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LA COLLINE AUX CIGALES
27 mars 2008

0207 -

Peinture_20Sophie_20BRY_9521

Fendre la vie, couper l’air que tu respires. Rétif comme toujours, il faut venir te chercher, t’adoucir et t’empaler au vent. Toujours te surprendre, ne pas laisser le temps au temps de s’arrimer aux voiles obscurs de tes pièges à rétention.

Je t’avoue mon audace à ficeler l’ombre qui aboie à tes jours pour échapper à la nuit fine qui s’immisce à tes interstices.

Mais tu es capricieux, et tu rognes, tu râles et tu tapes des pieds comme l’enfant que tu sais retrouver pour la circonstance.

Les clapotis sous la lune ne remplacent pas le bruit des sources aux fontaines de tes racines.

Apatride, néanmoins, tu conjure ton sort, du moins le crois-tu, en foulant le terreau qui ta vue naître. Mais c’est à tire d’ailes que le ciel de tes espérances tombe sur la tête de tes énigmes, et de tes allégories. Trop enflé de tes consonances cartésiennes, tu t’irrites à l’impitoyable inconnu des voyelles rieuses qui se moquent de toi ne reconnaissant que les « S » de tes pluriels.

A ne pas te supporter t’aurais mérite à t’inventer, mais la tache t’est ingrate autant que tu ne te connais point dans tes compositions solitaires.

L’amour ce solfège haut de gamme serait ta clémence si…si tu voulais bien t’y recueillir.

De composition esseulé, il ouvre aux notes partagées dont il te sera sans aucun doute nécessaire de composer, de recomposer sans cesse et de renouveler dans la permanence les échos suintant (se défaire de l’Epithémia à Platon)il te faudra t’allier à l’animalité du senti pour essayer d’entendre et d’en extraire à nouveau le rugissement enfoui du profond.

A chaque période de vie, on l’a vu, quelque chose nous quitte, se détache, s’en va et nous désempare. Nous restons malgré nous attachés à l’idée du rendez-vous que nous n’aurons jamais. Celui de l’oubli et de l’inapparent.Peinture_20Sophie_20BRY_l_9553

Ce qui t’est utile, je te l’ai dit, oublie-le et tout ce qui est inutile forge-le. Tu n’auras en tout et pour tout qu’un début de fuite.

Il te faut trouver, plus loin encore que l’enfance sans doute, cette pierre sombre et poreuse où naquit l’improbable comme seule résidence à nos asiles de mer creuse.

De l’autre à soi ou de soi à l’autre un revers qui parait l’endroit et où sans bouée l’on se noie. Mais où nager s’apprend.

Il est dés jours où l’affinité au monde découpe l’horizon et où l’espace s’agrandit.
Dans l’attente d’un autre temps, l’errance devient une musique. Et le buvard à mélodies s’épuise à absorber l’inabordable du son. Peut-être pour éviter que la déshérence soit seulement une perdition et que la musique puisse encore nous déloger de ces cavernes tortueuses où l’on se réfugie pour fuir la face du monde, de notre monde. Du contradictoire, de l’antagonique.

L’attente est une suspension de l’oubli, une parenthèse avaleuse de coquilles blanchies de rédemptions sectatrices, castratrices.

D’une lune en faire son quart, sans doute. Mais de sa lune ne laisser que le fil de lumière suspendu, comme une ficelle à laquelle peut s’accrocher notre entendement au plus beau des rochers.
Il y a dans ce fragile constat de la truculence de la lumière, une merveilleuse liquéfaction qui te laisse charmé et qui te désempare tout autant. Et du constat Socratique, où s’ébroue la connaissance par l’expérience, ne plus savoir (ou pouvoir) retenir une compréhension que la raison saurait très probablement juguler pour la remplir de référence intellectuelle et de pensées, laisse à cette ouverture que prononce le lâcher prise une véritable expression de vie (peut être la plus divine).

« L’homme est infiniment grand par rapport à l’infiniment petit et infiniment petit par rapport à l’infiniment grand ; ce qui le réduit à zéro. » (1)

L’écart entre l’illusoire et le réel n’est jamais aussi infime que lorsqu’on aguerrit son vrai à la nécessité de son ardeur.

Peinture_20Sophie_20BRY_l_9554Dans la mesure de l’idée, tu te configures au contenu, à l’énoncé, oubliant l’immortalité qui la transporte. Et c’est sans mesure que tu appliques une règle qui t’est étrangère, et tu sacrifies ainsi tes élans à une ampleur morte et mortifère. Il t’est si commode d’argumenter l’idée fausse tant elle te ressemble, que tu n’as pas le cœur à l’énucléer pour te dispenser de ce qui n’est pas toi. Et tu t’extasie d’un salutaire que tu penses inoffensif alors qu’il est ta ciguë.

Comment alors sous-tendre à ta rénovation ? Si le monde du dehors a tant d’influence, que peut ton dedans, si ce n’est de fatalement intégrer, digérer, asticoter ce démeublement intérieur.

Retournes donc à ton effacement, soustraits-toi à ton indétermination et résignes-toi à tes inobjectifs comme l’on se désigne du choix de ce à quoi on ne prétend plus.

Attaché à la souveraineté des tes valeurs autant qu’à tes pupilles, tu t’exhibes à qui veut le voir de tes prérogatives dont tu estimes être le bienfaiteur. Tu n’en es que le pitre et le dandin qui danse une pantomime des simulacres.

Fendre la vie, couper l’air que tu respires. Déchirer, casser, percer, rompre ton existence. A moins de cela, tes impossibles auront raisons de toi. Et tu ne conserveras que le goût amer de tes fruits sans forets. Outrepasse. Transgresse ces acousmates, ces acrimonies dont les assertions ne sont que d’eidétiques rumeurs aux mensonges des autres à la face de ton unicité.

Ronges les pensées qui ne sont pas tiennes, troues-les. Ne retiens pas tes dents à lacérer, à abuser l’étoffe, à déchiqueter les chairs. Consignes-toi au perpétuel répétitif de l’impermanent. Et passes ton chemin.

(1) Vladimir JANKELEVITCH

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