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J’écoute l’apaisement du ventre des frissons venu mourir sur la plage de mes espérances comme une vague douce mordant doucement le sable. La plainte roucoule comme un pigeon surveillant son nid. Dans l’écho des résonances les salves d’orgueil s’amenuisent pour se vider dans l’étroitesse de l’ego. Les naissances ont toujours un arrachement à se survivre. Le premier cri à la dimension d’un perpétuel devenir. Il est tant possible de naviguer sur le même fleuve sans être porté par les mêmes eaux que le nuisible et l’utile se confonde d’un seul et même courant.

Dans les terres d’abondance que le début m’a confié demeurent à l’état sauvage le secret de mes pas.

Partout où la division est une nécessité pour prolonger, le tout de l’unité raconte la même chose où seuls mots et gestes s’exhibent à vouloir rassembler l’essentiel. La dérive s’écoule dans la dissidence et le ressenti devient ce radeau mal fagoté flottant proche des abîmes. Le vertige est réaction des discordes dissociant à la concorde les échasses d’un équilibre factice lorsqu’un simple courant d’air effondre la tenue que l’on croyait teneur. Rien n’est, tout le devient.

Je penserais ce que je ne suis pas pour rejoindre l’invisible qui n’est pas cette tache pure que ma raison suppose. Demain c’est à aujourd’hui que le confie le mouvement.

Mes souvenances dorment et ne s’éveillent que du sursaut d’une plainte qui va rejoindre le jour où demeure la conciliation des oxymores, le lien irréfutable des contraires, l’épousailles des fleurs d’attente aux fleurs de peau.

« Ce qui est taillé en sens contraire s'assemble ; de ce qui diffère naît la plus belle harmonie ; tout devient par discorde. »

Héraclite. Traduction et Commentaire des Fragments