance qui rend prisonnier. Et je veux m’écarter, m’éloigner de se ressassement d’émois qui ne sert qu’à égratigner les extases inachevées et à écarquiller les blessures déjà bien embarrassées de leur propre sang.

Plus je suis sincère aux autres et à la vie, plus elle me reproche ma signature et plus je m’éloigne de moi. Dans cet amour absolu que l’entier s’autorise goulûment, se mentir à soi-même semble être une deuxième peau indispensable. J’avais rangé cette laideur dans les cimetières des roucoulances pour avoir la sensation de m’en être défait. Mais la revoilà dressée comme une statue indétrônable sur mon chemin. Je le savais, on ne triche pas impunément sa nature et il faut un jour où l’autre faire face à ses débris et à ses infirmités.

Tristement dérangé, j’ouvre ma vérité comme l’on tranche une peau pour opérer la hideur impure. Je voudrais néanmoins glisser hors de cette lutte intestine et prétendre faire fi de IM_1075834_Bouguereau_la_sortie_du_baincette malformation intuitive en arguant fièrement qu’on ne se découvre point sans pénétrer sa propre déchéance à se dire et à être, et qu’il faut à l’amour toutes les armes utiles à son apogée. Mais à force de penser, c’est mon amour qui s’endort dans une insomnie qui n’en finit pas et qui ne cherche qu’à se réveiller dans un autre, celui que je ne suis pas ou que je ne sais encore saisir de ce que je pourrais être. Je fouille l’inexistence, tête première et cœur penché, cherchant à oublier ce que de moi je réfute. Mais mon cœur ne connaît de moi que lui.

Il y a un monde entre le lieu où l’on peut s’asseoir et celui où l’on peut contempler. Je me suis sans doute posé sur l’intervalle encore une fois, assis à l’ombre de moi-même. J’enferme mon passé dans un silence que seule mon enfance saura traduire. La tristesse est une clôture qui ne peut s’enjamber que par ceux qui comprennent la sensation d’arrachement à leur propre solitude.

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