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LA COLLINE AUX CIGALES
21 juillet 2008

0576 - Clochardise.

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C’est dans le creux du soir que ma pensée se pose. Cet autre moi que je parcours depuis quelque temps déjà tel un pionnier à la découverte d’un espace neuf et vierge, ne serait-il point ce clochard que j’ai entraperçu déjà quelquefois à la lisière de mes frontières ?

La seule force que j’ai réside en l’amour de la vie. Et je suis bien sot de bouder les joies usuelles qui se présentent. A entretenir la douleur et les blessures, on finit par éloigner la réalité du quotidien, que l’on essaie ensuite de démêler pour y trouver une place que l’on ne trouve jamais puisqu’on s’en est soi-même retiré.

Aux pinacles des paradoxes, je découvre combien l’imaginé du beau est la source des malentendus. Le rêve lui-même, serait-il la conviction qui détermine ? Cette candeur que d’habitude je trouve belle et légère, faudrait-il la répudier ?

Je poursuis inlassablement cette conscience à intégrer et plus je deviens conscience plus je dérive sur des eaux incertaines. Cette vie n’existe que parce que je suis. Du Cogito je suis ce que je me pense autant que ma raison veut bien m’emporter.

A coup sûr, il faut renoncer au renoncement. Pugnace, il faut persister. Tout en se pénétrant soi-même, il est incontestable qu’on ne délie que de simples contours et le cœur des choses, le cœur de la vie semble demeurer aussi souverain qu’impénétrable.

Désabusé de l’abus de soi, chaque pénétration, chaque gorgée de ce que je suis me conduisent au débordement. L’avarie est colossale. Une vie de colmatage et de brèches infinies.

En même temps, innocent de mes grimperies internes et de mes escalades aux pays de mes méandres, je grandi, je me grandi. Et plus je suis haut, plus je fréquente l’ardoise de mes faiblesses, plus le divin devient un infini infinitif.

Faire face à soi, faire face à son autre soi sans aucune dualité, mais avec la persévérance des marathoniens entraînés, conduit à une forme de réminiscence flanquée d’un puer senex incontournable.

Cet enfant et moi, nous nous confrontons, nous nous contournons, nous nous faisons face. Nous essayons de porter ensemble nos mains d’un crépuscule à une aube, sans lâcher prise, sans dénouer nos élans à nous rejoindre. Et de ce vieillard hypothétique, nous concevons la mort du funambule qui pose son équilibre sur la corde raidie de nos vraisemblables tendus au dessus du tranchant de la réalité. De l’eau vivante encore de cette source, la fontaine crache le fluide limpide des ubiquités qui s’envolent sans que200885148_d15153d5ae l’on sache vraiment où.

Fatalitas est ce bonhomme d’ombres générateur des destins inaccomplis. La fatalité repose dans le cercle des congestions profondes, et la digestion occupe le temps d’une vie.

La magie est un organe mâle et femelle tout à la fois. La nuit cache le noir. Dans le silence naissent mes chants de lucioles inaudibles et sur mes lèvres se taisent les développements mélodiques qui prennent la forme de lumières oscillantes.

La volonté cache le désir qui lui-même tait la détermination. Rien n’est plus juste, à cette heure, que l’élan pulsif. Le saut de puce qui propulse d’une dimension à une autre. Ma mémoire conserve l’image de la beauté telle une gravure aux multiples couleurs sur laquelle si la vérité n’existe pas, j’ai néanmoins gravé tout ce qui n’existe pas en dehors d’elle. Comme s’il me fallait lui trouvé un terrain d’atterrissage, un lieu où se poser. Mes instants les plus vrais jonchent à mes abords. Ma vie me fouille autant que je l’ausculte. Et je me prends à imaginer que la vérité est une louve qui marche dans la neige sans y laisser de trace.

Je suis l’écrivain des pirouettes.

Dans le buisson sauvage une horde de mûres encore vertes. De futures confitures de sanglots et de larmes cirées, et le clochard assoupi là tout proche sur un lit de trèfles. Vêtu de reliques anciennes, dans sa poche, la bouteille de vin dépasse et le regard mal rasé, il joue de ses paupières comme pour faire des clins d’œil aux nuages blancs dissimulés dans un horizon bleu souple et intemporel qui le surplombent. Il invente la beauté. Elle lui ressemble.

Je range mes songes dans l’omnibus de l’aventure. Certains qu’il poursuit son cheminement, de sa course intrépide à gravir les montagnes de ses routes courbes et tortueuses. La beauté et l’amour sont comme deux cellules de notre infinitésimal qui s’entrechoquent pour se fusionner et ne devenir qu’une.

Passages crus à l’accrut des cruautés naturelles

La souffrance de l’indolent normal

Glissent et se faufilent les songes sans bretelles

Tirent les rideaux des fantasmes, c’est banal

De la vicieuse intrigue du certain insatisfait

Et de l’incertain craintif de l’audace à se risquer

Rien d’autre… je ne suis rien d’autre que ma propre insignifiance. Guidé par l’instinct grégaire de s’accrocher à la vie pour lui rendre compte de l’existence et accomplir mon devoir de procréation, de continuité, de renouvellement de l’espèce humaine. Le reste du temps m’est offert comme un cadeau empoissonné dont il me faut franchir l’obstacle pour me défaire de mes limites. Vivre et souffrir, se souffrir de ses insuffisances. Vivre et aimer de ses tonitruances et de ses abondances. Vivre en pensant que c’est bon et en 50620037pensant à quoi bon. Et je passe ma vie à me convaincre qu’elle est facile. Mes préférences à la hauteur de mes goûts. Mes dénigrances à l’exergue de mes dégoûts. J’ai de toute façon, vocation à m’avouer.

Le clochard de moi enchantera-t-il ma ferveur à m’insuffire plutôt que de me dresser contre les circonstances et les événements ?

Le désespoir serait une lâcheté. Et je persiste à me mépriser d’amour de cette beauté bleue que l’amour insuffle parce que je sens en moi le merveilleux possible de son apaisement. Mon cœur ne pèse pas bien lourd dans cette immensité. « J’irais par la montagne, j’irais par les campagnes… », et je poserais mes pas ailleurs que dans la déception d’avancer.

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Commentaires
B
Sa puissance est axiome, elle n’est plus à démontrer.
-
"je poserais mes pas ailleurs que dans la déception d’avancer." Une pensée positive qui me plait de garder en mémoire.
E
petite parenthèse rigolote au lieu de lire puer senex, j'ai lu puer sanex, faire peau neuve. Nous ne sommes rien et pourtant nous sommes. Quand a cette source, elle vit, meme par temps de secheresse. Une question qui sort peut-etre du contexte. La vie est elle si forte en nous ??? ....
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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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