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LA COLLINE AUX CIGALES
27 février 2008

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Comment se souvenir du meilleur en oubliant tout ce qui nous a déchu ? Comment se tendre haut et fier avec tant de poids rester à l’intérieur ?

Pas besoin de grimace, inutile de feindre. Suffit de regarder dedans, les chiffons qui traînent, les étagères toutes cassées, la table sans pied assise sur le sofa. Comment se souvenir du meilleur, sans en même temps, se rappeler des heures sombres dans lesquelles tout ne semblait plus exister ? Comment prétendre marcher la tête haute et l’esprit léger ? Pas besoin d’ironies et de mots compatissants, inutile les prières qui n’en disent pas plus. Tout est en bataille, une terre de combat où gisent encore les os et le sang des meurtrières campagnes, à vouloir réconcilier à vouloir se réconcilier, tout est en charpie, les herbes couchées, les cavaliers sans montures. Comment se souvenir d’une nuit d’argile où les doigts crissaient le tendre et où les peaux chantaient un avé maria du partage sans se rappeler aussi les colères violettes et les méchantes orties qui piquaient les yeux qui piquaient les mots et détruisaient la ouate. Un ouate à canon qui déchire plus que les cœurs et pénètre au-delà des chairs moites de leur combat. Comment se souvenir du beau sans se souvenir du bruit terrible du trépas de ce qu’on aime ? Comment être sourd à ce tintamarre qui abruti les songes et que personne d’autre n’entend ? Laissez donc moi seul, que j’expie vos témoignages de sympathie, que je crache ma fureur, mon abandon, ma défaillance. Laissez-moi seul avec mes rides, mon ventre flétri et mes délires aux mains fragiles, incapables de retenir, pas même une photo. Je ne veux comprendre, je ne veux savoir, je ne veux plus rien, laissez-moi seul, que je boive à perdre vos raisons, que je me noie tout seul au fond de mes eaux brûlantes, que je m’engloutisse de mon propre fardeau, trop lourd, trop immense pour qu’on ne puisse le pourfendre. Et hurler, hurler à s’écorcher la hampe, à se déchirer la gorge. Laissez-moi avec mes pleurs et mes marteaux à frapper les tambours de cette terre défrichée devenue impropre à tous labours, à toutes cultures et à toutes semences. Laissez-moi tout seul vibrer de cette douleur paralysante et empoisonnée, pour que j’aille m’étendre à ses cotés.

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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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