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LA COLLINE AUX CIGALES
28 janvier 2014

L’improvisation nous accable.

couple3Ta voix m’a laissé une musique qui guérit les ombres. Une partition authentique qui s’oppose au bruit et à la cohue agressive des troubles humains. Une foule de notes plus ou moins graves n’est que la transmission en chaîne de la souffrance. Le concert des hirondelles n’est pas suffisant pour altérer la douleur conquise à la perte d’un être cher. J’ai ouvert tes poumons comme l’on déballe une scène d’opéra, un auditorium. Même lorsque le rideau est fermé, j’entends le chant mélodieux et rassurant de ton cœur. 

Je t’ai reconnue dans la halle des fleurs aux courtes tiges, tu avais un nénuphar sur ton épaule. Je ne sais plus qui des fleurs ou de toi m’a révélé les parfums de l’illusion où décante la réalité fragile des sens. Ton départ a bousculé les connaissances acquises. Dans le ciel, de grands fleuves immaculés s’ébrouent aux rayons du soleil. Je t’y ai retrouvée liquide comme un soleil sur une mare de givre. 

L’amour ajoute à la nature, c’est un battement de joie inaboutie, une alarme sans voie dont l’écho reverdit les montagnes. Des couleurs nouvelles reflètent l’inatteignable. Le cœur dans nos mains nous échangeons la beauté irréfléchie de l’attachement fidèle. Nos corps barbouillent l’air du vocabulaire de nos ressentis. Nous sommes les artisans méticuleux du hors champ sensuel où se fabriquent les miracles du monde.

Pour nous, rien n’est jamais prédéfini. Tu t’avances vers la fenêtre et la joie suscite l’explosion du vertige. Je creuse dans la confusion et je cherche dans la doublure de la respiration le courage incontestable où s’appuie la connivence du théâtre de nos ombres.

C’est une disposition acquise, finalisée, où le jour s'avancera. L’effort abouti de la pendule sonne une vague déferlante. Le temps est devenu réflexe. Les détails s’y engloutissent.

L’espacement tire le trait immobile et aligne le cœur. Ta voix résonne et appréhende la forme mouvante à contre-jour. Des pointillés mal agencés grouillent à l’intérieur d’une bassine de clous sans tête. C’est un labyrinthe calqué sur l’exercice de la perte ; rien ne s’y accroche. Nous buvons à l’inertie qui persévère sans but. Notre communion résulte de nos cœurs fendus comme des fruits mûrs. L’air se plie plus aisément après l’avoir déjà été. Ta peau cachée sous la treille des heures perdues n’habille plus personne. Nos chairs imprécises longent le désir acculé à son propre pouvoir. Nous avons l’habitude de ne pas renoncer à nos exigences tendres. Cependant l’improvisation nous accable. Le présent fait corps avec l’initiative inconsciente. Notre révolte discrète est solidaire.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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