122 -

Je suis un guerrier, combattant de mon quotidien…

Que je lustre et que je poli avec l’énergie ardente

D’accomplir mon devoir et d’assouplir ma vie.

Je lave et frictionne avec la constance des étoiles…

Je suspends et j’égoutte les traces viles d’un passé incertain.

J’écume au chinois la lie crasseuse de toutes empreintes.

Ces vieux oripeaux qui ont su ternir tous mes élans

L’enthousiasme de mon cœur et de ma nature.

Je suis un guerrier, un combattant de l’illusion…

Qui s’accommode trop volontiers à toutes les sauces.

Pour perdurer dans la constance, je ligote les peurs

Sournoises inconscientes qui rivent les pulsions

Et étouffent dans l’œuf toute satisfaction naissante.

Je grime le désarroi en masque d’Arlequin

Et compose avec le blanc une lumière qui éclabousse

Pour penser la vie comme une étincelle jaillissante

Je suis un guerrier, un combattant de l’absurde…

Qui donne des coups dans l’eau pour apaiser le désir.

Celui d’être comme celui d’exister et de partager.

Mon cœur cet étourneau fidèle, trésaille de mes dérisions.

Je suis cet oiseau qui accompagne plus qu’il ne s’éternise

Je suis la virgule dans une phrase trop courte…

Et aimer et le seul verbe dont je décline la conjugaison

Sans ambition autre que de me délivrer dans le sourire

Je suis un guerrier, un combattant du ridicule…

C’est sans fard et sans armure que j’exerce mes talents.

Comédiens de la réalité, fuyez vous terrer dans vos lubies

Vos sarcasmes et vos pitreries pudibondes.

En chassant le trouble c’est le juste qui s’impose

Et ouvre la parole appropriée des âmes vivantes

Qui crécelles sous les charpentes fallacieuses

Des idées bien conçues et très règlementées

Je suis un guerrier, un combattant de la vie…

J’irradie les dogmes qui épuisent les esprits.

Je limoges les trop pleins qui font de la rétention

Et inondent l’instant qui pourrait greffer la lune au soleil.

A force d’amour, je puise aux sources pour éventrer

Les terres arides et insondables, souillées d’immondices

Dont les traces qui ne trouvent résilience

En irriguant la vie dans son plus de possible