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LA COLLINE AUX CIGALES
10 mai 2008

0427 - Et si la femme et l’homme existaient ensemble...

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Et si la femme et l’homme existaient ensemble...

Refuser l’esclavage, la misogynie et la haine. Tout expliquer, pour tout résoudre est supercherie des esprits. Le vouloir est le premier esclavagisme.

De ceux qui pleurent et de ceux qui rient, pas d’exil sans désarroi. Retrouver la pulsation intime, étouffée par des conventions ou des habitudes. Un retour sur soi à la recherche d’autres formes d’unions.

Refuser la dissociation de l’être et de son double pour supprimer l’exergue définitive dans le tunnel de la parole qui ne mène nulle part afin d’exploser le crétinisme du vide des mots qui agonisent sur les lèvres de l’homme.

Rendre hommage à la femme. En tout premier lieu en évoquant son pouvoir magique de donner la vie par le corps, l’esprit et le corps ; pouvoir magique de donner la vie accentué par celui de se libérer par la parole à l’image de Shéhérazade, la sultane des Mille et Une Nuits, qui affronta la mort pour rééduquer le sultan, et ce, afin de réactualiser le mythe de l’androgyne où la femme et son double, l’homme, se retrouvent, enfin, comme à l’origine supposée, corps et âme liés. Uni d’eux-mêmes.

Ainsi la seule véritable parole appropriée serait celle qui tente de réunir au lieu de séparer ; une parole juste, sereine, offerte vers l’autre comme un entremélage d’authenticité. nu303_233

Femme aux fins fonds des geôles argileuses sans inscription, sans ticket, sans oblitération.

Nue et sans qualité aucune juste femme de corps et d’esprit.

Doux et arrondi aux courbures infléchies aux rustres sort des hommes soumis à leurs tentations réciproques.

Femme sans ajout sans prière et sans vœux esprit libre comme si libre était vain

Vingt femmes pour dix hommes valeurs approximatives d’un approximatif comme toute comparaison de dominance farfelue.

D’aucune comparaison femme velue et charnue aux ventres dodus.

Femmes charnelles aux appétits des hommes, la faim dans les entrailles.

Femme vagins et souterrains, coursives à n’en plus finir trahit par une libido du délice.

Femme libido comme credo et crédit des appointages sans rime.

Femmes ouvertes, compassionnelles aux cœurs maternels d’officines laiteuses.

Femmes d’esprits, femme d’apparat, femme intelligente, femme logique ou le contresens ne se répudie pas de lui-même

Femme oubliée. Femme tue et femme battue. Femmes aux registres tenus à jour, lunaire et céleste. Femme fée, anges et démons qui reprisent les chaussettes des penses phallocrates. Femmes née d’apparences, inefficaces là où l’efficace se doit d’être… soit, nulle part qu’ailleurs.

Amoureux de la femme et de la tolérance.

Problématique à la Platon de la séparation et de la rencontre de ceux qui, à l’origine, n’étaient que corps et âmes confondus.

nu328_231L’hymne à la femme est dans Le Sommeil d’Eve dans ce message où l’absolu, soumis et dévoué au féminin passif et actif, se manifeste à travers la femme qui a un contrôle total sur le principe féminin de l’homme : « L’absolu manifesté dans la forme de la femme est agent actif parce qu’il exerce un contrôle total sur le principe féminin de l’homme, c’est-à-dire sur son âme. Par là, l’homme devient soumis et dévoué à l’absolu tel qu’il se manifeste en une femme. L’absolu est aussi positivement réceptif car, dans la mesure où il apparaît dans la forme de la femme, il est contrôlé par lui et soumis à ses ordres. De ce fait, contempler l’absolu dans une femme, c’est en voir simultanément les deux aspects, et c’est le voir plus parfaitement que dans toutes les autres formes où il se manifeste. C’est pourquoi la femme est créatrice et non créée. Car ces deux qualités, active et passif, appartiennent à l’essence du Créateur, et toutes deux se manifestent dans la femme. »

La femme, dans l’écriture dibienne, ne résume pas le monde, elle ne dépasse pas les montagnes, ses rêves ne font pas évaporer les soleils, elle n’est pas l’eau détournée de ses abîmes, elle n’est pas la terre qui prend racine, mais elle est celle qui prend la place de la divinité et qui se confond avec elle ; l’émotion qu’elle provoque, merveilleuse et révélatrice, devient le substitut de l’expérience mystique et de la quête initiatique. « Une icône et je vais l’adorer », dit Solh à Faïna, à la page 211 du Sommeil d’Eve au moment où la femme lui apparut dans toute sa splendeur, immense et immobile à l’image d’une sainte : « Une beauté d’une autre époque, très lointaine. Une icône. Elle rapporte au jour cette merveille de la nuit et elle en surcharge l’espace non moins que l’instant présent. Il y a immanquablement dans la souffrance du monde un défaut par où l’espoir se glisse. Faïna faite à l’image de la vierge russe, Faïna la chrétienne primitive, orthodoxe ayant foi en la parole, Faïna, avec sa grâce, ses yeux longs, pensifs, rejoint dans son passé et son origine la vierge de l’icône. La figure telle une auréole autour du regard, elle reste là, tout apaisement et douceur. Elle infirme par son air de jeunesse la notion même d’âge. Elle est là, simplement là, elle-même et l’être en elle qui ne donne guère prise au temps. » nu329_234

Mais l’hymne à Faïna ne s’arrête pas à cette comparaison avec l’icône, mais arrive à une plus grande sublimation puisque Faïna ne cesse de grandir, d’échapper à Solh et d’être cette pointe de la fuite du temps puisqu’elle se métamorphose, là devant lui, en Marie, mère de Jésus : « Nomme-là dans l’écriture Marie, alors qu’elle s’isolait des siens quelque part à l’Est puis tendait autour d’eux un voile, sur quoi nous lui envoyions notre esprit sous une apparence humaine sans défaut (...) Et elle a dit, je m’en remets au Miséricordieux. » Ainsi l’écriture dibienne rejoint celle des surréalistes dans le comportement lyrique de tous les poètes surréalistes qui ont « célébré la femme et, à travers elle, l’amour qui permet l’accomplissement du miracle ».

Mais si la femme est illuminée et illuminante aussi bien chez André Breton, Paul Eluard ou Aragon, elle est aussi celle qui sait se révolter pour devenir la femme-sorcière ou la succube, ce démon femelle qui, selon la tradition, séduit les hommes pendant leur sommeil pour les corrompre ou les nuire. La succube - comme la sphinge, une autre figure symbolique de la femme énigmatique et fatale : le sphinx femelle ou ce monstre de la mythologie composé d’un animal couché et d’une tête humaine - qui incarne les pièges de la destinée, se rapproche d’une certaine manière de la femme-sorcière. Ainsi la femme, dans une conception surréaliste, oscille bel et bien entre la « femme-enfant » et la « femme-sorcière » : la première, naïve et pleine de bonnes intentions, se plie à l’amour et à celui qui l’incarne par opposition à la seconde qui déchaîne plutôt la passion et fascine les hommes pour les entraîner vers les pires catastrophes. Cette double représentation antinomique de la femme semble être figée dans un immobilisme séculaire ; représentation qui oscille, comme on peut le constater, entre deux extrêmes où aucune possibilité n’est laissée à la nuance.

nu330_232La femme ne doit être que féminité attendue et souhaitée par ces consentements à figurer la vie, à représenter le printemps, les fleurs et les chants, autrement dit la femme doit continuellement consentir à être « l’instrument » idéal de l’amour sublime qui permet à l’amant de vivre encore et d’écrire, grâce à l’exaltation qu’elle suscite par sa beauté et sa féminité, une suite à sa vie ou sinon elle devient le monstre qui incarne la fatalité et les pièges de la destinée. Et ce, par opposition à l’image de la louve dans l’écriture dibienne ou dans celle d’A. Kallas. Dans ces deux ouvrages, la louve n’est pas la femme-sorcière puisqu’elle est séduite et entraînée par le loup ou par l’homme dans des contrées impossibles. La louve serait ici la femme-enfant. On se doit ici d’enchaîner avec l’amour fou parce qu’il semble que ces figures symboliques ne sont pas significatives en elles-mêmes mais qu’elles le sont dans leur rapport à différentes thématiques qui, selon le cas, les valorisent ou les « dévalorisent ». La louve, dans un texte romanesque à coloration religieuse, serait l’Anti-Christ et la mère de toutes les cruautés, et ce, par opposition à la louve prise au sein du thème de l’amour fou, plus positive dans la mesure où elle dit l’intensité, la force et la spécificité de l’amour en question. Dans l’écriture dibienne, la femme est, comme partout ailleurs, le lieu par excellence des extrêmes. Elle semble lier en elle les choses les plus incompatibles. Elle est ainsi dans Le Sommeil d’Eve, tout à la fois, louve et icône, femme et maîtresse, enfant et démon. Ce qui, encore une fois, rejoint l’entreprise singulière surréaliste dans sa vision de la femme : « Au terme de cette approche de la femme à travers les œuvres surréalistes, il apparaît que les attributs les plus nu331contradictoires, les plus incompatibles lui ont été donnés, nu331tranquillement mêlés, très souvent par le même auteur et quelquefois au sein de la même œuvre. Chair à consommer, elle est aussi dévoreuse d’hommes. Ange et démon, fée et sorcière, elle est le salut et la perte de l’homme. Elle le guide et le perd. Elle symbolise aussi bien la pureté que le péché. Une et multiple, elle est le repos et le mouvement. Victime et bourreau, elle nourrit l’homme et le détruit. Elle est sa protectrice et sa protégée, elle lui donne la vie et la mort. Elle est sa mère et son enfant. Ciel et terre, vice et vertu, espoir et désespoir, elle est à la fois Dieu et Satan. Si elle ne peut être tout, cela signifie clairement qu’elle n’est rien hors de la cervelle de l’homme.

Elle n’est rien qu’une invention de mâle, encore cette invention fait-elle moins que réinventer l’amour, puisqu’elle participe de tous les mythes traditionnels du mystère féminin. » En effet, et comme Héloïse, un triple modèle semble déterminer Faïna : le modèle de la mère et de la femme, celui de l’icône et de la sainte et celui, enfin, de la louve où elle n’est que ravissement et soumission aux désirs de Solh-loup. L’un des messages essentiel du surréalisme, qui accorde une place primordiale à l’expérience amoureuse, est certainement la passion qui dit, indépendamment de la quête de tout nu350désir sexuel, l’amour fou : « André Breton entendait justifier et préconiser le "comportement lyrique". Lui-même et tous ses amis poètes en ont fourni des exemples multiples en célébrant la femme et, à travers elle, l’amour qui permet "l’accomplissement du miracle". » Toute la poésie d’Eluard « exalte l’être unique, dans un lyrisme qui engage le cosmos tout entier ». Ainsi la quête de l’amour, pour les surréalistes, va progressivement se confondre avec la recherche de l’unité, le paroxysme de la passion qui fait que l’amour revêt sa dimension extrême, celle du mythe de l’androgyne qui dit non seulement l’avènement du couple mais aussi et surtout l’union extrême et parfaite à travers l’interpénétration de l’homme et de la femme qui se retrouvent, comme à l’origine, réunis dans un même corps et dans une même âme.

L'écriture dibienne au fur et mesure de son avancée se dépouille des artifices de la doxa et s'épurant entame sa quête de ce rêve orphéen : une écriture sans littérature (littérature lue dans son sens de présence, de patrimoine social). Une écriture en quête d'absolu, d'absence. Ainsi va apparaître progressivement dans le texte dibien la quête du sens. La lecture va donc devenir errance à travers un itinéraire labyrinthique où temps et espace se trouvant confondus vont créer une rupture chronotopique rendant la langue autarcique. Les dimensions vont puiser dans l'espace onirique pour créer un fantastique, un lendemain apocalypse, une dimension de YOUM EL KIAMA, espace de seule vérité donc de seule réalité ?

SSSSSSSSSSSSS

Féminité.

Femme à la chevelure des arbres qui dansent
Aux nuées rieuses serpentées d'éclairs de feuilles
Aux ceps de vignes bordeaux, grenat qui bordent les lignes

Longitudinales et parallèles aux boissons vin de vie
Femme maturée en tonneaux de ronces sauvagines
Femme aux seins nus en grappes de raisins juteux et sucrés
débordante de fièvres désirées sur la terre verte
Aux lèvres d’orages bienfaiteurs aux terres arides
Femme à la langue papillon et coquelicot
À la langue de pourpre sur les paupières des étoiles
À la langue d’ombres qui plongent dans la nuit d’ivresses
Femme aux plis adoucis de circonvolutions de lumières
Aux voltiges de volutes d’étincelles, cils aux rives des bougies
Femme aux tempes d'ardoise accueillant le nid des cigognes
Et l’enfance de buée aux toitures de l’énigme ultime
Femme aux rives incontournables des eaux fécondent
métamorphosée en champagne pétillant
Femme à la silhouette du ciel des signifiances
Femme aux courbes du hasard des souffles du coeur
Aux cordes que l’on tend dans le noir obscur et profond
Femme aux mains ouvertes où la douceur devient espérance
De tous le rêves qui s’étanchent de la magie des gestes
où l’on ne sait plus si l’on caresse une autre terre
tant le sommeil s’accroît d’extensibles univers
Et trouble le silence qui vendange l’oubli exilé
Femme aux jupes d’avenirs creusées aux jardins des désirs
Aux branches des leurres remplis d’évidences
Femme de sable où l’empreinte du désespoir s’efface
de chaque vague et de chaque soupir d’écume blanche
Femme d’initiales où l’origine se recréé aux pieds de l’aurore
Femme où la mer s’agrandit du ciel où peut-être l’inverse
Femme où l’horizon se confond au zénith des bateaux à voiles

Qui ont rendez-vous avec l’infini qui ne refuse pas l’immensité
des brumes alanguies où souffrent le sel mélangé à l’air
Femme aux mystères évanescents qui sculptent l’humide senti
Femme aux peaux marines des sirènes qui accompagnent
en les devançant les embarcations des hommes perdus dans l’océan
telles des dauphines ambrées d’instincts séculaires sachant la route

Mieux qu’une boussole dont l’aimant s’attise aux confins des terres inconnues

Femme au ventre de suture où la fissure est ouverte aussi pour la vie
Ventre de résonances, de vibrations, d’ondes, de grondements

Où viennent se griffer les satyres, les rumeurs et les critiques
Femme oiseau sachant jouer des vents et planer comme l’aigle
chassant les corbeaux vils et tenanciers des méandres
où se perdent les cœurs défaits
Femme nacelle dirigeables sans être dirigées volent et s’envolent
Aux hanches du monde inassouvis, aux fesses des printemps
Au sexe des saisons, aux sexes de groseilles

Malaxées d’amour devenus confiture d’attente

Sur les étagères des pourparlers pour essuyer les yeux pleins de larmes
lorsque la buée des vitres se fait trop lourde aux miroirs des âmes
Femme d’amour aux tourbes légères que les hommes

Viennent picorer comme les graines d'air de terre et de feu.

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Commentaires
P
"il cracha quelques pépins d'eristal"
S
Enfin la femme sur un pied d'estale ça me colle des complexes
B
Le genre humain est ce qu’il est. Et Nous, tel que nous nous imaginons.
S
Sûrement pour toutes ces raisons que j'aime la femme avec modération, les hommes sont fous!! RIre...
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