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Ne cherche pas petit frère
La vie elle-même n’est qu’une émotion
Abandonnes toi à l’abandon
Derrière, il y a tout…
Pleure, cri, bats toi, débats toi
Seule la joie outre passe…
Se défaire de soi n’est pas un absolu
D’autant qu’on ne défait rien
On intègre seulement
L’éléphant est sur la terre
L’oiseau dans le ciel,
Le poisson dans l’eau
Le soleil dans les cieux
Serait ce le papillon ce lien indicible ?
Si « Je » compte pour du beurre
Faut au moins tartiner ce dernier
Pour que la tartine puisse être offerte
La parenthèse est une bulle
Si toi tu la vois et en connais ces contours
Les autres n’y voit qu’une bulle de savon
Qu’il suffit de crever pour qu’elle s’évanouisse
Il n’existe pas d’autrement que dans l’ailleurs
Il n’y a pas d’ailleurs que dans soi même
Inutile de courir les chemins de raison
Autrement, c’est dans la multitude de ton dedans
Oublis, lâche les turpitudes moqueuses
Trouve ton puits
Et tu n’auras plus soif
Libère tes maux enfouis
Et tes mots s’éclairent
Si tu veux la lumière, ne reste pas accroupi dans l’ombre
Ouvres tes volets
C’est dehors où tout commence, si t’es à l’intérieur
C’est dans toi que tout s’épanouis, si t’es à l’extérieur
As-tu senti la caresse de la vie déposée sur ton âme
Lorsque tu as souri en te considérant comme un âne
Le centre de ton pays n’est plus ton nombril depuis longtemps
Si tu veux être dans l’eau accepte les vagues
Si tu refuses de nager : coule, flotte, dérive
Le courant t’emportera néanmoins, là où tu dois aller
Pardonnes toi, toi qui a offensé…
En offrant les fruits de ta récolte
Les graines de ta révolte
A la vie, à l’âme en paix
« Nathanaël, je t’apprendrais la ferveur »
La ferveur qui est en toute chose, en tout instant
Pourvu que le regard s’y pose
Dans la bassine de ton dedans :
Des ronds dans l’eau
Mais aussi,
Des bouts de bois qui jouent aux bateaux
L’ivresse réside dans la flamme
Plus que dans la lumière
L’abnégation est le vide de soi
L’apnée du cocon qui file la soie
La souffrance du vent pli le roseau
Mais ne le casse pas
Dans tout ce qui semble vain
(Et vingt, ce n’est pas assez, il faudrait mille…)
Se terre le cri d’une douleur mal répandue
Mal exprimée mais tant si violente
Que seule la lassitude arrive à contenir
Ne pas laisser s’endormir l’enfant qui est en nous
Au tout profond
Pour que ses pleurs nous émeuvent
Ses rires nous forcent nous même
Je ne t’écris pas, je te chante
Entends cette mélodie triste qui éclate de rire
Ecoute ce petit bruit doux, comme un tic tac
Qui berce l’usure de nous même au-delà de nous même
S’il frappe à ta porte : ne lui ouvre pas !
Il vaut mieux quelquefois répondre « abonné absent »
Par contre
Si d’aventure un lutin bleu aux yeux verts
Cogne sur ta porte rose de l’émotion qui remplit
Ouvre vite, c’est qui est l’heure
De te défaire pour renaître d’amour
Au petit creux du jour naissant