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Je bâtis ma demeure aux quairons des leurres - Je suis à ma recherche, à ma ligne d’horizon - À ma chute d’homme, à ma droite de flottaison - A la saison des milles naufrages et des sans escales.
Les ombres sont des fresques imaginaires où j’héberge cet etre que je ne connais pas et dont l’oubli est égal au souvenir qui jamais ne sera les autres vies qui se meurent là où les yeux dédoublent la mort. Aurais-je les tentacules d’une pieuvre que je n’aurais assez de mains pour toucher. Aurais-je la force d’Hercule ou la verve d’Homère que je n’aurais la puissance de l’exactitude. Je n’héberge nulle affirmation grimée du dépouillement de la confusion. J’habite une avalanche d’absences, le spasme du dérisoire d’évidentes folies à atteindre l’impossible. J’inaugure mon ignorance afin de susurrer la beauté survécue. La réconciliation bredouille l’instinct. La méfiance inflige à l’incertaine durée le poison onirique des poètes disparus. Le sentiment est une prison, l’émotion un papillon. Les mots sont insalubres pour l’homme libre. Se faire à l’idée de soi sans compromis est épreuve. L’Abscons est un fleuve verdâtre aux aboies. La flaccidité s’accoquine à l’alacrité. Seule la raison veut donner du sens au sens.
Je suis la rature de ce que j’écris et la seule marge ne peut suffire à contenir la nécessaire mélancolie qui consigne les racines muettes des recoins pensifs. Le temps se mesure à la ma mémoire. Le souvenir s’affronte à lui-même. Et le langage qui arrive, comme un projectile où le démon cache l’ange au fond du silence caverneux des significations sans message alourdi le non espace jusqu’à son étouffement, son épuisement.
Le taire est nu, le message cru.
Leur rencontre est un bouleversement, une irruption où rebondit l’abîme. Le mot exact est debout et fier, il défie l’écroulement que creuse le temps comme se creusent les rides. L’altérité est une occlusion, où les contraires s’excluent de toutes réciprocités. Je m’éloigne de ma propre absence où tourbillonne l’abandon, tel un souffle sec de gravier lapidant les cris des paroles répétées où se noie l’innocence et où transite la pensée perdue, effacée, effleurée, égarée sur le plat de l’enclume des mots que l’on façonne à coups de marteau, à coups d’insistances et de fausses résistances.
Le temps se crispe et termine plus loin que la vie, plus loin que la chandelle de cire fendue, plus loin que le sablier du désordre, plus loin que l’histoire. Aux épaves du temps consacré, aux ruines du temps oublié, le ciel se frotte les mains et les étoiles tombent sur l’océan qui ne cesse de laver le nulle part pour lui ôter toute trace. Un seul sillon d’eau vaut une mer lorsque le sable conserve en lui le ferment des farines de vie. L’apprentissage est une nage qui sans doute me remémore le poisson que j’ai du être. Et de cette alternative je m’écaille doucettement.