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LA COLLINE AUX CIGALES
20 février 2014

Le bruit éternel du fer.

reflet1

La mémoire est une varice rugueuse gonflée par les torrents tumultueux du sang qui a glissé hors de nos veines. Derrière les remparts du temps, il faudrait pouvoir recomposer les flots de l’air qui transperce le tissu des cœurs. Puis tout oublier, se défaire, se désapproprier, prendre du recul, avoir de la distance, aller au fond de soi pour retrouver le paradis perdu. Ainsi, nous pourrions peut-être renouer avec le processus premier de libération, d'émancipation et d'affranchissement.

Mais, on ne se libère pas aisément du chagrin des fleurs qui ont connu l’été. On termine le voyage dans la transparence de l’éternité avec de l’eau mélangée à la sauge, avec entre les dents un sésame dévêtu. Et l’on finit par parler tout seul aux voliges du toit que l’on voudrait trouer pour voir le ciel.  

La mort guérit-elle de la douleur ? Même pas sûr. Par acquit de conscience, je voudrais partir heureux. Je voudrais signer un pacte avec mon être : un contrat de fidélité « All inclusive » comme l’on dit aujourd’hui. Je voudrais mourir pour de bonnes raisons puis quitter la vie sans réfuter l’alliance quasi sénile avec ma solitude et l’effroi du monde.

Je voudrais m’élever d’une voix nue, humaine et souveraine. Je voudrais porter mon collier de blessures comme un trophée, comme une richesse obtenue par delà la souffrance et la peine. Mais la mémoire aqueuse est une veine gorgée d’histoires sanguinolentes où rien ne se dénoue. L’innocence des mots soulève pourtant les pieds de la tempête avec délicatesse. La frêle pudeur des ressentis déguise l’instant en une peine singulière. La mienne déchire le monde consensuel et me déroute obstinément d’une trajectoire figée. Les âmes aux coudes dépliés sont bilingues : elles parlent le langage de la conscience et celui du désir inassouvi. 

Le bruit éternel du fer et des plaintes jacasse comme une pie qui a faim. J’ai fui dans la solitude mais tes yeux demeurent deux orbites de feu qui brûlent mon regard.

Il n’y a pas de hasard. Ce qui s’effrite est rongé. Ma vie est un parking où sont garés les souvenirs qui alourdissent l’asphalte. C’est pour cela que j’écris. On finit toujours par écrire lorsque la douleur enfume l’esprit de ses éclats de verre. Les mots possèdent le pouvoir de nous emporter. Ils nous limitent à la superficie de notre prospection. Des lignes condamnées au silence, j’entends néanmoins le murmure de tes ombres chaloupées.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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Commentaires
S
Euh attends un peu..avant de partir vers cet ailleurs qui est souvent le fil conducteur de tes textes. . Tu manquerais à l'écriture et à mes yeux..
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