ALLEZ BOUGE TOI !
Allez, bouge-toi ! Facile à dire quand d’un coup d’un seul la seule chose que l’on soit capable de faire c’est de rester planté là, recroquevillé tel le bébé dans le ventre de sa mère !
L’autre est là qui s’étonne, se rebelle et quelques fois…vocifère !
Tout mouvement est devenu insurmontable, voire inenvisageable, la peur de tout s’installe et donne des sueurs froides. « Mais allez quoi, un peu d’énergie, réagis !
Il y a tant de choses à faire», le monde est entrain de s’écrouler en soi et cet autre, toujours qui s’agite et pointe un doigt vengeur d’accusations.
Ah ! les fameuses accusations qui semblent tellement justifiées, tellement justifiables. Les petites phrases assassines qui accentuent le désordre intérieur. Personne ne comprend rien à rien, on est seul, tout seul avec soi, incompris. Il est là pourtant ce poids énorme qui oppresse la poitrine rendant chaque bouffée d’air de plus en plus difficile à inhaler. Angoisse, le mot terrible, inexplicable et tellement connu ! La douleur physique est bien réelle, sorte de malaise pernicieux qui brouille tout, a-t-on envie de vomir ? De s’évanouir ? De se sauver ?
Comme si prendre ses jambes à son coup pourrait faire sortir la bête immonde ! Mais qu’est-ce qu’il y a, enfin ? Pourquoi cette soudaine envie de mourir, là tout de suite sur place ? Retourner à rien pour ne plus ressentir « ça » qui bloque, qui prostre, qui empêche. Le plus terrible c’est la culpabilité, parce qu’on n’a plus envie d’emmener les enfants à l’école, plus envie de faire à manger, plus envie de se laver , plus envie de payer les factures, de se promener, de faire l’amour, de travailler. Il est parti où le désir ?
Peut-être que pour le savoir il suffirait tout simplement de prendre soin de soi, de se poser cinq minutes. Il suffirait que l’autre, témoin privilégié de notre vie, ne soit plus dans le jugement de valeur qui protège bien sottement. Il suffirait qu’il n’ait plus peur, cet autre, de son impuissance, de son étonnement. Il suffirait qu’il accompagne, qu’il soit là tout simplement, qu’il suscite gentiment. Que l’on soit jeune, dans la fleur de l’âge ou plus âgé, ce n’est pas que l’on ne veut pas (en tout cas consciemment), c’est que l’on ne peut pas. On souffre et cette souffrance s’appelle quelque fois dépression…